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88 AVRIL
le rucher, que l’apiculteur doit chercher à se garantir1.
Le mal peut atteindre les différents membres de la
famille, mais chez les abeilles adultes on ne constate
guère sa présence que par l’examen anatomique, et
les ouvrières qui y succombent vont mourir au dehors,
tandis que les larves infectées entrent en décompo
sition dâns leurs cellules et ne sont pas expulsées par
les ouvrières si l’homme ne vient pas à leur aide au
moyen de désinfectants. C’est donc surtout l’état du
couvain qui révèle à l’œil inexpérimenté la présence
de la maladie dans la ruche. Par l’examen au micros
cope, on constate que les abeilles adultes, ainsi que les
larves loqueuses et même les œufs si la reine est ma
lade, contiennent dans leur suc des microbes appar
tenant à la catégorie des bacilles (analogues aux bacil
les du choléra). Ces organismes, doués de motilité1 2, se
multiplient avec une rapidité inouïe en se sectionnant
1. MM. Dadant, père et fils, qui cultivent les abeilles par centaines
de colonies, sont restés pendant plus de quarante ans sans voir une
seule ruche loqueuse dans leurs ruchers ; il leur est arrivé de trouver
du couvain mort de refroidissement ou de faim et jamais la loque
ne s’est déclarée. Ils concluent donc avec raison que cette maladie
n’est pas spontanée (Revue, 1882, p. 230).
Quinby, sans être aussi affirmatif, estime que dix-neuf cas de
loque sur vingt doivent être attribués à la contagion et déclare
qu’après trente ans de patientes et minutieuses observations, il n’a
pas encore pu se convaincre d’une façon satisfaisante qu’un seul
cas de maladie grave parmi les abeilles ait été amené par le refroi
dissement du couvain (Bee-keeping, édition de 1858, p. 214). « Souvent
dit-il plus loin, la maladie éclatait au printemps dans mes colonies
les plus populeuses et les mieux approvisionnées et même plutôt
dans celles-là que dans d’autres. » Il a constaté le premier cas de
loque dans ses ruchers en 1837, bien avant l’emploi des ruches à
cadres mobiles.
Délia Rocca (déjà cité), pour expliquer l’origine de la loque, se
livre à la supposition que « quelque rouille pestilentielle avait sans
doute corrompu la qualité du miel et les poussières de* étamines.
Aristote avait écrit : » Les abeilles sont sujettes à devenir malades
lorsque les fleurs sur lesquelles elles font leur récoltt sont attaquées
de la •rouille. »
2. Grâce à l’obligeance de M. Cowan et à son puissant microscope,
nous avons pu observer, dans les sucs de larves et d’abeilles, des
bacilles de B. alwei se tortillant et d’autres à divers degrés de leur
transformation en spores.