Page 18 - Hermone Notice historique3_1989
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1536
Les Bernois, alliés aux Genevois dans leur lutte contre le duc de Savoie,
occupent le Chablais. Convertis aux idées de la Réforme protestante, ils
imposent celle-ci au cours de l'année 1537 : départ des prêtres catholiques,
confiscation des terres ecclésiastiques au profit de l'Etat de Berne, abandon
des sanctuaires. A Hermone, la statue fut sauvée de la destruction : elle
trouva un abri chez des particuliers. Toute procession étant interdite, ainsi
que la dévotion à Marie et aux saints, la chapelle est abandonnée.
Les traités de Lausanne (1564) et de Nyon (1589) rendirent le Chablais
au duc de Savoie et à la religion catholique. La mission de François de Sales
s'y déroula de 1594 à 1598, pour s'achever par les cérémonies des Quarante-
Heures à Thonon, où toutes les paroisses du Chablais vinrent en procession
abjurer la foi protestante entre les mains de l'évêque, Mgr Claude de Gra-
nier. Ce dernier exprima le souhait de voir relever les murs de la chapelle
d'Hermone. En quelques années, et malgré le temps de l'occupation ber-
noise, le sanctuaire de la Mère de Dieu avait acquis une certaine notoriété
dans tout le pays. Pourtant, la ruine était complète.
Au moment d'en entreprendre la reconstruction, une partie des habi-
tants de Vailly étaient d'accord pour l'implanter sur le mont Cornillon, à
quelques pas plus au sud. On ne sait pourquoi ils avaient fait ce choix !
Tandis que les autres voulaient la garder au même endroit qu'avaient choisi
leurs pères, sur le mont Miribel. Des affrontements durent avoir lieu entre
les parties opposées. Finalement, les derniers l'emportèrent et la reconstruc-
tion put commencer.
Comme souvent en ces cas-là, le merveilleux transfigure le geste des
habitants et donne naissance à « une geste miraculeuse », tradition que M.
Gonthier rapporte en ces termes : « le soir, les fondations se comblèrent et
la statue se déplaça d'elle-même pour aller s'établir dans un coudrier du
mont Armone : autant de fois on l'enleva, autant de fois elle revint dans le
coudrier, et c'est là qu'elle fut laissée ». (p. 15)
1602
Pour fêter l'entier retour du Chablais à la foi catholique, Mgr de Gra-
nier avait décrété un Jubilé d'action de grâce à Thonon. Les solennités débu-
tèrent le 25 mai 1602 et durèrent deux mois. L'évêque s'était entouré de
nombreux prédicateurs et confesseurs : jésuites, capucins, prêtres séculiers.
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L'intérieur de la chapelle d'Hermone.