Page 6 - aux armes_8
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— Stand to the door ! l’équipe colonne par un
                                                                                  se place à la porte, pied gauche en avant, le pre­
                                                                                  mier a les mains collées au montant de la porte
                                                                                  et tournées vers l’extérieur. Les autres sont con­
                                                                                  tre lui et prêts à partir presque d’un seul saut.
                                                                                   Les yeux du premier équipier sont irrésistible­
                                                                                  ment attirés vers la terre qui lui semble osciller
                                                                                  dangereusement. Son cœur se soulève, mais il at­
                                                                                  tend impatiemment le « go » libérateur. Mais ce
                                                                                  jour-là, Johny, par gentillesse, donnera ce comman­
                                                                                  dement en français avec son drôle d’accent :
                                                                                  « Al’ lez ! al’ lez ! ».
                                                                                    Départ tête en avant, le parachute s’ouvre bru­
                                                                                  talement et l’homme est redressé comme un gar­
                                                                                  don ferré.
                                                                                    Un bien-être étonnant saisit l’étudiant qui des­
                                                                                  cend en se balançant mollement, mais au sol l’ins­
                                                                                  tructeur chef veille et dans son porte-voix il hurle:
                                                                                  « Serrez les jambes », « tirez! tirez » (ce qui si­
                                                                                  gnifie tirez sur la sustente avant pour incliner le
                                                                                  corps en avant, car il faut arriver dans cette posi­
                                                                                  tion pour évi er un accident.



                 PREMIER SAUT



                PAR LE COMMANDANT LOUIS — REPORTAGE PHOTOGRAPHIQUE


                   OUS avions fait des cabrioles en avant et des
                N    cabrioles en arrière, des « roulés-boulés »,
                     pour employer le terme technique, nous
                     avions sauté d’un tremplin de trois mètres,
                   glissé à la « roulette » (chariot roulant le long d’un
               filin). Le soir, la nuque douloureuse, nous étions
               allés nous étendre sur le sable chaud au bord de
               la mer.
                 Et ce matin, au petit jour, nous sommes une
               douzaine réunis sur la piste. Distribution rapide
                des parachutes : le dorsal automatique et le ven­
                tral à déclenchement « commandé ». Les parachu­
                tes ajustés, l’instructeur en vérifie les attaches à
                ce point tendues qu’il devient difficile de se tenir
                droit.
                  Les parachutes semblent lourds. Il fait frais.
                Un vague malaise nous prend. L’avion fait tour­
                ner son moteur depuis quelques instants. Colonne
                par un, nous prenons l’échelle de montée. A bord
                sur ordre de Johny, notre instructeur, nous pas­
                sons six à gauche et six à droite. Emus, nous at­
                tendons le départ. Des plaisanteries fusent, mais
                la note n’y est pas. En vérité, nous ressentons tous
                un peu cette impatience des matins d’attaque.
                  Nous lions à notre taille la ceinture de bord.
                L’avion prend sa piste et décolle. A bord, il y a    C'EST UNE FORMATION COMPLÈTE QUI EST DONNÉE AUX ÉTUDIANTS
                trois des étudiants (c’est le nom que nous don­      QUI CONNAITRONT BIENTOT LES SECRETS DU TIR INSTINCTIF-..
                nent les Anglais) qui n’ont jamais pris l’avion et
                qui songent à la cocasserie de leur situation ; ils   • ••SE FAMILIARISERONT AVEC TOUTES LES ARMES ÉTRANGÈRES...
                prendront maintenant souvent l’avion mais n’at­
                terriront pas.
                  L’air qui entre par le trou béant de la porte qui
                a été enlevée nous fouette. Et c’est tout de suite
                le terrain de parachutage.
                  Pendant que l’avion prend un large virage, les
                ordres donnés en anglais se succèdent dans l’ap­
                pareil :
                  — First group stand up ! la première équipe de
                trois s’est levée, l’instructeur passe une dernière
                vérification des sangles.
                  — Ouk up ! chacun accroche le mousqueton
                de sa sangle de liaison à la tringle centrale. C’est
                cette sangle qui provoquera l’ouverture automa­
                tique.




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