Page 105 - la_conduite_du_rucher
P. 105
AVRIL 89
en deux parties dont chacune acquiert une existence
propre. Leur reproduction se continue tant qu’ils trou
vent à se nourrir, à végéter dans les corps des larves, et
lorsque toute la matière nutritive est consommée les'
bacilles se transforment en spores ou graines, qui s’at
tachent aux abeilles, comme à tous les corps avec les
quels ils entrent en contact, et propagent la maladie
dans la ruche et au loin. Ces spores, comme beaucoup
de graines de végétaux, ont une vitalité remarquable
qu’elles conservent très longtemps1 et résistent aux
plus grands froids. Lorsqu’elles sont de nouveau en
contact avec des larves dans une ruche, elles entrent
en germination et deviennent des bacilles ; or l’expé
rience démontre que dans les cas de loque (de même
que dans les épidémies de choléra) ce sont les êtres
débiles, mal nourris, qui sont surtout atteints au début
et deviennent des foyers d’infection pour les autres.
Par conséquent, ces spores pouvant se trouver répan
dues dans le rucher ou dans son voisinage, ou être
apportées par des pillardes de ruchers voisins, ou rap
portées par des abeilles du rucher qui auraient pillé
une ruche loqueuse étrangère, le premier soin de l’api
culteur doit être de veiller à ce que le couvain de ses
ruches ne souffre jamais ni de refroidissement, ni d’une
alimentation insuffisante ou défectueuse et qu’il ne
soit pas élevé dans des rayons trop vieux, malpropres
ou humides.
La maladie, à ses débuts, c’est-à-dire avant la for
mation des spores, peut être combattue avec succès ;
on peut tuer les bacilles au moyen de désinfectants,
mais ceux-ci n’ont aucune action sur les spores. Il est
donc très désirable qu’un traitement soit appliqué
Le Dr Maassen a constaté que des spores de Bacillus alwei
ont germé après avoir été conservés au sec pendant vingt ans et des
spores de Bacillus brandeburgiensis après vingt-deux ans.