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456 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
ciées, et que la pâte du savon soit douce, entre les mêmes rouleaux un nombre suffi
onctueuse et bien liée. sant de fois, et quand on juge que l’opéra
Dans l’ancienne parfumerie le broyage tion est terminée, on presse un bouton qui
s’opérait dans des mortiers de marbre, avec écarte la lame ou râteau, P. Cette lame rete
des pilons de bois, et il fallait des journées nait le mélange dans l’appareil; quand elle
entières, ainsi que de grandes dépenses de s’écarte, la pâte tombe dans la caisse R.
force pour triturer 15 ou 20 kilogrammes On s’occupe de recharger la broyeuse-
de matière. Aujourd’hui l’opération s’exé mélangeuse d’une nouvelle quantité de co
cute par des machines, que l’on nomme peaux de savon, et on retire de la caisse R
broyeuses-méldngeuses. la pâte qui est parfaitement liée et homo
11 y a plusieurs modèles de machines gène, et n’a plus qu’à être mise en pains
broyeuses-mélangeuses, mais toutes se rédui ou pelotes.
sent à faire passer la pâte entre des rouleaux Pour obtenir les pains ou pelotes, on pose
qui l’écrasent et la laminent. En employant la pâte savonneuse préparée dans la ma
plusieurs couples de rouleaux, on peut aug chine que nous venons de décrire, sur une
menter dans la même proportion l’intimité plaque de marbre.
du mélange ; aussi dans les machines ac A l’aide d’un couteau, on divise cette
tuelles fait-on usage de quatre ou cinq de masse de savon en petits pains, qui sont
ces couples de rouleaux ou cylindres. successivement pesés et auxquels on donne
Nous représentons ici {fig. 318) une ma un poids de 25 à 30 p. 100 plus élevé que
chine broyeuse-mélangeuse qui est très-em le poids net que le savon doit définitive
ployée dans les fabriques de Paris. Voici ment avoir, et cela dans le but de com
l’explication du jeu de ses rouages. penser la perte que le savon doit éprouver
Trois paires de cylindres, tournant chacun par la dessiccation et les diverses manipu
en sens inverse et dont les roues motrices lations qu’il doit subir.
sont représentées par les lettres A,C,D écra Lorsque les pelotes sont pesées, elles
sent le mélange de savon de matière colo sont placées sur le marbre et on les arron
rante et de parfum. Les copeaux sont intro dit en boules. Ces boules deviennent en
duits dans la caisse, N, et s’engagent dans le suite des cylindres lorsqu’on les roule dans
couple des cylindres inférieurs. Par leur le même sens sur la table de marbre ; enfin
mouvement de rotation, ces cylindres, après on les frappe en divers sens pour les équar-
avoir laminé le savon, le font remonter au rir.
couple supérieur de cylindres, et par le Lorsque les petits pains ont été ainsi fa
même effet jusqu’aux cylindres terminaux. çonnés et ont reçu la forme définitive qu’on
De petits volants, II, H', règlent le serrage leur destine, on les dépose sur les plan
des deux cylindres, au moyen d’une vis sans chettes d’une étagère, en laissant entre eux
fin. La pâte sortant de ce couple supérieur une distance de quelques centimètres, afin
retombe dans la caisse, M. Celle-ci, à un qu’ils restent soumis à l’action desséchante
moment donné, s’ouvre et laisse tomber de de l’air.
nouveau la masse du savon déjà broyée et Après quelques jours on voit apparaître
laminée dans la caisse N, d’où elle repasse sur chaque morceau de savon une croûte
entre les cylindres inférieurs, pour reiïion- dure. On attend ce moment pour introduire
ter au même couple des cylindres supé ces morceaux dans un moule, où par la pres
rieurs, et y être soumise à un nouveau sion on leur donne à peu près la forme qu’ils
broyage. On réitère ce passage de la pâte doivent avoir. Après quelques jours on les