Page 208 - La Lecture Expressive
P. 208
202
Lecture 100. Abeille cconte> <sutte)
m. Vers le lac.
III
1. Un caillou arrêta leur marche. Il s'était logé dans le soulier
1
d'Abeille, qui se mit à clocher • A chaque saut qu'elle faisait, ses
boucles blondes s'agitaient sur ses joues, et elle alla, ainsi clochant,
s'asseoir sur le talus de la route. Là, son frère, agenouillé à ses
pieds, retira le soulier de satin : il le secoua, et un petit caillou blanc
en sortit.
Alors, regardant ses pieds, elle dit :
- Petit frère, quand nous retournerons au lac, nous mettrons
des bottes.
2. Le soleil s'inclinait déjà dans le firmament radieux 2 ; un souffie
de brise caressa les joues et le cou des jeunes voyageurs, qui, rafrai-
chis et ranimés , poursuivirent hardiment leur voyage.
3
Pour mieux marcher, ils chantaient en se tenant par la main,
et ils riaient de voir devant eux s'agiter leurs deux ombres unies.
Ils chantaient :
Marian' s'en allant au moulin,
Pour y faire moudre son grain,
Ell' monta sur son âne.
Ma p'tite m'sell' Marianne 1
Ell' monta sur son âne Martin
Pour aller au moulin ...
3. Mais Abeille s'arrête : elle s'écrie :
- J'ai perdu mon soulier, mon soulier de satin 1
Et cela était comme elle le disait. Le petit soulier, dont les cor-
4
dons de soie s'étaient relâchés dans la marche, gisait tout poudreux
sur la route.
Alors elle regarda derrière elle et, voyant les tours du château des
Clarides efTacées dans la brume lointaine, elle sentit son cœur se
serrer et des larmes lui venir aux yeux.