Page 89 - Les merveilles de l'industrie T1
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LE VERRE ET LE CRISTAL. 83
les verres marbrés blancs et de couleurs, les Après l’apparition des produits de M. Clé
verres filés et les imitations de fruits. mandot, les cristalleries de Raccarat et de
Ces deux derniers produits n’ont pu encore ' Saint-Louis ont fait, chacune de son côté,
être imités par aucune verrerie. des essais de production industrielle du cris-
En 1866, M. Didierjean étant administra ' tal à base d’oxyde de zinc. ■*
teur, la compagnie de Saint-Louis a résolu Toutefois le cristal à base d’oxyde de zinc
le problème difficile de la fabrication du n’a pas pris pied dans le commerce. Le seul
cristal à la houille et à creuset découvert. La usage, auquel il soit consacré .aujourd’hui,
houille est transformée en gaz dans des appa c’est la fabrication de quelques verres pour
reils spéciaux. La fusion des matières et le l’optique. Le crown glass à base de zinc est
travail du cristal se font exactement comme ; remarquable par sa blancheur, par sa pu
dans les anciens fours au bois, et cela sans reté et par les qualités optiques que l’on re
avoir à craindre l’action des gaz de la houille cherche dans cette nature de verre.
sur le cristal. Le cristal à base d’oxyde de zinc est extrê
L’usine de Saint-Louis a donc eu le mé mement dur à fondre. Sa fusion industrielle
rite d’affranchir totalement de l’emploi du dans les fours de verrerie ne peut même être
bois, comme combustible, l’industrie du cris obtenue qu’en ajoutant au mélange de l’acide
tal, et c’est encore aujourd’hui la seule cris borique, qui est un fondant très-énergique.
tallerie qui ait pu obtenir ce résultat. En raison de la propriété de l’oxyde de zinc,
A la dernière Exposition de 1867, la com de donner un grand éclat au cristal, M. Di
pagnie de Saint-Louis a présenté un certain dierjean, administrateur de la cristallerie^
nombre de pièces d’un travail exceptionnel, de Saint-Louis, a essayé, à plusieurs reprises,
en cristal blanc et en cristaux de couleurs : d’ajouter à la composition du cristal un mé
de grands lustres, des candélabres, des vases lange d’oxyde de plomb (minium) et d’oxyde
et des coupes gravées et montées sur bois de zinc. Mais le silicate triple de potasse, de
sculpté ou bronze doré. Nous offrons à nos plomb et de zinc a toujours un reflet jau
lecteurs quelques spécimens de ces remar nâtre tout spécial qui est la conséquence
quables dessins pris sur les modèles types ré de l’association de ces deux métaux au mo
compensés par le jury de l’Exposition. ment de la fusion. M. Didierjean a fabriqué
! quelques échantillons de cristal à base de
La cristallerie de M. Maës à Clichy, celles zinc, qui ont figuré à l’Exposition de 1867.
de Pantin, de Rercy, de Lyon, disputent aux
deux usines de Raccarat et de Saint-Louis, Dans son Rapport à /’Exposition univer-
le marché intérieur de la France. | selle de Londres de 1862, Pelouze évaluait
La cristallerie de Clichy doit être men ! comme il suit la production de la cristallerie
tionnée ici d’une manière plus particulière, française :
comme ayant eu l’initiative de la fabrication
d’une variété nouvelle de cristal. Nous vou
Baccarat...................... 4,000,000 de francs.
lons parler du cristal à base d’oxyde de zinc. Saint-Louis...................... 2,400,000
C’est à M. Clémandot, directeur de la cris Clichy.............................. 800,000
tallerie de Clichy, qu’est dû le cristal à base Lyon........................ 400,000
Monot, à Pantin.............. 300,000
d’oxyde de zinc. Les premiers produits de ce
Bercy et plusieurs établisse
genre figurèrent à l’Exposition de Londres ments situés autour de
en 1851. Ils étaient appliqués exclusivement Paris............................. 900,000
aux verres d’optique. 9,000,000 de francs.