Page 460 - Les merveilles de l'industrie T1
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                     ciées, et que la pâte du savon soit douce,   entre les mêmes rouleaux un nombre suffi­
                     onctueuse et bien liée.                   sant de fois, et quand on juge que l’opéra­
                       Dans l’ancienne parfumerie le broyage   tion est terminée, on presse un bouton qui
                     s’opérait dans des mortiers de marbre, avec   écarte la lame ou râteau, P. Cette lame rete­
                     des pilons de bois, et il fallait des journées   nait le mélange dans l’appareil; quand elle
                     entières, ainsi que de grandes dépenses de   s’écarte, la pâte tombe dans la caisse R.
                     force pour triturer 15 ou 20 kilogrammes    On s’occupe de recharger la broyeuse-
                     de matière. Aujourd’hui l’opération s’exé­  mélangeuse d’une nouvelle quantité de co­
                     cute par des machines, que l’on nomme     peaux de savon, et on retire de la caisse R
                     broyeuses-méldngeuses.                    la pâte qui est parfaitement liée et homo­
                       11 y a plusieurs modèles de machines    gène, et n’a plus qu’à être mise en pains
                     broyeuses-mélangeuses, mais toutes se rédui­  ou pelotes.
                     sent à faire passer la pâte entre des rouleaux   Pour obtenir les pains ou pelotes, on pose
                     qui l’écrasent et la laminent. En employant   la pâte savonneuse préparée dans la ma­
                     plusieurs couples de rouleaux, on peut aug­  chine que nous venons de décrire, sur une
                     menter dans la même proportion l’intimité   plaque de marbre.
                     du mélange ; aussi dans les machines ac­    A l’aide d’un couteau, on divise cette
                     tuelles fait-on usage de quatre ou cinq de   masse de savon en petits pains, qui sont
                     ces couples de rouleaux ou cylindres.     successivement pesés et auxquels on donne
                       Nous représentons ici {fig. 318) une ma­  un poids de 25 à 30 p. 100 plus élevé que
                     chine broyeuse-mélangeuse qui est très-em­  le poids net que le savon doit définitive­
                     ployée dans les fabriques de Paris. Voici   ment avoir, et cela dans le but de com­
                     l’explication du jeu de ses rouages.      penser la perte que le savon doit éprouver
                       Trois paires de cylindres, tournant chacun   par la dessiccation et les diverses manipu­
                     en sens inverse et dont les roues motrices   lations qu’il doit subir.
                     sont représentées par les lettres A,C,D écra­  Lorsque les pelotes sont pesées, elles
                     sent le mélange de savon de matière colo­  sont placées sur le marbre et on les arron­
                     rante et de parfum. Les copeaux sont intro­  dit en boules. Ces boules deviennent en­
                     duits dans la caisse, N, et s’engagent dans le   suite des cylindres lorsqu’on les roule dans
                     couple des cylindres inférieurs. Par leur   le même sens sur la table de marbre ; enfin
                     mouvement de rotation, ces cylindres, après   on les frappe en divers sens pour les équar-
                     avoir laminé le savon, le font remonter au   rir.
                     couple supérieur de cylindres, et par le     Lorsque les petits pains ont été ainsi fa­
                     même effet jusqu’aux cylindres terminaux.   çonnés et ont reçu la forme définitive qu’on
                     De petits volants, II, H', règlent le serrage   leur destine, on les dépose sur les plan­
                     des deux cylindres, au moyen d’une vis sans   chettes d’une étagère, en laissant entre eux
                     fin. La pâte sortant de ce couple supérieur   une distance de quelques centimètres, afin
                     retombe dans la caisse, M. Celle-ci, à un   qu’ils restent soumis à l’action desséchante
                     moment donné, s’ouvre et laisse tomber de   de l’air.
                     nouveau la masse du savon déjà broyée et    Après quelques jours on voit apparaître
                     laminée dans la caisse N, d’où elle repasse   sur chaque morceau de savon une croûte
                     entre les cylindres inférieurs, pour reiïion-   dure. On attend ce moment pour introduire
                     ter au même couple des cylindres supé­    ces morceaux dans un moule, où par la pres­
                     rieurs, et y être soumise à un nouveau    sion on leur donne à peu près la forme qu’ils
                     broyage. On réitère ce passage de la pâte   doivent avoir. Après quelques jours on les
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