Page 14 - Historique du 7ieme bataillon Chasseurs Alpins
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la place d'un prêtre est dans les unztés qui marcheront les premières,
et je vous demande de m'affecter à l'une d'elles. Si l'usage des
armes ne convient guère à ma qualité de prêtre, du moins je pour-
1ai assister ceux qui combattent à mes côtés. » Parti avec une com-
pagnie du bataillon actif, il disparut le 26 aoz2t, au cours d'un com-
bat sanglant dans le bois de Repy.
Combien d'autres exemples magnifiques de patriotisme pour-
rais-je czter !
Mais, à partir dtt 9 aozÎt, ·voici les chasseurs aux prises avec
l'ennemi. Marches et combats se succèdent pendant les jours sans
trêve et les nuits sans repos. A ces trai;au:r, l'âme du bataillon se
trempe comme un métal aux rudes épreuves de la forge. Endurance,
stozcisme, stricte discipline, bravoure, les chasseurs du 7• bataillon
en donnent des exemples multipliés.
« Ecrivez à ma mère, mon commandant, dit un petit chasseur
mortellement frappé le I 3 août au col des Ba genettes, et que Dieu
vous préserve de ce qui m'arrive! ,, - « f e vais mourir; je sens le
froid qui envahit mes membres, mais mon cœur reste chaud ))' me
dit au moment où il tomba l' hérozque lieutenant Morel, de la 6°
compagnie, blessé à mort le 30 août, à Nompatelize.
« f e sais que je suis perdu, mais soyez sans inquiétude, j'ai du
courage », me dit le lieutenant Fabre de Lamaurelle, dont un obus
vient de fracasser la hanche, le 25 septembre devant <Chaulnes. Et,
conduit à l'ambulance de Rosières en Santerre, il y meurt comme un
saint, après avoir fait donner à des blessés le cordial que le médecin
lui offre et dont il sait n'avoir plus besoin.
f e ·voudrais qu'un lime d'or enre gistrat tous les traits d' hérozs-
me dont la mémoire est conservée,· je voudrais citer tous les noms
qui se pressent sur mes lèvres comme leur souvenir est dans mon
cœur.
A aucun moment de la guerre, la France s'est-elle montrée plus
noble, plus forte, de toute la valeur, de toute la piété de ses enfants
unis pour sa défense? Comment imagin'er alors que la victoire pour-
rait être refusée à tant de grandeur morale et à un tel élan de tous
les cœurs?
A.ujourd' hui, après quat,e ans de trè·ve, des Français redoutent
que la France anoblie par sa victoire n'en recueille pas les fruits et
que le sang versé demeure stérile. Qu'au découragement des âmes