Page 4 - aux armes_8
P. 4

1er MAI DE VICTOIRE ET D’UNION








                                   DISCOURS PRONONCÉ PAR


                                   LE COLONEL DESCOUR


                                   A L’ILE DES CYGNES









                      e matin, ouvriers et soldats ont partagé îe même   figurent sur ce marbre ; ils auraient pu défiler avec nous
                   G    repas. Les blessés des hôpitaux ont reçu les visites   ceux qui, d’Italie en Alsace ont jalonné de leurs tombes
                                                                      la marche ardente de notre Armée victorieuse. Ils au­
                        affectueuses des délégations ouvrières et mainte­
                        nant, nous avons voulu venir tous ensemble nous
                  recueillir ici, devant le monument élevé à la mémoire de   raient pu vibrer d’un même enthousiasme ces Martyrs
                                                                     de la Résistance Française et ceux qui sont morts après
                  nos soldats morts pour la France.                  une effroyable agonie dans les camps allemands.
                    Parmi tous les combats évoqués ici, le plus tragique   Il y avait parmi eux des Français de toutes conditions,
                  fut mené par nous tous, côte à côte.               de toutes professions : ils sont tous ici représentés, fondus
                    Ouvriers, paysans, intellectuels, militaires Français de   dans un sacrifice commun.
                   tous grades, de toutes classes et de toutes conditions,   Nous sommes vainqueurs, certes, mais la France est
                  après les heures humiliantes de la défaite et de l’invasion,   en ruines. Nos épreuves passées entraînent derrière elles
                  nous avons été nombreux à comprendre qu’il n’y aurait   une longue suite de misères et de difficultés.
                  pour personne ni liberté, ni honneur sans une force mili­
                                                                       Que de problèmes à résoudre, de ruines à relever,
                  taire française.
                                                                      d’institutions à rénover !
                    Ainsi, des profondeurs de notre sol a surgi cette géné­
                                                                       Notre destinée est lourde et grave, mais elle sera ce
                  reuse Armée de volontaires qui, au milieu des joies de
                                                                      que nous la ferons.
                  la Libération, s’est fusionnée avec cette prestigieuse
                  Armée Française couverte de cette immense gloire de la   C’est à la Renaissance Française que nous sommes
                  campagne de Tunisie, de Corse et d’Italie, et tous en­  conviés, tous unis derrière le Général de Gaulle, tous
                  semble, soldats de l’Empire et volontaires de la Résis­  animés d’une foi commune et d’une énergie commune ;
                   tance, ont terrassél l’ennemi et participent aujourd’hui à   chacun à notre poste, car les vivants sont pareils aux
                  la maîtrise de l’Allemagne et du régime nazi.       Morts, et c’est tous ensemble, unis comme au front, unis
                    Une fois de plus, dans les circonstances les plus graves   comme ceux qui sont évoqués ici, unis dans une même
                   de notre histoire, la Nation s’est exprimée par son   ardeur patriotique que nous reconstruirons notre France
                                                                      et que nous apporterons au monde égaré notre part de
                  Armée et dressée contre l’envahisseur : la Nation toute
                   entière est devenue Armée !                        lumière.
                    Je ne pense pas, et tel est le sens que nous voulons   Mes amis, faisons aujourd’hui le serment de ne jamais
                   donner à cette manifestation, je ne pense pas que cette   oublier tant de sacrifice et de conserver dans nos joies
                   union puisse jamais être dissociée, car elle correspond à   communes, comme dans nos souffrances, la dignité et la
                   un bien trop précieux et pour l’Armée qui se reconstruit   grandeur de ceux qui sont morts, de ceux dont la pré­
                   plus belle et plus forte dans l’affection de tous, et pour   sence entoure invisiblement nos drapeaux, dans ce 1"
                   la Nation qui reconnaît dans son Armée ses vertus tradi­  Mai de VICTOIRE et d’UNION.
                   tionnelles de grandeur et de sacrifice.
                                         *

                    Cette première, après-midi de mai 1945, elle nous
                   apporte un souffle de victoire, elle nous apporte une
                   ambiance nouvelle, une espérance nouvelle.
                    Mes amis, faisons silence et écoutons nos morts !
                    Ils n’étaient pas différents de nous, ceux dont les noms
   1   2   3   4   5   6   7   8   9