Page 9 - Decrets mars
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n'autoriseraient pas ces mesures violentes et arbitraires, il
s'est mis en lieu et place de la justice du pays !
En méprisant ainsi le principe de la séparation des pouvoirs,
en escamotant la juridictwn des Tribuuanx ordinaires, le gou-
vernement s'est mis lui-même hors la loi, il l'a violée et foulée
aux pieds par une usurpation sans précédente et la plus
inqualifiable des tyrannies.
Et voilà pourquoi, des serruriers aux préfets, les Tribunaux
français ont cité à leur barre tous les exécuteurs des v10lences
et des crochetages opérés contre les religieux. Voilà pourquoi
plus de 400 magistrats out jeté leur démission à la face du
ministère comme un sonlllet de la Justice qui retentira dans
l'histoire.
Il y a du reste, en France, deux autres lois qui furent toujours
en vigueur, toujours revendiquées et dont la sanction n'a
jamais fait défaut jusqu'ici; la première garantit à tout citoyen
l'inviolabilité de son domicile, la seconde sa liberté individuelle.
Les décrets les ont violées, ces deux lois, dans toute l'étendue
de la République sur uue foule de citoyens laïques et Congré-
ganistes violemment expulsé~ da leurs propriétés et chassés
comme des malfaiteurs dans leurs propres personnes ou celles
de leurs amis.
Ou a dit qu'en exigeant des Congrégations qu'elles se fissent
autoriser le gouvernement ne leur avait rien demandé qui ne
rentr;H dans son droit et qui fût contraire à l'indépendance et
à la dignité des Ordres religieux. C'est là une parfaite contre-
vérité que l'on a mise en circulation dans l'espérance d'atté-
nuer l'injustice des mesmes projetées et des violences commi-
ses. Tout dans cette exigence du gouvernement était, au
contraire, péril, piége et vexation hypocrite.
C'était nn péril, et un grand péril, car une fois les Congré-
gations reconnues, tous leurs biens pouvaient, d'un moment à
l'autre, par un arrêté de séquestre, passer entre les mains de
ceux qui nous gouvernent. L'amendement que M. Brisson vient
de présenter à la Chambre ne laisse plus de doute sur la
réalisation prochaine de cette confiscation.