Page 148 - RI3_Francs_tireurs
P. 148

avec  le  débarquement,  une  consigne  radiophonique  chiffrée
         semble avoir  appelé diverses  forces  de  la  Résistance  jusqu'ici
         inactives,  à  passer à  l'action  aux fins  d'occuper  des  agglomé-
         rations  ou  des  parties  de  territoire.  Ainsi,  par  un  curieux
         « gauchisme »  les  forces  attentistes  pratiquaient  une  suren-
         chère  criminelle.  Des  mobilisations  furent  opérées,  des  direc-
         tives  contradictoires  données,  entraînant  certaines  fausses
         manœuvres. Malheureusement certaines eurent des conséquen-
         ces  graves.  Dans  l'Ain,  dans  le  Vercors,  des  occupations  de
         villes  eurent  lieu  qui  ne  purent  être  maintenues.  Réalisées
         sans  le  soutien  des  masses,  ces  actions  prématurées  furent
         annihilées  par  l'ennemi.  Pour  avoir  voulu  trop  bien  faire  et
         trop  tôt,  les  maquis  de  l'Ain  et  du  Vercors  furent  détruits  et
         la  Résistance  dans  ces  régions  ne  s'en  relèvera  pas.
             En  Haute-Savoie,  notre  C.M.R.  avait  prévu  les  dangers
         de  semblables  opérations.  Il  craignait,  à  juste  titre,  que  le
         manque  de  liaison  rapide  entre  chaque  unité  puisse  nous
         amener  à  engager  la  lutte  à  découvert  sur  certains  points  ce
         qui  permettrait  aux  boches  de  rééditer  la  répression  sur  une
         grande  échelle.
             Pendant  le  mois  de  mai,  des  recommandations  furent  fai-
         tes  à  tous  nos  commandants  de  compagnie.  Au  moment  du
         débarquement,  seul  le  2•  bataillon  du  1 °'  Sous-Secteur  se
         lança  à  l'aventure,  influencé  par  ses  subordonnés,  impatients
         d'engager la  bagarre.  Le  chef  de  bataillon  mobilisa 250 hom-
         mes  pour  gagner  les  Voirons.  Malheureusement  un  grave  in-
         cident eut  lieu  dans  la  nuit.  Deux  forts  groupes  se  rendaient
         chacun  à  11n  point  de  rassemblement  particulier,  ils  se  ren-
         contrèrent  dans la campagne.  Les  mots de  passe étaient diffé.
         rents,  il  y  eut  une  regrettable  confusion.  Des  coups  de  feu
         furent échangés qui firent deux morts et trois blessés. La cons-
         ternation  fut  grande  dans  toute  la  région  et  des  sanctions
         sévères  furent  prises  contre  les  responsables.
             Ce  déplorable  incident  n'eut  pas  de  suite,  et  c'est  dans
         un  esprit  de  confiance  et d'enthousiasme  provoqué  par  le  dé-
         barquement  que  s'effectue  pendant  les  mois  de  juin  et  juillet
                                    121
   143   144   145   146   147   148   149   150   151   152   153