Page 71 - La Lecture Expressive
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Lecture 32. Le tapis <ffn)
IV
1. Tandis que les uns et les autres faisaient remarquer la beauté
de l'ouvrage, ses riches couleurs si agréablement mêlées et l'ingé-
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nieux caprice de ses dessins, la jeune femme, retenant ses larmes,
l'examinait en silence.
Elle s'écria tout à coup :
cc Il y a une inscription! ,i
2. Elle ne mit pas longtemps à en déchiffrer les lettres ; tous
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firent de même ; et, avec stupeur , ils lurent le nom du prince.
lis virent aussi que l'auberge du vieux pont était nommée dans
l'inscription.
C'est lui, dit-elle d'une voix tremblante, c'est lui qui a brodé
cette inscription ! Il nous appelle à son secours ! ,>
Le sultan demanda pourquoi le prince aurait ajouté à son nom
celui d'une auberge.
<( Quelque malheur, dit la princesse, a dû lui arriver à cet endroit.
Croyez-moi, seigneur, il nous appelle, et pas un instant ne doit
être perdu pour le secourir !. .. »
cc Peu importe ! dit le sultan ; ma bru a raison, c'est bien le cri
de mon fils en détresse que nous fait entendre l'inscription de ce
tapis. Sa vie est en danger : sauvons-le ! »
3. Sur l'ordr1t du sultan, une troupe armée se dirigea en toute
hâte vers l'auberge du vieux pont. Elle y parvint peu après les
deux bandits qui avaient reçu les cent livres d'or.
La maison fut aussitôt cernée, et les brigands, surpris, saisis,
garrottés , ne purent même pas essayer de se défendre.
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On envahit le cachot en enfonçant la porte de fer par où les ban-
dits avaient l'habitude d'y pénétrer, et on trouva le prince assis
à terre, commençant un nouveau tapis. On le fit sortir.
4. Le sultan ne tarda pas à arriver, avec sa bru, sa famille et sa
suite. Je vous laisse à penser combien il fut ému en serrant son
fils entre ses bras. Puis ce fut à la jeune femme de presser sur son