Page 178 - Histoire de France essentielle
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Lectures.                 170 —             LA RÉVOLUTION.

                dispersées de l’ennemi, et de l’écraser en détail. 11 donna lui-même un
                exemple de sa méthode, à un moment décisif, à la bataille de Watli-
                gnies.
                 Un fait qui donne une idée de l’intégrité incomparable de ce grand
                citoyen, c’est que cet homme, qui avait dirigé quatorze armées et fait
                des centaines de généraux, entré aux affaires avec le grade de capitaine
                à l’ancienneté, se retirait avec le grade de commandant, à l’ancienneté.
                                                     (Lefrançais.)


                       84e Lecture. — Les soldats de la République.

                  Les soldats de la République montrent toutes les vertus. Ce ne sont
                pas des conquérants : s’ils écrasent les armées étrangères, ils respectent
                les peuples. Jamais ne furent portés plus haut l’amour du pays, le
                culte de la liberté, le courage, l'oubli de soi-même. Jamais le monde
                ne vit d’armées supportant avec autant de patience la misère et la
                rigueur des saisons, moins troublées par les revers, moins ébranlées
                par les épreuves. C’est qu’elles n'étaient pas l’instrument servile de
                l’ambition d’un homme, général, roi ou empereur, que le génie ou le
                bonheur parfois abandonne et qu’un jour la mort fauche.
                  La modestie, l’abnégation, le respect de la loi, la soumission de la
                force au droit, l’entente cordiale entre eux, le dévouement absolu au
                drapeau, voilà les vertus dont les généraux donnent l’exemple. Ces
                hommes héroïques qui font trembler les trônes, Hoche, Marceau,
                Jouberl, Ney, Gouvion Sainl-Cyr, la Tour d’Auvergne refusent leur
                avancement. Lefebvre est si pauvre qu’il ne peut payer les frais de
                collège de son fils. Dampierre partage ses appointements avec ses lieu­
                tenants. Iloclie envoie au Comité de salut public un état si modeste
                des chevaux à son usage, que le Comité croit devoir doubler l’indem­
                nité qu’il réclame. Et ce général fait ses campagnes n’avant pour toute
                vaisselle que douze assiettes et un plat d’étain.
                  Et ces héros obéissent à un chef suprême (Carnot), officier subal­
                terne, simple capitaine, mais capitaine infatigable, qui travaille dix-
                huit et vingt heures par jour, qui entretient avec eux une correspon­
                dance incessante, et qui, du fond de son bureau, sur un champ de
                bataille qui s’étend (du golfe de Gênes au Zuyderzée, de l’Océan au
                Rhin, prévoit tout, prévient les revers, répare les fautes, prépare les
                succès, et, d’un mot, lance ce million d'hommes, la nation armée,
                sur le chemin de la victoire.
                  Carnot était la tête et l’âme de ces armées incomparables.
                                                (D’après Ch. Rémonü.)
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