Page 41 - aux armes_4
P. 41

GUERRE BARS LE PA CI FI BUE










               à reconquérir. Souvenons-nous que nos   la voie ferrée du Yunnan, qui le remet   lèrent à rétablir une communication ter­
               intérêts économiques en Chine sont im­  en communication avec l’Indochine,  restre par la route de l’Assam.
               portants et que l’influence spirituelle   la route rouge de Russie.         Mais entre-temps, c’était dans le Paci­
               que nous a value l’action de nos intel­
                                                      C’est à fermer ces routes que les Nip­  fique que s’était porté l'intérêt de la
               lectuels et surtout le dévouement de nos   pons vont s’employer. Profitant de l’ef­  lutte en Extrême-Orient.
                missionnaires, représente des! valeurs   fondrement de la France en 1940, le Japon
               qui méritent d’être défendues. D’ailleurs,   nous oblige’ à fermer la voie du Yunnan,   II.  — PEARL-HARBOUR
               que ce soit en Orient ou en Occident, au-   puis il prend pied en Indochine et il y
               dessus des intérêts nationaux, il'y a deux   installe des bases.            La guerre faisait rage en Europe de­
               conceptions philosophiques de la vie qui                                   puis plus de deux ans, la France était
                                                      Il est bon de rappeler que grâce à
               s’affrontent.                                                              mise hors de combat, la flotte française
                                                     la ligne du Yunnan, l’aide apportée par
                                                                                          désarmée, la flotte britannique en Médi­
                 La guerre d’Europe ne se sépare donc   la France à la Chine fut, jusqu’à juin
                                                                                          terranée ou dans l’Atlantique faisait face
               pas de la guerre d’Asie. C’est d’ailleurs   1940, substantielle.
                                                                                          à la. terrible offensive sous-marine de
                ce qu’ont compris les U.S.A. quand ils   Pour le Japon, ce n’était que des' pré­
                                                                                          l’amiral Donitz, les troupes allemandes
                ont décidé d’en finir avec l’Allemagne   liminaires. En avril 41, par la signature
                                                                                          qui avaient pénétré en Russie, arrivaient
               afin de se retourner, toutes forces réu­  d’un pacte avec l’U.R.S.S., il coupe le
                                                                                          aux portes de Moscou.
                nies, contre l’Empire du Soleil Levant.  ravitaillement par la route rouge.
                                                                                           Les politiques japonais crurent que
                 Avant d’aborder l’historique des opé­
                                                      Puis ce fut la guerre du Pacifique (dé­
               rations, il est nécessaire de se faire une                                 l’occasion était venue de créer à peu de
                                                     cembre 41), dont nous reparlerons plus   frais, l’immense empire d’Asie dont ils
                idée des distances qui, dans le Pacifique,
                                                     loin.
                dominent la conduite de la guerre.                                        rêvent et dont ils situent les bornes aux
                                                      Singapour tombé en janvier 42 et    Indes et en Australie.
                 Là-bas, on compte les distances par mil­  Rangoon en mars 42, la route de Birma­  De 7 décembre 1941, ce fut le coup de
                liers de kilomètres. C’est ainsi que de   nie est coupée et la Chine isolée. Mais   tonnerre de Pearl-Harbour : la flotte amé­
               Tokio à la base américaine de Attu, dans   dès 42, les Alliés comprirent que si l’on   ricaine sui prise au mouillage dans les
               les Aléoutiennes, il y a 3.226 kilomètres,   voulait venir à bout dù Japon, il fallait   îles Hawaï, y subit de lourdes pertes
               à Shanghaï 1.762, à Darwin en Australie   maintenir la Chine en guerre et pour cela   et fut immobilisée pendant plusieurs
               5.430, à Manille 3.000, aux Meedway 4.425,   l’alimenter en matériel.      mois. Puis, ce fut la perte de Hong-Kong
               à Rangoon 4.950.
                                                      L’aviation permit de rétablir la liaison   et le désastre de Singapour (janvier
                 Le problème des transports, qu’il soit   de la Chine avec les Alliés, en même   1942).
                naval ou aérien domine toute la stra­  temps que les armées de l’air américaines   La flotte anglaise est vaincue à Ma-
               tégie.                                s’installaiént en Chine.             lacca, celle des Néerlandais écrasée à
                                                      De plus, les Anglo-Américains travail­  Sourabaya et c’est l’invasion des Indes
                     I.  — LE JAPON ATTAQUE
                 En juillet 1937, prétextant des incidents,
               le Japon attaque la Chine. Malgré le cou­  Par l’ouverture de ses mâchoires, le bateau américain L S T dégorge troupe et matériel.
                rage des troupes chinoises, les grandes
                villes de l’Empire du Milieu : Shang­
               haï (août 37), Hankéou, Nankin (15 dé­
                cembre 1937), Canton, tombent tour à
                tour au pouvoir de l’agresseur.
                 Mais la guerre perd bientôt de sa ra­
                pidité, les Nippons lancent des colonnes
                vers l’intérieur, franchissent de grandes
                distances, mais, à aucun moment, ils
                ne peuvent obtenir un succès décisif.
                 Tchang-Kaï-Chek, le généralissime chi­
                nois, s’est replié ver l’ouest, sur Tchou-
                King, couvrant sa retraite de milliers
                de guérillas insaisissables qui harcèlent
                les Japonais et coupent leurs lignes de
                communications. Ne pouvant résoudre
                la question chinoise par la force, les
                Japonais tentent une manœuvre politi­
                que ; ils essaient de créer à Nankin, un
                gouvernement à leur solde, celui de
                Wang-Ching-Weï. Mais l’autorité de cette
                pseudo-république reste faible et ne s’é­
               tend qu’aux zones contrôlées par les
                troupes d’opérations nipponnes.
                 Tchang-Kaï-Chek, soutenu par les Amé­
               ricains et par les Européens, peut conti­
               nuer à alimenter pendant les années 38
               et 39, sa guérilla perpétuelle. Il dispose
               pour se ravitailler de :
                 la route de Birmanie qui le relie aux
               Indes,



                                                                                                                         41
   36   37   38   39   40   41   42   43   44   45   46