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             le rucher, que l’apiculteur doit chercher à se garantir1.
               Le mal peut atteindre les différents membres de la
             famille, mais chez les abeilles adultes on ne constate
             guère sa présence que par l’examen anatomique, et
             les ouvrières qui y succombent vont mourir au dehors,
             tandis que les larves infectées entrent en décompo­
             sition dâns leurs cellules et ne sont pas expulsées par
             les ouvrières si l’homme ne vient pas à leur aide au
             moyen de désinfectants. C’est donc surtout l’état du
             couvain qui révèle à l’œil inexpérimenté la présence
             de la maladie dans la ruche. Par l’examen au micros­
             cope, on constate que les abeilles adultes, ainsi que les
             larves loqueuses et même les œufs si la reine est ma­
             lade, contiennent dans leur suc des microbes appar­
             tenant à la catégorie des bacilles (analogues aux bacil­
             les du choléra). Ces organismes, doués de motilité1 2, se
             multiplient avec une rapidité inouïe en se sectionnant

               1.  MM. Dadant, père et fils, qui cultivent les abeilles par centaines
             de colonies, sont restés pendant plus de quarante ans sans voir une
             seule ruche loqueuse dans leurs ruchers ; il leur est arrivé de trouver
             du couvain mort de refroidissement ou de faim et jamais la loque
             ne s’est déclarée. Ils concluent donc avec raison que cette maladie
             n’est pas spontanée (Revue, 1882, p. 230).
               Quinby, sans être aussi affirmatif, estime que dix-neuf cas de
             loque sur vingt doivent être attribués à la contagion et déclare
             qu’après trente ans de patientes et minutieuses observations, il n’a
             pas encore pu se convaincre d’une façon satisfaisante qu’un seul
             cas de maladie grave parmi les abeilles ait été amené par le refroi­
             dissement du couvain (Bee-keeping, édition de 1858, p. 214). « Souvent
             dit-il plus loin, la maladie éclatait au printemps dans mes colonies
             les plus populeuses et les mieux approvisionnées et même plutôt
             dans celles-là que dans d’autres. » Il a constaté le premier cas de
             loque dans ses ruchers en 1837, bien avant l’emploi des ruches à
             cadres mobiles.
               Délia Rocca (déjà cité), pour expliquer l’origine de la loque, se
             livre à la supposition que « quelque rouille pestilentielle avait sans
             doute corrompu la qualité du miel et les poussières de* étamines.
             Aristote avait écrit : » Les abeilles sont sujettes à devenir malades
             lorsque les fleurs sur lesquelles elles font leur récoltt sont attaquées
             de la •rouille. »
               2.  Grâce à l’obligeance de M. Cowan et à son puissant microscope,
             nous avons pu observer, dans les sucs de larves et d’abeilles, des
             bacilles de B. alwei se tortillant et d’autres à divers degrés de leur
             transformation en spores.
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