Page 102 - Les merveilles de l'industrie T1
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LE VERRE ET LE CRISTAL                                  97

             Les blocs sont des pièces de bois présentant   Le souffleur en détache la canne, en mouil­
           une cavité dans laquelle l’ouvrier donne au   lant légèrement sa pincette et en l’appliquant
           verre la forme d’une boule ou d’une poire   sur la gorge qu’il a déterminée en A. Un coup
           plus ou moins allongée.                   sec donné sur le verre produit une rupture, et
             Le marbre est une plaque de fonte bien   l’objet inachevé, attaché au pontil, est porté
           plane et bien polie, sur laquelle le verrier   à l’ouvreau, pour le ramollir.
           roule la paraison de cristal, quand il l’a   Lorsqu’il est suffisamment réchauffé, le
           cueillie. L’ouvrier doit en avoir plusieurs   souffleur retire le pontil portant le verre;
           sous la main.                             il s’assied sur son banc, y pose son pontil,
             Tels sont les outils de l’ouvrier qui façonne   et le faisant lentement tourner de la main
           des objets en cristal. C’est avec leur aide   gauche, il coupe, de la main droite, le verre
           qu’il exécute les pièces les plus diverses et les
           plus délicates. Voyons-le maintenant à l’œu­
           vre, modeler comme une pâte le cristal ra­
           molli par le feu ; l’étirer, l’allonger, produire
           ici une moulure, là un’cordon, l’arrondir, lui
           donner toutes les formes qu’il désire, et qui
           varient de mille manières. Examinons, par
           exemple, comment se façonne un gobelet ou
           verre sans pied.
             L’ouvrier souffleur cueille le cristal, le              Fig. 76., 77.
           promène sur le marbre, et le souffle peu à peu,   Fabrication d’un verre sans pied : modelage du cylindre.
           en tenant sa canne tantôt horizontale, tantôt
                                                     à une hauteur convenable (fig. 76), qu’il a
           verticale, la paraison en l’air. Ensuite il re­  d’abord mesurée au compas. Il réchauffe une
           tourne sa canne, souffle de nouveau, en frap­
                                                     seconde fois, revient sur son banc, et, au
           pant le fond légèrement sur un marbre placé   moyen de ses fers à lames de bois, il façonne
           à terre. Il s’assied ensuite sur son banc, fait   le bord, l’arrondit, le polit, et ouvre le go­
           rouler sa canne, et détermine une gorge
                                                     belet de manière à donner au cylindre une
                                                     formeévasée (fig. 77).
                                                       Le gobelet terminé, le gamin prend le
                                                     pontil, et par un petit choc donné sur le cen­
                                                     tre de celui-ci, il en détache le gobelet qu’il
                                                    : porte ensuite au four de recuisson.
                                                       Quand ils ont été recuits, les gobelets sont
           Fig. 75. — Fabrication d’un verre sans pied : formation du   portés à la taillerie, où l’on fait disparaître,
                            cylindre.
                                                     en l’usant à la meule, la petite base de verre,
           en A (fig. 75), vers le nez de la canne, pen­  qui reste adhérente au fond après qu’on en a
           dant que le gamin, appuyant une palette sur   retiré le pontil.
           l’extrémité de la paraison, forme le fond du
           verre. Après ce travail, le cristal n’est plus   Après la fabrication d’un gobelet, suivons
           assez chaud pour continuer à être manié. Le   celle d’un verre à pied. Elle est plus difficile
           gamin prend alors un pontil B, garni à son   et demande beaucoup d’adresse.
           extrémité d’un boulon de verre pâteux, qu’il   Le souffleur cueille le cristal et le façonne
           applique au centre du fond. L’objet tient   en coupe, en tournant sa canne sur son banc.
           alors tout à la fois à la canne et au pontil.  11 donne, à l’aide de ses fers à lame de bois,
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