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— Stand to the door ! l’équipe colonne par un
se place à la porte, pied gauche en avant, le pre
mier a les mains collées au montant de la porte
et tournées vers l’extérieur. Les autres sont con
tre lui et prêts à partir presque d’un seul saut.
Les yeux du premier équipier sont irrésistible
ment attirés vers la terre qui lui semble osciller
dangereusement. Son cœur se soulève, mais il at
tend impatiemment le « go » libérateur. Mais ce
jour-là, Johny, par gentillesse, donnera ce comman
dement en français avec son drôle d’accent :
« Al’ lez ! al’ lez ! ».
Départ tête en avant, le parachute s’ouvre bru
talement et l’homme est redressé comme un gar
don ferré.
Un bien-être étonnant saisit l’étudiant qui des
cend en se balançant mollement, mais au sol l’ins
tructeur chef veille et dans son porte-voix il hurle:
« Serrez les jambes », « tirez! tirez » (ce qui si
gnifie tirez sur la sustente avant pour incliner le
corps en avant, car il faut arriver dans cette posi
tion pour évi er un accident.
PREMIER SAUT
PAR LE COMMANDANT LOUIS — REPORTAGE PHOTOGRAPHIQUE
OUS avions fait des cabrioles en avant et des
N cabrioles en arrière, des « roulés-boulés »,
pour employer le terme technique, nous
avions sauté d’un tremplin de trois mètres,
glissé à la « roulette » (chariot roulant le long d’un
filin). Le soir, la nuque douloureuse, nous étions
allés nous étendre sur le sable chaud au bord de
la mer.
Et ce matin, au petit jour, nous sommes une
douzaine réunis sur la piste. Distribution rapide
des parachutes : le dorsal automatique et le ven
tral à déclenchement « commandé ». Les parachu
tes ajustés, l’instructeur en vérifie les attaches à
ce point tendues qu’il devient difficile de se tenir
droit.
Les parachutes semblent lourds. Il fait frais.
Un vague malaise nous prend. L’avion fait tour
ner son moteur depuis quelques instants. Colonne
par un, nous prenons l’échelle de montée. A bord
sur ordre de Johny, notre instructeur, nous pas
sons six à gauche et six à droite. Emus, nous at
tendons le départ. Des plaisanteries fusent, mais
la note n’y est pas. En vérité, nous ressentons tous
un peu cette impatience des matins d’attaque.
Nous lions à notre taille la ceinture de bord.
L’avion prend sa piste et décolle. A bord, il y a C'EST UNE FORMATION COMPLÈTE QUI EST DONNÉE AUX ÉTUDIANTS
trois des étudiants (c’est le nom que nous don QUI CONNAITRONT BIENTOT LES SECRETS DU TIR INSTINCTIF-..
nent les Anglais) qui n’ont jamais pris l’avion et
qui songent à la cocasserie de leur situation ; ils • ••SE FAMILIARISERONT AVEC TOUTES LES ARMES ÉTRANGÈRES...
prendront maintenant souvent l’avion mais n’at
terriront pas.
L’air qui entre par le trou béant de la porte qui
a été enlevée nous fouette. Et c’est tout de suite
le terrain de parachutage.
Pendant que l’avion prend un large virage, les
ordres donnés en anglais se succèdent dans l’ap
pareil :
— First group stand up ! la première équipe de
trois s’est levée, l’instructeur passe une dernière
vérification des sangles.
— Ouk up ! chacun accroche le mousqueton
de sa sangle de liaison à la tringle centrale. C’est
cette sangle qui provoquera l’ouverture automa
tique.
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