Page 42 - Chartreuse de Vallon
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34 LA CHARTREUSE DE VALLON
tude le P. Procureur, il s'agenouille, place ses mains entre
les siennes, et prononce une formule dont nous trouvons
le texte plus ou moins identique dans un grand nombre
de documents.
L'albergataire reconnaît tout d'abord la juridiction sei-
gneuriale des PP. Chartreux sur lui-même et ses héritiers.
Puis il promet, en son nom propre et au nom de ses suc-
cesseurs, d'être leur « homme-lige, et féal censit », et de
conserver les biens dont il est investi. En outre, il s'en-
gage à leur être toujours fidèle et obéissant ; à « ne jamais
s'inscrire en bourgeois de ville, bourg ou chastellerie ; ni
se mettre en la sauvegarde et protection d'autres sei-
gneurs » ; enfin de travailler de toutes ses forces pour le
bien, et l'utilité des moines, et éviter tout ce qui serait
de nature à leur causer dommage.
Après cette déclaration, l'albergataire baise les pouces
du P. Procureur et celui-ci l'investit officiellement de la
propriété, en lui remettant, selon l'usage qui s'introduisit
peu à peu à Vallon, un petit bâton. Chaque habitant doit,
en prenant possession de l'héritage paternel, remplir cette
formalité. De la sorte, le nouvel albergataire devient
« homme-lige, censit et taillable n du monastère, il est
attaché à la juridiction des religieux, et ne peut plus, sans
autorisation, passer sous la domination d'un autre sei-
gneur. ::\lais, il est assuré d'un moyen de subsistance pour
lui et les siens, il est assuré de la protection de ses maîtres
en toutes circonstances ; il possède le maximum d'avan-
tages sociaux compatibles avec la légalité féodale de
l'époque.
Ces avantages ne sont cependant pas sans quelques
charges.
Une des principales consiste en deux journées de cor-
vée que chaque foyer doit au monastère : la première, au
temps des semailles; la seconde, à l'époque de la fenaison.