Page 14 - Hermone Notice historique3_1989
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LA VISITATION DE NOTRE-DAME
Marie se dépêcha de mettre en ordre ses affaires et partit aussitôt pour
rendre visite à sa cousine Elisabeth. Elle venait d'apprendre que celle-ci était
enceinte. Or, Elisabeth avait dépassé l'âge où une femme se trouve apte à
procréer ; elle devait donc avoir cinquante ans, ou même un peu plus. Chose
étonnante, d'autant qu'elle n'avait jamais pu avoir d'enfant de Zacharie,
son mari. A cette nouvelle, Marie, pleine de joie, voulut féliciter sa cousine
de ce que le Seigneur avait eu pitié d'elle et qu'il l'avait guérie de sa stérilité.
Pleine de joie, Marie l'était vraiment, toute transformée par la grâce du
Tout-Puissant : l'ange Gabriel venait de lui annoncer, de la part de Dieu,
qu'elle serait fécondée de façon virginale par la puissance de !'Esprit Saint et
qu'elle enfanterait le Messie promis à Israël. Devant son étonnement, il lui
était donné un signe : Elisabeth, sa cousine, est enceinte elle aussi, et elle en
est à son sixième mois !
Luc raconte tout cela dans son évangile au chapitre I (versets 26 à 28 et
39 à 56). Il nous dépeint la rencontre des deux femmes, d'âge dissemblable
et gratifiées toutes deux d'une grossesse étonnante. La merveille de Dieu
éclate à leur endroit. « Tu es la plus bénie de toutes les femmes, dit Elisa-
beth, et l'enfant que tu portes dans ton sein est béni lui aussi. » Marie dit
alors son Magnificat : « Le Seigneur a fait pour moi des merveilles. Saint est
son nom ! ».
La fête de la Visitation était en honneur dans l'Eglise grecque d'Orient
depuis une date très ancienne. Le culte en fut importé en Occident par les
disciples de saint François d'Assise, les Franciscains ou Frères mineurs, dans
la première moitié du 13e siècle. Ces religieux trouvaient, dans les paroles du
« Magnificat », un écho à leur idéal de pauvreté et de sainteté face aux puis-
sants du jour : « Il renverse les puissants de leur trône et Il élève les hum-
bles ». Saint Bonaventure, franciscain et théologien, devenu Ministre général
des Frères mineurs, établit cette fête dans les couvents de l'Ordre en 1263.
Il faudra encore du temps pour qu'elle se généralise dans l'Eglise
d'Occident, mais la faveur que rencontrèrent les Franciscains auprès du peu-
ple chrétien dans les villes du Moyen Age contribua à son rayonnement.
De 1378 à 1449, la chrétienté, tiraillée entre plusieurs papes rivaux,
vécut ce qu'on appelle « le grand schisme d'Occident ». Au début de l'année
1389, le pape de Rome Urbain VI voulut instituer dans l'Eglise le culte du
mystère de la Visitation pour demander à la Mère de Dieu la fin du schisme.
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