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                      2° En chauffant l’oxyde de plomb (li­   manifeste, au moment de la combinaison,
                    tharge) avec les huiles et les graisses, mé­  un boursouflement considérable de la
                    langées d’une certaine quantité d’eau.    masse. Cet effet provient du dégagement du
                      Les emplâtres préparés par ce dernier   gaz acide carbonique que la litharge con­
                    moyen, c’est-à-dire avec le secours de la cha­  tient toujours, etqui se dégage quand l’acide
                    leur, et en mettant en présence, par l’inter­  gras, se combinant à l’oxyde de plomb, dé­
                    médiaire de l’eau, les graisses et l’oxyde de   compose le carbonate de plomb. Cet acide
                    plomb, sont les plus usités ; seulement leur   carbonique avait été lui-même emprunté à
                    préparation exige des soins particuliers.  l’acide carbonique de l’air, qui avait fait
                      On fait bouillir ensemble de l’huile d’o­  passer en partie la litharge à l’état de car­
                    live, de la graisse de porc et de la litharge,   bonate de plomb.
                    prises à parties égales, avec addition d’une   On continue de chauffer jusqu’à ce que
                    quantité indéterminée d’eau. Le mélange,   l’oxyde de plomb soit entièrement saponifié
                    de rouge qu’il était, commence par passer   par le corps gras et que l’emplâtre ait acquis
                    à la couleur rose ; ensuite il prend une   une couleur brune. On laisse alors la masse
                    teinte blanc grisâtre. Enfin il acquiert beau­  emplastique se refroidir à demi, et on la
                    coup de blancheur et de consistance. Il faut   verse dans des moules de papier.
                    ajouter de l’eau au mélange, à mesure que   On nomme, en médecine et en pharma­
                    celle qui est placée dans la bassine dispa­  cie, emplâtre diapalme un emplâtre détersif
                    raît par l’évaporation.                   et résolutif.
                      Pour s’assurer de la cuite de l’emplâtre,   On le préparait autrefois en remplaçant
                    on en coule un peu dans l’eau froide. Lors­  l’eau, qui sert à la préparation de l’emplâtre
                    qu’on n’y aperçoit plus de litharge, et qu’en   simple, par une décoction de feuilles ou
                    le malaxant, l’emplâtre n’adhère plus aux   régime de palmier : de là est venu son nom
                    doigts, on juge que l’opération est achevée.   de dia-palme. Aujourd’hui on le confec­
                    On le sépare alors de l’eau, qui n’a servi   tionne en faisant un mélange d’emplâtre
                    que de bain-marie.                        simple, de cire et de sulfate de zinc. Ce der­
                      Cette eau est trouble et a une saveur su­  nier sel blanchit le mélange, parce qu’il se
                    crée, car elle contient la glycérine, qui   forme, par double décomposition, du savon
                    prend toujours naissance dans la saponifica­  de zinc et du sulfate de plomb, qui sont
                    tion d’un corps gras, ainsi que nous l’avons   blancs tous les deux.
                    expliqué dans le chapitre consacré à la théo­  Cet emplâtre a l’inconvénient de durcir
                    rie chimique de la saponification.        beaucoup, et de se foncer en couleur, sur­
                      On malaxe l’emplâtre dans l’eau froide,   tout à la surface. 11 diminue aussi de poids,
                    et on en forme de petites masses, désignées   en perdant l’humidité qu’il contienttoujours,
                    sous le nom de magdaléons.                quelque soin qu’on ait mis à le malaxer.
                      Il ne faut pas préparer beaucoup d’em­  Cette disparition de l’eau est la cause de la
                    plâtre simple à la fois, car il rancit au bout   couleur foncée que cet emplâtre acquiert
                    de quelques mois.                         par le temps. C’est pour cette même raison,
                      L’emplâtre brûlé (onguent de la mère),   d’ailleurs, que les savons ordinaires à base
                    s’obtient en faisant chauffer des graisses jus­  de soude noircissent un peu avec le temps.
                    qu'à ce qu’elles fument; ce qui indique
                    qu elles commencent à se décomposer par      Savon retiré des eaux ayant servi au sa­
                    l’excès de chaleur. Alors seulement on y   vonnage. — Chaptal avait proposé depuis
                    ajoute de la litharge bien pulvérisée. Il se   longtemps de retirer le savon en nature en
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