Page 242 - Histoire de France essentielle
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Lectures.              — 234 —         PÉRIODE CONTEMPORAINE.
               « qui a fait cela? Je le vois dans tes yeux, tu as envie que ce soit le
               « Français.... Eli bien! sois content : c’était le Français. »
                                                        (Bersot.)
                109e Lecture. — Misères cle l’armée française en Crimée.
                 Pendant l’hiver i854-55 les vents et la pluie régnèrent en perma­
               nence. Les chevaux étaient dans la boue. Le foin était placé devant
               eux sur le sol. Le vent en emportait une partie; une autre était foulée
               dans la boue. Le cavalier qui tenait à son cheval n’avait d’autre res­
               source que de prendre la ration de foin sous son manteau et de la lui
               faire manger brin à brin. L’insuffisance des rations réduisit bientôt les
               chevaux à se dévorer mutuellement leurs crinières, leurs queues, leurs
               couvertures, même les entraves de cuir qui servaient à les attacher.
                 Les hommes se nourrissaient de viande salée, de lard, de riz. de
               viande fraîche de temps à autre; mais le pain manquait. En échange,
               ils avaient du biscuit dur comme de la pierre, qu’il fallait piler ou
               trancher à coups de hache, et qui était plein de vers et couvert de
               moisissure. Pas de bois pour faire la cuisine. L’armée déterrait les
               souches et les racines. Cette tâche se compliqua quand le sol se couvrit
               de neige. On ne put tirer parti des vivres. Les soldats vécurent souvent
               deux jours de suite avec une espèce de soupe composée d’eau de café
               et de biscuit pilé. Ils la faisaient cuire au moyen de planchettes de
               sapin provenant des balles de foin. Ils se battaient jusqu’au sang pour
               conquérir un morceau de ces planchettes.
                 Ils ne pouvaient plus blanchir leur linge. Ils étaient couverts de
               vermine. Ils souffraient cruellement du froid. Le long des fossés gi­
               saient de distance en distance des hommes que le froid avait saisis et
               rendus incapables de continuer leur marche.
                               {Souvenirs d'un dragon de l’armée de Crimée.)















                                  Fig. 193. — Guerre d’Italie,
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