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LA GUERRE PSYCHOLOGIQUE

E Service de la Guerre Psychologique Simultanément, des bombardiers Wel­ l’aviation alliée permirent d’obtenir la
de l’Etat-Major des Forces Expédi­ lington de la R.A.F. et des appareils de reddition de l’île avant même que les
tionnaires Alliées est un organisme la 8e Air Force Américaine, partant de troupes de débarquement fussent arri­
qui fonctionne depuis déjà long- leurs bases situées en Angleterre, avaient vées à pied d’œuvre. Puis vint l’invasion
temps et dont la principale attribution commencé de lancer des tracts sur les victorieuse de la Sicile, et le début de
consiste à organiser des campagnes de lignes allemandes et italiennes, tracts la longue remontée des troupes alliées
propagande contre les Allemands. Dès destinés à agir sur le moral des troupes dans la péninsule italienne. Au cours de
avant le débarquement et en accord avec ennemies. ces opérations, les lancements de tracts
les directives fixées par les Services C’est à cette époque que fut utilisé furent opérés à la fois par l’artillerie et
compétents des Gouvernements Britanni­ pour la première fois le fameux sauf- par l’aviation.
ques et Américains, ces offensives psy­ conduit grâce auquel les soldats Alle­ La technique de lancement par canons
chologiques avaient commencé et de nom­ mands et Italiens qui voulaient se rendre, -—fut considérablement amélioré et c’est
breux prospectus avaient été lancés sur pouvaient se présenter aux lignes alliées encore cette technique qui prévaut actu­
les territoires ennemis ou occupés par avec toute la sécurité voulue. Ce sauf- ellement sur le front de l’Ouest, en Hol­
l’ennemi. conduit fut particulièrement efficace au lande, en France et en territoire alle­
La R.A.F. profitait alors de ses vols cours des derniers jours de la bataille mand.
d’entrainement àu-dessus du Reich pour de Tunisie et il eut auprès des troupes Pendant les mois d’hiver des années
arroser le territoire nazi d’une littérature italiennes un grand succès que les Ara­ 1943-1944, le Service de la Guerre Psy­
que les dirigeants allemands jugeaient bes surent d’ailleurs exploiter en ven­ chologique de l’Etat-Major suprême des
particulièrement dangereuse. dant ces sauf-conduits au marché noir Forces Expéditionnaires Alliées fut en­
Depuis cette époque, les Pays occupés et en réalisant ainsi de substantiels bé­ tièrement réorganisé. Devant le dévelop­
de l’Europe et le territoire allemand ont néfices. pement pris par ce genre d’opérations,
subi presque sans interruption cette of­ La Tunisie conquise, vint le tour de . une section spéciale chargée de la rédac­
fensive psychologique menée à la fois l’île de Pantellaria. A l’occasion de l’at­ tion et de la diffusion des tracts fut éta­
p r la R.A.F. et par la 8» Air Force Amé­ taque de cette place forte italienne, l’of­ blie en liaison avec les différents quar­
ricaine. En vérité, l’effet de ces tracts fensive de lancements de tracts fut soi- tiers généraux et les Commandements
était à long terme ; ils n’étaient liés à gneusement réglée d’avance; elle le fut de l’artillerie et de l’aviation.
aucun objectif stratégique immédiat mais si bien que les prospectus lancés par Les expériences de la guerre d’Italie ;
ils étaient destinés, dans le aussi bons qu’en furent les
cas des Pays occupés, à ren­ SI LE PROSPECTUS ATTEINT L'OBJECTIF ASSIGNÉ EN TEMPS VOULU résultats, avalent cependant
forcer le moral de la popu­ IL PEUT DEVENIR UN AUXILIAIRE UTILE DES BOMBES EXPLOSIVES démontré que les méthodes
lation et dans le cas de l’Al­ employées pour la dissémi­
lemagne à l’affaiblir au con­ nation des prospectus par
traire, en révélant aux Alle­ la voie des airs, étaient en­
mands la vérité sur la mar­ core loin d’être absolument
che des opérations, sur la satisfaisantes.
puissance croissante de leurs Les prospectus étaient lan­
adversaires et en leur don­ cés par paquets liés par une
nant des renseignements simple ficelle qui se défaisait
suggestifs sur les chefs na­ sous le souffle de l’hélice de
zis. l’avion distributeur. Une fois
Lorsque la campagne d'A­ que la ficelle était brisée,
frique du Nord fut déclan­ les prospectus s’éparpillaient
chée en novembre 1942, le dans l’air et volaient jus­
Général Eisenhower créa au qu’au sol. On conçoit donc
sein de son Etat-Major une que leur destination finale
section spéciale qui prit la dépendait entièrement de
dénomination de I.N.C. (In­ l’allure à laquelle ils étaient
formations, Nouvelles et Cen­ lancés et de l’orientation du
sure). Le département « In­ vent. La majeure partie des
formations » de 1’1.N.C. fut tracts lancés sur le théâtre
par la suite connu sous le d’opération méditerranéen
nom de « Section de la Guer­ au cours des premiers jours
re psychologique ». Les dé­ de la campagne, étaient
buts de cette Section furent transportée par des avions
modestes dans le domaine Wellington qui lâchaient
du lancement des tracts, leur cargaison à une altitude
mais néanmoins, alors que variant entre 300 et 5.000 mè­
la Campagne de Tunisie bat­ tres. Les équipages libé­
tait son plein, elle avait dé­ raient leurs paquets de tracts
jà fait d’excellent travail en de telle façon que le vent se
appuyant l’offensive des ar­ chargeait lui-même de la
mes par une offensive iho- distribution sur les zones
rale dont les effets furent visées ; par exemple, si le
très satisfaisants. but à atteindre était la ville
Un officier Britannique de Naples et si le vent souf­
avait redécouvert l’idée de flait du large, les équipages
lancer des prospectus au lâchaient les prospectus à
moyen de pièces d’artillerîe. quelques distances en mer
On sait que cette pratique afin que le vent transporte
avait été utilisée pour la ceux-ci jusque dans la ville.
première fois au cours de Cette méthode empirique
la guerre 1914-1918. eut souvent pour résultat,

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