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218 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
couleur rouge, dans le cimetière de l’église dans leurs sépultures à côté des squelettes et dans
des positions constantes que les antiquaires ont
de Saint-Cyr de Laon.
reconnues et même cherché à expliquer. Ces pots
La dernière pièce citée par Brongniart ou urnes en poterie mate dans les temps où le
comme spécimen d’urne romaine (fig. 166) vernis plombifère n’était pas connu, ces poteries,
quelquefois vernissées depuis cette époque, étaient
assez souvent au nombre de deux, l’une à la tète
du squelette, qui avait renfermé de l’eau bénite,
l'autre à ses pieds, ayant contenu de l’encens avec
des charbons allumés. Ces observations expliquent
pourquoi on a trouvé de ces urnes dans les tombes
placées sous le sol des églises chrétiennes et dans des
cimetières chrétiens ; elles expliquent l’origine des
cendres et des charbons que quelques-unes renfer
ment; enfin, elles nous apprennent que ces poteries,
faites à l’instar des antiques poteries gauloises et
romaines, sont cependant loin d’avoir l’antiquité des
poteries trouvées dans de véritables et anciens tom
beaux gaulois ou romains, dont l’époque ancienne
est déterminée par les armes, les ustensiles et les
médailles qu’on y trouve. »
Quant à la petite poterie romaine, celle
Fig. 164. — Urne romaine oviforme,.
qui, comme nous l’avons vu, servait aux
usages de la cuisine et de la table, les
vases à boire les gobelets portaient des
est d’une pâte blanchâtre assez fine. Trou
inscriptions dans le genre de celles que
vée dans le cimetière de Terre-Nègre, près
nous avons signalées chez les Grecs. Sur
les uns, on lit Impie (remplissez), sur d’au
tres Ave (salut), sur d’autres encore Vive et
bibe multum (vivez et buvez beaucoup).
On possède le service de table de Por-
senna, roi d’Ëtrurie. Ces vases, étrusques
par conséquent, sont de toutes sortes de di
mensions, mais les plats grands et profonds
dominent. Ces plats allaient au feu. Les
vases à rafraîchir le vin abondent, et si l’on
eût connu le vin de Champagne, du temps
Fig. 165 et 166. — Urnes romaines du Musée de Sèvres.
de Porsenna, il est à croire que les vases
pour le rafraîchir n’auraient pas fait défaut.
D’après le passage de Suétone, que nous
de Bordeaux, elle fait partie aujourd’hui du
avons cité plus haut (page 211), Vitellius fit
Musée céramique de Sèvres.
faire un si grand vase de terre pour prépa
« On attribue ces urnes, ajoute M. Brongniart, et rer en entier un poisson, que le potier fut
il me semble avec grande raison, à la fabrication obligé de construire un four tout exprès pour
gallo-romaine, car elles participent des deux fabri
cations en couleur, forme et façonnage, comme il cuire ce vase de cuisine.
est facile de le voir en comparant cette troisième sé
rie de poteries romaines avec les poteries gauloises. Ce chapitre sur la céramique romaine
«Les chrétiens, sans adopter entièrement les usages
serait incomplet, si nous ne disions quel
des Romains et des Gaulois, ont placé pendant long
temps et jusque vers le xive siècle de petites urnes ques mots de la plastique destinée à la dé