Page 13 - Historique du 7ieme bataillon Chasseurs Alpins
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retardé jusqu'au quatrième jour. Le 3 août, le bataillon étant rassem-
blé dans la cour du Quartier Chabran, pour l'inspection des unités
mobilisées, arrive le télégramme qui annonce l'entrée en guerre de
l'Angleterre aux côtés de la France. Il est lu aux troupes avec ce
simple commentaire que tous comprennent d'instinct : « Voici la fin
del' Empire d' A.llemagne ».
Le 4 aolÎt, sur le)Grand Boule11ard, au milieu d'une foule im-
mense qui l'acclame, le 7• B. C. A .. est passé en revue et défile une
dernière fois.
Dans la nuit, deux trains l'emportent. Le premier prendra à
Avignon le détachement de sapeurs du 7° génie du groupe alpin.
Un troisième train amènera de Nice la 2° batterie du 2° R. A. M.
Le peloton des Eclaireurs montés, venant de Grenoble, rejoindra le
bataillon à la gare de débarquement qui ne sera connue qu'au pas-
sa~ à la gare régulatrice.
Tout es les prévisions du plan de transport se réalisent avec une
précision mathématique. Et de la Méditerranée aux Vosges, pen-
dant les JI heures que dure le trajet, c'est comme une route fleurie,
au bord de laquelle la France se range et salue ses fils qui vont com-
battre pour elle. Femmes, jeunes filles, enfants, se pressent sur les
quais des gares, offrant aux chasseurs des fleurs et des fruits; de
vieux paysans, courbés sur les champs, se redressent pour leur adres-
ser au passage un mâle adieu.
Et pendant que défilent les paysages du Rhône et de la Fran-
che-Comté, je revois ces mères qui vinrent, avant le départ, m' ame-
ner leurs fils engagés dans nos rangs, les offrant à la Patrie avec ces
simples mots : « f e n'ai plus que lui, je vous le donne ». f e songe
à ces hommes, déliés par l'âge de toute obligation militaire, qui dès
le premier jour de la mobilisation s'enrôlèrent « pour donner l' exem-
ple».
Il y a là, dans une compagnz'e, parmi les jeunes chasseurs, un
homme que rien ne désigne à l'attention qu'un âge plus mûr, sa
face rasée et la tonsure que dissimule mal le béret. Le deuxième
jour qui précéda le départ, un prêtre 'était assis sur un banc devant
la porte de mon logement. Il se leva à mon approche, et me saluant :
« f e suis le curé de Beausoleil, près de Nice, me dit-il, et l'un de vos
chasseurs. J'appartiens à la dernière classe de la réserve et, de ce
fait, je devrais partir avec le bataillon de réserve. Mais j'estime que