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               d’un fret d’une valeur totale d’environ cinquante   à bord d’un certain avion, s’était coincée dans la serrure.
               millions de livres sterling ; une grande partie de ce fret   L’avion se trouvait dans un aéroport du Moyen-Orient.
               est constituée par des diamants, des lingots d’or, des   Fish fit sortir le placard de l’avion et découvrit que la
               médicaments, des pièces mécaniques et des produits   serrure avait été percée de cinq perforations minuscules
               atomiques tels que les isotopes.                   qui permettaient de l’ouvrir à l’aide d’un simple canif.
                 La garde de ces marchandises représente un pro­  Sans perdre une minute, il ordonna le retour de tous
               blème épineux. Des coffres-forts ordinaires seraient trop   les avions du même modèle et constata que cinq
               lourds ; aussi la plupart des avions se contentent-ils   serrures avaient subi des perforations similaires. Un
               d’avoir à leur bord un petit placard qui ferme à clé et   coup de main de grande envergure avait été empêché à
               où l’on enferme le fret de valeur. Les marchandises   temps. Au cours de son enquête, Fish découvrit que le
               transportées doivent passer par les mains de douzaines   coup avait été monté par deux mécaniciens de l’aéro­
               d’individus : les hommes affectés au chargement et au   port, qui avaient eu vent de l’arrivée prochaine d’im­
               déchargement des avions, vérificateurs, douaniers.   portants chargements d’or.
               Qu’un chargement en provenance de Londres et à       Avec « l’affaire de Bangkok », Fish se trouva aux
               destination de l’Australie disparaisse en cours de route,   prises avec un problème différent. Des chargements de
               et Fish se trouve dans l’obligation d’explorer tous les   montres de grand prix disparaissaient régulièrement
               aéroports sur un parcours de 18 000 kilomètres.    pendant le trajet de Londres à la capitale du Siam,
               Cependant, en dépit de ces difficultés, il a mis au   Bangkok. A chaque escale, les caisses faisaient l’objet
               point un système de sécurité avec lequel doivent   d’un examen. Et pourtant, lorsqu’elles arrivaient à des­
               compter les malfaiteurs.                           tination, elles contenaient uniquement des cailloux et
                 Grand, bien bâti, Donald Fish a 60 ans. Il a     des débris divers dont le poids, soigneusement calculé,
               commencé sa carrière sous l’uniforme d’agent de la   correspondait à celui des montres.
               police britannique et s’est vu rapidement promu à un   S’étant rendu à Bangkok, Fish et ses collaborateurs
               emploi à New Scotland Yard. « C’est l’un des hommes   examinèrent les caisses avec soin. Ils constatèrent que
               les plus méthodiques que je connaisse, affirme un de   les voleurs avaient découpé à la scie un des panneaux
               ses anciens amis de Scotland Yard. Il accumule les   de chaque caisse. Le découpage suivait exactement les
               données, même les plus infimes, et attend patiemment   bords de l’étiquette apposée sur la caisse, ce qui le
               jusqu’au moment où il se sait prêt à frapper ».    rendait pratiquement invisible. Les voleurs avaient
                 La mémoire de Fish est aussi remarquable que sa   ensuite sorti les montres, les avaient remplacées par
               patience. Alors qu’il bavardait un jour avec un ami,   toutes sortes de déchets, puis avaient soigneusement
               celui-ci mentionna le départ d’un certain marchand de   recollé la plaque de bois découpée.
               timbres qui allait fermer sa boutique pour s’installer à   — L’opération demandait du temps, raconte Fish.
               New York. Le nom du marchand éveilla des échos     J’en déduisis quelle devait avoir lieu à Bangkok où le
               dans la mémoire de Fish qui, de retour à son bureau,   chargement séjournait pendant toute une nuit.
               se rappela un fait divers vieux de vingt ans : le mar­  Il chargea son assistant, Douglas Buchanan, de sur­
               chand avait été compromis dans une affaire de faux   veiller l’entrepôt de Bangkok. Nuit après nuit,
               timbres. Il prévint donc la douane d’avoir à ouvrir l’œil   Buchanan attendit, caché dans un coin. « L’eau qui,
               et à fouiller les bagages de l’individu.           inlassablement, tombait goutte à goutte du plafond me
                 Quelques jours plus tard, un coup de téléphone   sciait les nerfs, raconte-t-il. De temps à autre, j’enten­
               annonçait à Fish : « Nous l’avons pincé ! » Le mar­  dais un grattement, et je pensais : voilà les voleras.
               chand avait tenté de sortir en fraude d’Angleterre des   Mais ce n’étaient que des rats. »
               timbres rares d’une valeur totale de 3 000 livres.   Enfin, la sixième nuit, il vit, dans la pénombre, une
                 L’objectif de Fish, c’est d’arrêter le voleur ou le   trappe se soulever au ras du plancher. Puis un homme
               contrebandier avant qu’il ait opéré. Tout chargement   apparut : Buchanan le cueillit sans peine. Il s’agissait
               de valeur fait l’objet d’une surveillance de tous les   d’un gardien des docks, un Siamois. Pendant des mois,
               instants. Et le détective a, pour assurer le transport des   lui et sa bande s’étaient introduits dans l’entrepôt par
               marchandises les plus précieuses, mis au point un   une canalisation d’égout et avaient pillé les marchan­
               système spécial de courriers. Ses agents, qui ont reçu   dises les plus précieuses.
               une formation spéciale, voyagent incognito ; mais les   Ainsi se font prendre les « gangs », les uns après les
               valises qu’ils emportent sont doublées d’acier et   autres, tandis que se poursuit la guerre contre les
               équipées de serrures à combinaison dont seuls Fish et   malfaiteurs. Grâce à sa vigilance de tous les instants,
               l’agent connaissent le chiffre.                    grâce à ses brillantes méthodes de détection, le
                 Il y a quelques années, Fish reçut la nouvelle que la   « Poisson Volant » chasse des lignes aériennes britan­
               clé qui fermait le placard des marchandises de valeur,   niques contrebandiers et voleurs.



                                                         Adapté d'Air Facts
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