Page 223 - Les merveilles de l'industrie T1
P. 223

218                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                  couleur rouge, dans le cimetière de l’église   dans leurs sépultures à côté des squelettes et dans
                                                            des positions constantes que les antiquaires ont
                  de Saint-Cyr de Laon.
                                                            reconnues et même cherché à expliquer. Ces pots
                    La dernière pièce citée par Brongniart   ou urnes en poterie mate dans les temps où le
                  comme spécimen d’urne romaine (fig. 166)  vernis plombifère n’était pas connu, ces poteries,
                                                            quelquefois vernissées depuis cette époque, étaient
                                                            assez souvent au nombre de deux, l’une à la tète
                                                            du squelette, qui avait renfermé de l’eau bénite,
                                                            l'autre à ses pieds, ayant contenu de l’encens avec
                                                            des charbons allumés. Ces observations expliquent
                                                            pourquoi on a trouvé de ces urnes dans les tombes
                                                            placées sous le sol des églises chrétiennes et dans des
                                                            cimetières chrétiens ; elles expliquent l’origine des
                                                            cendres et des charbons que quelques-unes renfer­
                                                            ment; enfin, elles nous apprennent que ces poteries,
                                                            faites à l’instar des antiques poteries gauloises et
                                                            romaines, sont cependant loin d’avoir l’antiquité des
                                                            poteries trouvées dans de véritables et anciens tom­
                                                            beaux gaulois ou romains, dont l’époque ancienne
                                                            est déterminée par les armes, les ustensiles et les
                                                            médailles qu’on y trouve. »

                                                              Quant à la petite poterie romaine, celle
                         Fig. 164. — Urne romaine oviforme,.
                                                            qui, comme nous l’avons vu, servait aux
                                                            usages de la cuisine et de la table, les
                                                            vases à boire les gobelets portaient des
                  est d’une pâte blanchâtre assez fine. Trou­
                                                            inscriptions dans le genre de celles que
                  vée dans le cimetière de Terre-Nègre, près
                                                            nous avons signalées chez les Grecs. Sur
                                                            les uns, on lit Impie (remplissez), sur d’au­
                                                            tres Ave (salut), sur d’autres encore Vive et
                                                            bibe multum (vivez et buvez beaucoup).
                                                              On possède le service de table de Por-
                                                            senna, roi d’Ëtrurie. Ces vases, étrusques
                                                            par conséquent, sont de toutes sortes de di­
                                                            mensions, mais les plats grands et profonds
                                                            dominent. Ces plats allaient au feu. Les
                                                            vases à rafraîchir le vin abondent, et si l’on
                                                            eût connu le vin de Champagne, du temps
                  Fig. 165 et 166. — Urnes romaines du Musée de Sèvres.
                                                            de Porsenna, il est à croire que les vases
                                                            pour le rafraîchir n’auraient pas fait défaut.
                                                               D’après le passage de Suétone, que nous
                  de Bordeaux, elle fait partie aujourd’hui du
                                                            avons cité plus haut (page 211), Vitellius fit
                  Musée céramique de Sèvres.
                                                            faire un si grand vase de terre pour prépa­
                    « On attribue ces urnes, ajoute M. Brongniart, et   rer en entier un poisson, que le potier fut
                  il me semble avec grande raison, à la fabrication   obligé de construire un four tout exprès pour
                  gallo-romaine, car elles participent des deux fabri­
                  cations en couleur, forme et façonnage, comme il   cuire ce vase de cuisine.
                  est facile de le voir en comparant cette troisième sé­
                  rie de poteries romaines avec les poteries gauloises.  Ce chapitre sur la céramique romaine
                    «Les chrétiens, sans adopter entièrement les usages
                                                            serait incomplet, si nous ne disions quel­
                  des Romains et des Gaulois, ont placé pendant long­
                  temps et jusque vers le xive siècle de petites urnes   ques mots de la plastique destinée à la dé­
   218   219   220   221   222   223   224   225   226   227   228