Page 456 - Les merveilles de l'industrie T1
P. 456
452 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE
tasse. Qu’ils soient formés avec des graisses ne doit plus y avoir de grumeaux. Dès qu’on
ou avec des huiles, ils restent toujours mous en est à ce point, il ne reste plus qu’à donner
et pâteux. Dans le commerce, on les connaît à la matière la cuisson convenable. Le sa
également sous le nom de savons noirs ou vonnier juge du degré de cuisson à l’épais
de savons verts. sissement, à la couleur, et au temps que le
La cause de la différence qui existe entre savon met à se figer.
les savons à base de soude et ceux à base Le savon mou le plus recherché est d’un
de potasse, c’est leur mode respectif de brun tirant sur le noir.
combinaison avec l’eau. Cette couleur est, d’ailleurs, tout artifi
cielle. Les savonniers de la Flandre, où
« Les premiers, dit M. Dumas, dans son Traité de
Chimie absorbent une grande quantité d’eau, et la s’exerce surtout cette industrie, avant de
solidifient ; les autres s’unissent aussi avec une plus terminer la cuisson, colorent le savon, en
grande quantité d’eau, mais restent mous : cette jetant dans la chaudière 500 grammes de sul
moindre cohésion les rend beaucoup plus solubles, fate de fer, 250 grammes de noix de galle,
aussi est-il impossible de les séparer de la lessive, et
l’opération du relargage ne peut-elle être pratiquée, et 250 grammes de bois de campêche, qu’on
à moins qu’on n’emploie pour cela des lessives très- a fait bouillir avec de la lessive. Or le sul
salées. Mais dans ce cas, il S’effectuerait une double fate de fer, le bois de campêche et la noix
décomposition; la soude remplacerait la potasse, et
les savons en seraient durcis. » de galle produisent, par leur mélange,
un précipité noir qui n’est autre chose que
Nous décrirons en peu de mots la fabri l’encre. Le savon noir de Flandre est donc
cation des savons mous. coloré réellement par de l’encre.
Les huiles généralement employées dans Lorsque le savon est fait avec de Y huile
la fabrication du savon mou, sont celles que jaune, on lui donne une couleur verte en
l’on extrait des graines oléagineuses. versant dans la lessive une dissolution d’in
Les chaudières sont composées de plaques digo.
de fer battu, rivées les unes aux autres. Ce savon reste toujours à l’état de pâte
On commence par mettre dans la chau molle, ce qui force le fabricant de l’expédier
dière la moitié de l’huile qu’on destine à | dans des tonneaux.
une cuite. On allume le feu, et lorsque l’huile D’après tout ce qui vient d’être dit, on voit
commence à être chaude, on y mêle de la que le savon mou est préparé sans relargage
lessive. On porte à l’ébullition, et peu à peu ni épinage. L’huile et la lessive forment un
on ajoute le reste de l’huile et de la lessive. tout, qui prend une consistance convenable,
Si l’on commence par employer trop de si l’on a soin de saturer la pâte de la quan
lessive, la liaison ne se fait pas; si les les tité d’alcali strictement nécessaire pour
sives sont trop fortes, le mélange se résout opérer la complète saponification de l’huile.
en grumeaux ; si elles sont trop faibles, la Selon M. Dumas :
liaison reste imparfaite. 200 parties d’huile exigent pour leur sa
La quantité de lessive qu’on emploie dans ponification :
une cuite est dans le rapport de huit à 72 de potasse d’Amérique en lessive
cinq par rapport à celle de l’huile : marquant 15° à l’aréomètre.
200 parties d’huile et 125 de potasse Et l’on obtient environ 400 parties de sa
fournissent 325 parties de savon mou. von bien cuit.
Lorsque la liaison est bien faite, et que D’après le docteur Ure, 200 parties d’huile
les grands bouillons de liquide sont passés, peuvent donner 460 parties de bon savon, en
la matière doit s’éclaircir, c’est-à-dire qu’il ' moyenne. Au reste, les savons verts ou noirs*