Page 227 - Les merveilles de l'industrie T1
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222                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                 semblables à ceux des médailles inconnues. La plu­  propres produits; mais ils conservèrent pen­
                 part ont conservé le nom des familles romaines de
                                                           dant des siècles, dans leurs œuvres céra­
                 Sagonte...»
                                                           miques, leurs formes, leur style et leur gé­
                   Ces dernières lignes nous prouvent que les   nie propre.
                 familles patriciennes avaient l’habitude de   Nous ne devons donc point nous étonner
                 faire inscrire leur nom sur les vases qu’elles   d’avoir à parler ici de poteries gauloises et
                 faisaient confectionner. Nous verrons plus   germaines.
                 loin que, lorsque la porcelaine chinoise
                 commença d’être connue en Europe, beau­     Dans plusieurs parties des Gaules, dans
                 coup de familles de la noblesse française en­  des lieux où l’on ne voit aucun vestige de
                 voyèrent en Chine leurs armoiries et leurs   la présence des Romains, et dans des posi­
                 devises; de sorte que l’on vit avec beaucoup   tions où elles semblent n’avoir éprouvé au­
                 de surprise arriver à Paris de la porce­  cun dérangement depuis qu’elles y ont été
                 laine chinoise qui portait les armes des ducs   établies par les Gaulois, longtemps avant l’in­
                 et des barons de la cour de France.       vasion romaine, on trouve des urnes ou de
                                                           petits vases de pâte noire, qui, par la nature
                                                           et l’aspect de la pâte, par le style simple et
                                                           toujours le même de leurs formes, par les
                                                           ornements d’incrustation qu’ils présentent
                                                           quelquefois, ont dû être faits de la même
                            CHAPITRE XIII
                                                           manière, de la même pâte et par le même
                                                           peuple. Ce sont là des poteries véritablement,
                 LA POTERIE CHEZ LES GAULOIS. — SES CARACTÈRES DISTINC­
                                                           exclusivement gauloises.
                  TIFS. — VASES SINGULIERS, URNES PITTORESQUES. —
                                                             Dans un ouvrage intéressant publié, en
                  POTERIES DE LA GERMANIE. — URNES CINÉRAIRES DES
                  GERMAINS : LEUR POSITION. — SUPERSTITIONS ÉTRANGES   1872, sous ce titre : la Poterie gauloise,
                  DES PAYSANS ALLEMANDS. — JOUETS TROUVÉS DANS
                                                           M. Henri du Cleuziou revendique avec
                  LES TOMBEAUX. — CONTREFAÇON DES POTERIES ALLE­
                                                           beaucoup d’énergie l’originalité propre à
                  MANDES.
                                                           l’art gaulois. Nous ne résistons pas au plai­
                   Nous avons dit que les Romains avaient   sir d’emprunter à cet auteur les lignes sui­
                                                           vantes :
                importé dans toutes les contrées auxquelles
                ils avaient imposé leur domination, l’art    « A force de faire promener triomphalement ses
                grec, qu’ils s’étaient si bien assimilé. Il   chefs-d’œuvre sur les épaules de ses légionnaires
                                                           couronnés de lauriers, dit M. du Cleuziou, Rome en
                semblerait donc ne plus y avoir de place
                                                           était arrivée à se persuader que ces chefs-d’œuvre
                pour des poteries gauloises, pour des pote­  conquis par la gloire étaient siens, étaient sortis de
                ries germaines, pour des poteries alleman­  ses mains.
                des ou franques. Cependant ces poteries exis­  « Scipion avait rassasié ses gens des marchandises
                                                           de tout pays accumulées dans Carthage. Paul Émile
                tent, et elles sont en grand nombre. C’est que   l’habitua aux suavités incomparables de la Grèce.
                les Gaulois, les Germains et les Francs, qu’on   Marins lui fit voir les richesses inconnues du Nu­
                les considère comme un seul peuple ou      mide. Pompée enfin, revêtu de la robe d’Alexan­
                                                           dre, l’initia aux splendeurs, aux trônes d’or, aux
                comme des branches d’un tronc commun,
                                                           riches tapis, aux meubles sculptés de la Perse et de
                avaient un caractère national bien mar­    l’Asie.
                qué. Lorsque, après leur défaite, ils durent   « Puisqu’elle possédait tout, Rome avait tout créé :
                                                           ses historiens le redirent au monde, et le monde le
                se soumettre aux Romains, ils empruntèrent
                                                           crut.
                aux conquérants des procédés de fabrication   « ..... Rome a été pour nous l’idéal, Rome seule
                qui leur permirent de perfectionner leurs   était lumière, tout le reste ténèbres, Rome seule
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