Page 130 - Histoire de France essentielle
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Lectures. — 124 — LES TEMPS MODERNES.
62e Lecture.—Dupleix aux Indes.
Madras était la capitale des posses
sions anglaises de l’Inde: Pondichéry,
celle des possessions françaises. Du
pleix, notre gouverneur général, s’ef
força de chasser les Anglais et d'établir
notre domination sur tout le pays. Sans
secours du gouvernement de Louis XV,
il dépensa dans la lutte tout ce qui lui
restait de ressources, la fortune de ses
parents et celle de ses amis. Accompa
gné de sa vaillante femme, la prin-
Fig. 117. — Dupleix. cesse Jeanne, qui parlait toutes les
langues de l’Inde, vêtus tous deux
splendidement comme les princes hindous, ils visitèrent tous les
chefs indigènes et les gagnèrent à notre cause. C’était notre prépon
dérance assurée. Mais les Anglais, furieux de leur défaite, exigèrent et
obtinrent de Louis XV le rappel de Dupleix. Celui-ci, rentré en France,
fut accueilli avec enthousiasme par le peuple, avec hypocrisie par la
cour. Il réclama en vain les treize millions qu’il avait prêtés et il
mourut misérablement « après avoir vu la chute de nos colonies et
l'abaissement de celte France qu’il avait rêvée si glorieuse ».
63e Lecture. — Mort de Montcalm.
Obligé de livrer un combat inégal sous les murs de Québec, Mont-
calm fut mortellement blessé. « Au moins, dit-il, je ne verrai pas les
Anglais entrer dans Québec. » Bien qu’agonisant, il oubliait sa dou
leur pour s’occuper de ses concitoyens. Il écrivit ces admirables lignes
au général ennemi : « Général, l’humanité des Anglais me rassure sur
le sort des prisonniers français et sur celui des Canadiens. Ayez pour
eux les sentiments qu’ils m’avaient inspirés. Qu’ils ne s’aperçoivent pas
qu’ils ont changé de maître. Je fus leur père; soyez leur protecteur. »
Le corps de ce héros repose à Québec, près du champ de bataille où
il est tombé. Il rappelle aux Canadiens devenus Anglais l'anciennepa -
trie qu’ils n’ont pas cessé d’aimer et dont ils parlent encore la langue.
{D’après Ch. Normand.)