Page 182 - Histoire de France essentielle
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Lectures.                 174 —              LA RÉVOLUTION.
                « Vive la Républiquecria l’enfant, et vingt bras l’égorgèrent (fig. lit'])-
                Bara a été un héros, parce qu’il a préféré mourir que de dire ce
              qu’il ne pensait pas.
                        (G. Compayré, Éléments d’instruction morale et civique.)

                               86e Lecture, — Viola.

                Le 17 juillet 1793, les royalistes du  Midi, soulevés contre le gouver-
              nement républicain, s’étaient rendus maîtres de la rive gauche de la
                                             Durance et marchaient sur Avi­
                                             gnon. Les patriotes de Vaucluse
                                             essayèrent de leur barrer le
                                             passage ; mais, inférieurs en
                                             nombre, ils ne purent les em­
                                             pêcher de s'emparer des pon­
                                             tons. Couper les câbles était le
                                             seul moyen de rendre les pon­
                                             tons inutiles et d'empêcher,
                                             ou, du moins, de relarder le
                                             passage de la rivière. L'entre­
                                             prise semblait impossible, car
                Fig. 150. — Agricole Viala coupant le câble
                          à Avignon.         il fallait avancer sous un l'eu
                                             terrible et courir à une mort
              certaine. On demande un homme  : bonne volonté; un enfant de
              treize ans, Agricole Viala. commandant une petite garde nationale,
              dite « l'Espérance de la Pairie »,. se présente; on le repousse avec dé­
              dain. Alors Viala s’empare d’une hache, et, s’échappant des mains qui
              veulent le retenir, il s’élance seul vers les pontons. Avec son petit
              mousquet, il fait feu quatre fois sur l’ennemi ; puis, arrivé au poteau
              qui retient l'amarre, il jette son fusil et attaque le câble à coups de
              hache. Les balles pleuvaient autour de lui; une d’elles l’atteint mal­
              heureusement à la poitrine; il tombe en criant : « Je meurs pour la
              liberté » !
                Mais l’héroïsme de Viala souleva, dans toute la France, un indescrip­
              tible enthousiasme. Il fut célébré, en prose et en vers, sur les théâtres,
              dans les écoles, dans les sociétés populaires, et tout le monde connaît
              la strophe du Chant du Départ :
                       De Bara, de Viala, le sort nous fait envie;
                       Ils sont morts, mais ils ont vécu!...
                La Convention, après avoir entendu Robespierre raconter l’exploit
              du jeune héros, décréta, le 3o prairial, que l’urne du glorieux Viala
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