Page 258 - Histoire de France essentielle
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Lectures.                 250 —        PÉRIODE CONTEMPORAINE.

               entre le lac de Genève et la Lorraine. Mais à l’endroit où elles se re­
               joignent, une trouée de quelques lieues ouvre un passage. Belfort est
               postée en sentinelle à cette trouée.
                 Aussitôt après le 4 septembre, le commandement de Belfort fut confié
               à un officier républicain : le colonel Denfert-Rochereau.
                               (Camille Pelletan, De i8io à nos jours.)
                 Le 3 novembre, Denfert reçut du général allemand Tresliow une
               lettre menaçante, le sommant de capituler. Le colonel lui répondit la
               lettre suivante, deux fois française : par l’esprit et par le cœur :
                     « Général,
                « J’ai lu, avec toute l’attention qu’elle mérite, la lettre que vous
               m’avez fait l’honneur de m’écrire avant de commencer les hostilités.
               En pesant dans ma conscience les raisons que vous me développez, je
               ne puis m’empêcher de trouver que la retraite de l’armée prussienne
               est le seul moyen que conseillent à la fois l’honneur et l’humanité
               pour éviter à la population de Belfort les horreurs d’un siège.
                « Nous savons tous quelle sanction vous donnerez à vos menaces, et
               nous nous attendons, général, à toutes les violences que vous jugerez
               nécessaires pour arriver à votre but; mais nous connaissons aussi
               l’étendue de nos devoirs envers la France et envers la République, et
               nous sommes décidés à les remplir.
                                                « Colonel Denfert. »
                Voulant tenir les ennemis à distance le plus possible, le colonel, au
               lieu de s'enfermer dans ses murailles, avait occupé le terrain en avant
                                                  de la place. Des ouvrages
                                                   improvisés sous les yeux
                                                  de l’ennemi, incessam­
                                                   ment renouvelés, les obli­
                                                   gèrent à conquérir le
                                                   terrain pied à pied. Les
                                                   fréquentes sorties de la
                                                  garnison tenaient les
                                                  Prussiens en haleine et
                                                  ralentissaient leurs pro­
                                                  grès. Quand l’armistice
                                                  fut conclu, Belfort résis­
                                                  tait encore. Toutefois,
                                                  Denfert ne se rendit
                       Fig. 203. — Le Lion de Belfort.
                                                  que cinq jours plus tard
              (18 février), sur l’ordre formel du Gouvernement. 11 obtenait les hon­
              neurs de la guerre. Grâce à lui, Belfort, cette clef de nos frontières,
              resta française.
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