Page 448 - Les merveilles de l'industrie T1
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hlî                    MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                       tains arbres, tels que le Pin, le Sapin, le |   Cette essence trouve de nombreux em­
                       Mélèze, le Lentisque, le Térébinthe, etc. On   plois dans l’industrie.
                       obtient plus facilement les résines en prati­  Le résidu des matières, plus ou moins so­
                       quant dans l’écorce des arbres qui les ren­  lides, restées au fond de la chaudière, étant
                       ferment, des incisions profondes et longitu­  coulé dans du sable, forme une masse, qui
                       dinales.                                  prend le nom A' arcanson. C’est cet arcanson
                         Dans le commerce, les résines portent ha­  qui est employé dans la préparation des sa­
                       bituellement le nom de térébenthines. La   vons résineux.
                       térébenthine de Venise provient du Pinus    Les savons résineux ne sont pas destinés
                       larix (mélèze). La térébenthine de Suisse,   à être employés purs. Ils ne servent qu’à
                       recueillie principalement dans le Tyrol, ex­  entrer dans la composition des savons jau­
                       sude du Pinus picea. Celle de Bordeaux pro­  nes ou bruns, et de plusieurs savons de toi­
                       vient du Pinus maritima, qui croît dans les   lette. En effet, la résine seule ne formerait
                       terrains avoisinant la mer, et surtout dans   avec les lessives caustiques de potasse ou de
                       les landes de la Gironde. La résine du pin   soude que de bien mauvais savons. Il faut
                       de la Gironde est connue particulièrement   donc, pour tirer parti des résines dans la
                       sous le nom de galipot.                   fabrication des savons, leur adjoindre du
                         La térébenthine doit être achetée en sortes,   suif ou d’autres substances grasses.
                       c’est-à-dire choisie avec soin et sans mé­  Ce sont ces manipulations particulières
                       langes terreux.                           que nous allons décrire.
                         Le galipot se retire de la résine du pin de
                       la Gironde. Soumise à la distillation, cette   Les Anglais sont arrivés à préparer un
                       résine donne l’huile essentielle qu’elle ren­  savon de suif et de résine très-apprécié, par
                       ferme, c’est-à-dire \ essence de térébenthine,   une méthode aussi expéditive qu’écono­
                       ■et laisse comme résidu la résine connue   mique. Voici, d’après M. Lormé, les pro­
                       sous le nom de colophane, ou àéarcanson.  portions de matières que les fabricants de
                         Voici comment se préparent ces deux im­  l’Angleterre emploient pour préparer leur
                       portants produits de notre industrie, c’est-   savon jaune, ou savon résineux.
                       à-dire l’essence de térébenthine et Xarcan-
                       son, ou colophane.                           Suif blanc............................. 490  kilogrammes.
                         On prend le galipot, c’est-à-dire la ré­  Huile de palme..................... 100  —
                                                                   Résine en poudre...............  200  —
                       sine brute du pin ; on la fait fondre au
                                                                    Lessive caustique de soude. 700 litres à 25°.
                       feu, et on la fait passer à travers un filtre
                       de paille, qui retient la matière terreuse.   On introduit toutes ces matières en même
                      On place la résine ainsi recueillie dans   temps, dans une vaste chaudière autoclave,
                       des appareils distillatoires, en la mêlant à   et on soumet le mélange à une ébullition
                       une certaine quantité d’eau. Pendant toute |   d’une heure, sous une pression de deux at­
                       la durée de la distillation, un filet d’eau   mosphères, ce qui correspond à une tempé­
                      coule dans la chaudière, pour remplacer    rature de 122° centigrades. Au bout de ce
                       celle qui s’évapore. Les deux vapeurs d’eau   temps, le savon étant entièrement cuit, on
                       et d’essence de térébenthine se condensent   le coule dans les mises, où il se prend en
                       ensemble dans des récipients refroidis qui   masse par le refroidissement (1).
                       font suite à l’alambic.                     M. Lormé, après avoir rapporté ce pro-
                         L’essence de térébenthine, qui est plus
                       légère, surnage, et on l’enlève.           (1) Manuel du Savonnier.
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