Page 252 - Les merveilles de l'industrie T3 Web

250 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

e/-, que l’eau passe d’une couche filtrante donc être employée sans aucune dépuration.
dans la couche inférieure. L’eau destinée à la boisson a seule besoin
La figure 105 donne la coupe transversale d’être filtrée.
d’une des écluses des canaux ab, cd, ef Cette filtration s’opère à Paris, soit dans
(fig. 104), qui séparent, l’une de l’autre, les de petites fontaines domestiques, établies
couches filtrantes superposées ; M et N sont chez les particuliers, soit dans des établis­
les deux murs qui forment le réservoir R; sements spéciaux, connus sous le nom de
P est le filtre supérieur, composé de sable fontaines marchandes. Dans ces établisse­
grossier. L’eau qui a traversé le filtre arrive ments, on filtre l’eau de la Seine, qui est
à un faux plancher hl formé de briques, J. ensuite vendue aux porteurs d’eau, lesquels,
séparées lesunes des autres et posées debout. à leur tour, la revendent en détail au clients.
L’eau qui a traversé le filtre P se rassemble Nous donnerons, en parlant des eaux de
dans l’intervalle que comprennent les plan­ Paris, la description des fontaines marchan­
chers h et Z, passe de là par le canal K, dans des et des fontaines domestiques.
le réservoir R, où son niveau s’élève jus­ Le filtrage appliqué à la seule quantité
qu’à ce qu’elle atteigne l’ouverture L qui d'eau pour laquelle il soit rigoureusement
la conduit au filtre suivant, 0. En changeant nécessaire, ne coûte pas beaucoup plus cher
la position des valves, de manière à fermer que ne coûterait le filtrage en grand de toute
K' et L et à laisser ouvertes K etL', on peut une masse d’eau dont une partie pourrait se
faire écouler l’eau du filtre P et du réser­ passer de cette opération. Il n’a d’autre in­
voir R dans un tuyau de décharge quand il convénient que d’exiger la présence, chez
est devenu nécessaire de nettoyer les filtres. les particuliers, d’un petit appareil, qui né­
cessite des nettoyages, ainsi que le transport
Les procédés de filtration artificielle des de l’eau sur la voie publique au moyen de
eaux d’un fleuve ou d’une rivière ne peuvent tonneaux et de seaux.
s’appliquer en France que dans des circons­ On voit, par ces dernières considérations,
tances assez rares. Toulouse, Lyon, Angers combien l’eau de source a de supériorité
et Marseille, sont à peu près les seules villes sur l’eau de fleuve ou de rivière, pour le
où ce moyen ait pu être employé. En géné­ service des villes en eaux potables. Les eaux
ral, quand on se sert des eaux d’un fleuve eu de source telles que celles de la Vanne et de
d’une rivière pour l’alimentation d’une la Dhuis, qui arrivent à Paris du haut des
ville, on ne la filtre pas, vu l’impossibilité coteaux de la Champagne, n’ont besoin
d’appliquer ce moyen sur une très-grande d’aucun filtrage. Après un court séjour
échelle. On se contente d’amener l’eau dans dans un bassin de repos, elles sont ame­
des bassins de dépôt, dans lesquels elle nées par les conduites de distribution, aux
séjourne 8 à 10 jours seulement, et où elle fontaines publiques et chez les particuliers,
se débarrasse des matières les plus grossières. et jouissent d’une transparence parfaite,
Cette eau, encore trouble, est envoyée dans sans avoir subi-aucun travail. Tout appareil
les conduites qui se ramifient dans la ville. encombrant et coûteux est ainsi supprimé;
Il importe, en effet, de remarquer que toute l’eau est bue à peu près telle qu’elle sort
l’eau n’a pas besoin d’être filtrée. Cette de la source, sans avoir exigé la plus faible
opération est superflue pour les eaux des­ dépense pour sa purification. L’économie
tinées aux services publics de l’arrosage des quotidienne ainsi réalisée permet donc de
jardins et cours, du lavage et du nettoyage faire les dépenses nécessaires pour amener
des rues, etc. Cette portion des eaux peut au sein d’une ville une source éloignée. Ce