Page 41 - Decrets mars
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Le voiturier Olivier qui, voyant son cheval s'effrayer du
brnil et de l'attroupeme11t, était allé eu atteler un autre, appa-
rait presque aussitot après. Il est hué, sifflé : les jeunes gens
qui ont escaladé les murs et ne cessent de crier : A bas les
décrets! Vivent les Pères, entounent à son adresse la chanson
<lu beau Nicolas.
EXPULSIO:'i' DU 1\, P. FHÉDÉlllC, GAIIDIEN
Cellule N° 12. Saint-Sylvain. - Poursuivaut le cours de
ses perquisitions, le sous-préfet qui a tant de fois joué de
malheur, arrive enfin devant la cellule <lu R. P. Frédéric. Il
fait entendre encore la sommation usée : Au nom de la loi,
ouvrez ! - Qui êtes-vous Y - Le sous-préfet <le Thonon. -
Que voulez-vous Y - Siguifier votre men<lat d'expulsion. -
Vous faites erreur, je n'ai commis ni crime ni délit. .. je suis
chez moi, j'y reste. - • Enfoncez ! »
La porte cède an levier. M. Carion se trouve en face du
R. P. Gardien, <le nombreux membres du clergé, de M. le
comte Benoit <le Boigne, de M. le comte Amédée de Foras et
de plusieurs autres laïques. - Je viens vous signifier de sor-
tir ... - • .le ne vous comprends pas, lU. le sous-préfet, le com-
missaire de police s'est présenté chez moi les 8et 9 Juin passés,
mandaté du procureur lie la République, M. Tonbain, pour me
demander si nous étions autorisés. Je lui ai répondu affi1 rnati-
ment, l'administration ne m'a fait aucune réponse et vous venez
sans autre constatation me sortir d'ici?... » - « Finissez votre
comédie ... - Finissez la votre plutôt, et ne changez pas les
rôles si audacieusement. .. nous sommes chez nous, nous refu-
sons de sortir.• - Gendarmes, faites évacuer cette chambre ... »
- « Un moment! interrompt M. Amédée de Foras, et se re-
dressant de toute sa hauteur, d'une voix lente, passionnée,
laissant tomber chaque mot comme s'il comptait des espèces
sonnantes, il fait subir à l'agent acculé entre la porte et le
mur, cette protestation basée toute entière sur la jurisprndence: