Page 196 - Album_des_jeunes_1960

NEUF FRANÇAIS A L’ASSAUT

par James Ramsey Ullman
le célèbre alpiniste.

eux hommes presque à bout de forces gra­ royaume à la frontière nord des Indes, annonça
D par les vents, et se hissent enfin sur une étroite qu’il ferait bon accueil à une expédition française.
vissent un champ de neige abrupt, balayé
Aussitôt, en France, on se mit à préparer avec
plate-forme. Au-dessus d’eux, plus rien... Ils ont fièvre cette grande aventure. Le gouvernement
atteint le sommet de l’une des plus hautes mon­ français fournit le tiers des sommes nécessaires ;
tagnes du monde. l’armée apporta sa contribution sous forme de
Cette montagne est l’Annapurna : 8 078 mètres ravitaillement et d’équipements ; de nombreux
d’altitude. Ces alpinistes, Maurice Herzog et Louis industriels, commerçants et spécialistes accor­
Lachenal, sont deux des membres de l’Expédition dèrent également leur soutien à l’expédition, dans
française de 1950 dans l’Himalaya. Leur remar­ les domaines les plus divers.
quable exploit leur vaudra la Légion d’honneur. Sur plusieurs centaines de candidats, on sélec­
Mais de combien de souffrances l’ont-ils payée ! tionna une équipe de neuf ascensionnistes. Le
Le Toit du Monde — c’est ainsi que l’on chef en fut Maurice Herzog, trente et un ans,
nomme la chaîne de l’Himalaya, avec ses 14 som­ ingénieur et alpiniste éprouvé. Cinq des autres
mets connus dont certains dépassent 8 000 n’avaient pas encore atteint la trentaine. C’était
mètres. Pendant bien longtemps cette région a Louis Lachenal, Lionel Terray, Gaston Rébuffat,
résisté à tous les assauts de l’homme. Jean Couzy et Marcel Schatz, tous excellents mon­
C’est qu’il était en effet presque aussi difficile tagnards. Le Dr Jacques Oudot était le médecin
d’accéder au pied de ces montagnes que d’en de l’expédition, qui comprenait encore le photo­
faire l’ascension. Le Tibet avait toujours refusé graphe Marcel Ichac et Francis de Novelle,
de laisser passer des étrangers sur son territoire ; chargé de l’organisation des transports. C’était
l’Inde, le Pakistan et le Cachemire étaient agités une équipe solide et bien équilibrée. S’il n’en
par des troubles. Et voilà que, au courant de avait pas été ainsi, ces neuf hommes ne seraient
l’automne 1949, le maharadjah du Népal, petit pas tous revenus vivants.