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                    Impossible, et pourtant...                  l’exposition, Eiffel proposa de construire une tour
                                                                 métallique de 300 mètres de haut. Le comité
    j        Le pont Maria-Pia devait fournir à Eiffel l’occa­   directeur poussa les hauts cris devant l’énormité
             sion d’amorcer une autre révolution dans la        de ce projet. Nullement ébranlé, Eiffel insista et
             technique des ponts. Le gouvernement portugais     finit par obtenir l’accord de l’Administration. Mais
    /        avait décidé d’en construire un sur le Douro,      le gouvernement français n’accepta de subven­
             fleuve impétueux au lit encaissé. Surplombant      tionner que le cinquième du coût de la construc­
             l’eau de 60 mètres, le pont devait comporter un    tion, estimé à 8 millions de francs de l’époque.
             arc unique de 160 mètres de long. Eiffel vint exa­  Eiffel dut hypothéquer une partie des biens de sa
             miner sur place les conditions de la construction.  société pour se procurer le reste de l’argent néces­
                — Impossible, lui dit un de ses collaborateurs.  saire.
                — Peut-être, répliqua Eiffel avec un éclair de     En janvier 1887, la construction commença.
             malice, mais ce sera amusant d’essayer.             En un an, 250 ouvriers dressèrent les quatre
                De retour à Paris, Eiffel se remit à sa table à   arches monumentales dont les pieds délimitaient
             dessin. Une semaine plus tard, il annonçait :       un carré d’un hectare, et y fixèrent la première
                — Voilà ! j’ai trouvé. Nous allons suspendre     plate-forme.
             ce pont.                                              Paris était bouche bée. Les dimensions de la
                Au lieu des classiques cintres en bois, lourds et   tour dépassaient tout ce qu’on avait pu imaginer.
             coûteux, Eiffel utilisa des câbles d’acier. Techni­  C’est alors que la tempête se déchaîna. Des cen­
             que courante aujourd’hui, l’idée fit sensation à    taines d’écrivains et d’artistes signèrent une
             l’époque. Avec son arc immense, mais d’une          pétition : « Cette monstruosité hideuse doit être
              merveilleuse légèreté, qui soutenait le tablier, le   démolie ! » Eiffel se bornait, quant à lui, à
              pont Maria-Pia donna une impulsion considé­        apparaître tous les jours au sommet des échafau­
              rable à l’emploi de l’acier dans la construction.  dages, l’air ravi.
                Sur le bureau d’Eiffel les plans se succédaient    En mars 1889, la tour était achevée. Pendant
              sans arrêt : ponts pour la Russie, l’Egypte, le    qu’on tirait une salve de 21 coups de canon,
              Pérou ; barrages, usines, gares... Dans toute      Eiffel hissa le drapeau tricolore sur la plus haute
              l’Europe, les ingénieurs copiaient Eiffel. Un de   construction que l’homme eût jamais réalisée.
              ses collaborateurs lui reprocha de divulguer trop    — Maintenant, dit-il, le drapeau français sera
              libéralement des renseignements qui auraient dû,   le seul à avoir une hampe de 300 mètres.
              d’après lui, rester le secret de la société.         Là tour fut ouverte au public en mai ; huit
                — Mais, répliqua Eiffel, si j’ai eu le plaisir   mois plus tard près de 2 millions de personnes
              d’inventer quelque chose, ce n’est pas pour empê­  l’avaient visitée. Le « monstre hideux » devint la
              cher les autres d’utiliser ma découverte. C’est un   fierté de Paris. Eiffel avait pu rembourser toutes
              honneur qu’ils me font. Et puis j’ai toujours la   ses dettes. Depuis, la Tour accueille en moyenne
              ressource d’inventer quelque chose de nouveau.     un million de visiteurs par an.
                La fortune et la gloire ne le changèrent pas.      Juste au-dessus de la plate-forme d’observation
              A l’âge de 80 ans il travaillait encore tous les jours   supérieure, Eiffel s’était fait installer un appar­
              de semaine jusqu’à 11 heures du soir, réfléchis­   tement. L’un de ses premiers visiteurs, Thomas
              sant, établissant des plans. Ses dimanches, il les   Edison, écrivit sur le Livre d’or : « A Monsieur
              consacrait à la famille. « Bon-papa », comme ses   Eiffel, l’audacieux ingénieur qui a réalisé cet
              enfants et petits-enfants l’appelaient affectueuse­  échantillon original et gigantesque de la construc­
              ment, était le héros de la maison. Il donnait à    tion moderne. »
              ses « petits » des leçons d’escrime et les emme­
              nait faire de grandes randonnées dans la cam­              Des ouvrages répandus
              pagne.
                                                                           dans le monde entier
                 La Tour, cette “ monstruosité ”                 En 1894, Eiffel se retira des affaires et fit du
                                                                 sommet de sa tour un laboratoire de physique. Il
              Vers 1885, quelques industriels français per­      y entreprit des expériences d’aérodynamique qui

              suadèrent le gouvernement d’organiser une Expo­    lui donnèrent l’idée de construire une soufflerie
              sition universelle à Paris. Comme symbole de       dans laquelle il pourrait disposer les maquettes
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