Page 105 - Les merveilles de l'industrie T1
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100                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                  Des verres, passons aux carafes.        fler les bouteilles. Il suffit de se reporter à
                  L’ouvrier ne peut, d’une seule fois, cueil­  cette figure pour comprendre la manière dont
                lir au bout de sa canne une quantité de verre   on souffle une carafe dans le moule de bois.
                assez grande pour fabriquer la carafe. 11 fait   Pour terminer la carafe, qu’elle ait été pré­
                alors ce qu’on appelle une poste; c’est-à-dire,   parée par le soufflage dans un moule ou par
                qu’après avoir cueilli d’abord autant de verre   le simple travail de la canne et des outils, il
                qu’il peut, il le roule sur le marbre, le souffle   faut que l’ouvrier, assis sur son banc, achève
                et obtient une poste. Il trempe cette poste   de donner à l’objet de cristal, toujours ra­
                dans le creuset, le verre s’y attache, et il la   molli par la chaleur, sa forme définitive.
                retire quand il a une quantité de matière suf- |   Nous représentons ici (fig. 84) l’ouvrier as­
                lisante pour souffler la carafe. 11 passe le j  sis sur son banc et donnant avec sa pince de
                verre sur le marbre, le souffle, le laisse pen­  bois et ses fers, la forme dernière que la ca­
                dre verticalement pour allonger le col, porte   rafe doit conserver.
                l’objet à l’ouvreau, le retire, forme le fond   La carafe est alors terminée, et il n’y a plus
                comme pour le gobelet, soude au centre du   qu’à la porter dans le four à recuire.
                fond une tige de fer, détache la canne au
                moyen d’un fer mouillé, réchauffe l’ouverture   Les deux exemples que nous avons choi­
                à l’ouvreau, façonne cette ouverture en tour­  sis, suffiront à faire comprendre comment
                nant sa canne sur les bardelles, relève les   on opère pour fabriquer les objets en cris­
                bords, les polit, et la carafe est faite.  tal de différentes formes. C’est toujours à
                  A Baccarat, et dans plusieurs cristalleries,   l’aide des outils que nous avons décrits, et par
                on souffle la carafe dans un moule en bois.  des manœuvres analogues à celles que nous
                                                          venons de faire connaître, que l’ouvrier souf­
                                                          fleur, assisté du gamin, crée les mille et un
                                                          objets qui sont du ressort de l’industrie du
                                                          cristal.





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                                                          TAILLE DU VERRE ET DU CRISTAL. — GRAVURE DU VERRE ET
                                                           DU CRISTAL. — GRAVURE DU VERRE ET DU CRISTAL A LA
                                                           MEULE. — GRAVURE A L’ACIDE FLUORHYDRIQÜE. — MÉ­
                                                           THODE DE M. KESSLER POUR LA GRAVURE DU VERRE PAR
                                                           l.’lMPRESSION ET PAR L’ACIDE FLUORHYDRIQÜE.
                                                            Les pièces de verre et de cristal ne sont pas
                                                          terminées quand elles sortent de l’atelier
                                                          du verrier; elles doivent, pour être achevées,
                                                          passer par l’atelier de la taille.
                Fig. 8 «. — Fabrication d'une carafe. Le verrier assis sur
                                son banc.                   Les pièces de verre commun ont peu de
                                                          travail à recevoir des mains de l’ouvrier tail­
                Nous avons décrit, en parlant de la fabrica­  leur. Souvent tout se borne à faire disparaître
                tion des bouteilles, la manière dont l’ouvrier   les arêtes tranchantes qu’elle conservent,
                souffleur, aidé du gamin, procède pour souf­  en les passant sur une meule de grès. Mais
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