Page 39 - Chartreuse de Vallon
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LA  CHARTREUSE  DE  VALLON             33

                véritables  possesseurs.  Mais  ils  ne  pourront  point  vendre,
                donner,  ni  aliéner  ces  fonds  sans  le  consentement  des
                religieux,  et  cela  sous  peine  de  «  commise  ».  Par  cette
                peine,  l'albergataire  perdait  ses  droits  sur  la  propriété,  et
                celle-ci  faisait  retour  aux  seigneurs.
                   Les  moines,  d'ailleurs,  accordent  cette  permission  très
                facil1ement,  surtout  lorsque  ces  ventes  doivent  avoir  lieu
                entre  habitants  de  leur  domaine.  Il  en  est  autrement
                quand  il  s'agit  d'étrangers.  L'intention  des  seigneurs  de
                Vallon  est  d'éviter  le  morcellement  ou  l'émilettement  de
                leur  domaine  ;  ce  qui  serait  arrivé  infailliblement  si  des
                étrangers  avaient  pu  acquérir  la  propriété  de.  quelques
                parties  de  leurs  terres,  tout  en  continuant  d'appartenir  à
                quelque  autre  juridiction.
                   On  trouve  même  des  ventes  passées  par  les  hommes
                de  Vallon,  aux  religieux eux-mêmes.  C'est  ainsi  qu'en  1273,
                l>e  mardi  après  l' Annonciation,  Giroud  de  la  Joux  vend  au
                monastère  -  Dom  Pierre,  prieur,  acceptant,  -  tout  l'al-
                bergement  qu'il  possède  aux  ~fouilles,  pour  le  prix  de  4
                Ji vres  genevoises.
                   Ce  droit  personnel  de  propriété  se  transmet  automati-
                quement  des  premiers  albergataires,  à  tous  «  leurs  des-
                cendants  mâles,  19rocréés  en  lëgitime  mariage,  jusqn'à
                l'infini  ».  Dans  le  cas  où  l'un  des  albergataires  vient  à
                mourir,  ne  laissant  que  des  filles,  celles-ci  succèdent  à
               leur  père.  Et  à  leur  décès  ce  bien  fait  retour  au  couvent
               à  moins qu'elles  n'aient  épousé  des  hommes  die  même  con-
               dition  qu'elles-mêmes,  c'est-à-dire  des  habitants  de  Vallon.
                   Pour  devenir  albergataire,  l'habitant  doit  payer  un
               droit  d'entrée,  dit  :  «  introge,  ou  introït  »,  et  prêter  hom-
               mage  aux  sleigneurs.
                   L'introge  est  calculé  sur  la  valeur  de  la  propriété  (2).
               Quant  à  la  prestation  de  l'hommage,  elle  se  fait  de  la  ma-
               nière  suivante.  L'acheteur,  tête-nue,  et  sans  armes,  se  pré-
               s,ente  devant  le  délégué  des  religieux,  lequel  est  d'habi-

                  (2)  Dans  ce  cas,  l'acheteur  paie  un  droit  de  transmission  appelé  :
                «  laod,  ou  plaid·,  -  laudemium,  placitum  B  et  qui  ,·arie  selon  les  circons-
               tnnces.  Généralement  il  est  la  13•  partie  du  prix  d'achat.

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