Page 688 - Les merveilles de l'industrie T1
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684                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                 Avant d’être un volcan éteint, un volcan   rature des cavités souterraines d'où elle pro­
               a d’abord été en éruption. Commençons par   vient.
               donner la théorie des volcans actuels, on   Tels sont les phénomènes principaux que
               comprendra tout naturellement ensuite ce   présente une éruption volcanique et dont
               que doit être un volcan éteint.           nous donnons un spécimen par la vue de
                                                         l’Etna, le célèbre volcan de Sicile. Quelques-
                 Tous nos lecteurs connaissent assurément   uns de ces traits peuvent manquer, d’autres
               les traits généraux de ce grand phénomène   prédominer; mais aucun ne fait défaut dans
               naturel qui s’appelle une éruption volcani­  une éruption.
               que ; mais il ne sera pas hors de propos de   La théorie la plus ancienne, celle qui est
               les rappeler ici. On peut résumer en ces   encore généralement professée, explique ce
               termes les phénomènes qui composent une   phénomène par l’émission à l’extérieur, de­
               éruption volcanique :                     là partie liquide interne du globe terrestre.
                 1° Un tremblement de terre proprement   Tout semble prouver que l’intérieur de notre
               dit, ou du moins une agitation ou un ébranle­  planète, à partir d’une vingtaine de lieues de
               ment subit du sol qui environne la montagne   sa surface, est occupé par des matières en
               volcanique ;                              fusion, par une masse liquide incandescente.
                 2° Un dégagement énorme de vapeurs      Les géologues nous représentent le globe
               d’eau, accompagné d’une émission tout aussi   terrestre comme une sphère qui fut entière­
               abondante de gaz, composés surtout d’acide   ment liquide, et qui aujourd’hui est solidi­
               carbonique et d’acides sulfureux et chlorhy­  fiée à sa surface. Par une juste et frappante
               drique ;                                  comparaison, ils nomment écorce du globe
                 3° Une pluie d’eaux bouillantes, qui pro­  cette légère croûte résistante et solide, qui
               vient de la condensation au milieu de l’air,   forme le sol de notre planète. On peut donc
               des vapeurs d’eau lancées du cratère ;    se figurer le sol que nous foulons aux pieds,
                 4° Un dégagement considérable d’électri­  comme une sorte de radeau flottant sur un
               cité, qui se traduit par des éclairs immenses   océan de feu. Il est dès lors facile de com­
               et prolongés, accompagnés de véritables   prendre que cette masse liquide puisse, de-
               coups de tonnerre ;                       temps en temps, triompher de la résistance
                 5° Une projection de matières terreuses,   de l’enveloppe solide qui la contient et la
               qui consistent surtout en pierres ponces po­  presse. Quand, par une cause particulière,
               reuses, et qui composent tantôt de véritables   les mouvements tumultueux du liquide
               blocs, du volume de quelques décimètres,   intraterrestre viennent à triompher de la
               sortes de projectiles naturels qui sont lancés   cohésion et du poids de cette enveloppe, il
               à de grandes distances, tantôt une simple   doit se produire à l’extérieur de grands et.
               poussière grisâtre, nommée communément    redoutables phénomènes.
               cendres, et qui n’est autre chose que la    Si les flots incandescents de l’océan inté­
               pierre ponce divisée en particules très-fines   rieur viennent à heurter la croûte terrestre
               par l’interposition de la vapeur d’eau ;  par sa face intérieure, il y aura, sur une
                 G0 Enfin l’épanchement d’une matière    étendue variable, tremblement de terre. Si la
               rouge de feu, qui coule tantôt du sommet du   pression exercée par les laves sous-jacentes a
               cratère, tantôt d’une fissure latérale, et qui   assez de puissance pour rompre l’écorce
               n’est autre chose que la substance même du   terrestre, et établir, par cette fracture, une
               sol profond, comme le basalte et le trachyte,   communication directe entre l’intérieur du
               fondue par l’excessive élévation de tempé­  globe et sa surface, les laves, c’est-à-dire les
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