Page 106 - Histoire de France essentielle
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Lectures.              — 100 —          LES TEMPS MODERNES.

                 Parisiens soulevés, à travers les barricadeset au risquedesa vie, réclamer
                 à la cour deux conseillers arbitrairement arrêtés. « A mort, la grande
                 barbe! » cria un révolté, en dirigeant son pistolet vers lui. Molé le
                 regarda tranquillement. «Mon ami, lui dit-il, quand vous m’aurez
                 tué, il ne me faudra plus que six pieds de terre. » Un autre jour, la
                 régente, Anne d’Autriche, et son fils avaient quitté Paris. La popu­
                 lation, irritée de l’augmentation des impôts et de ce départ, assiégea la
                 maison de Molé. Quelqu’un lui proposa de faire appel à la force pour
                dissiper l’attroupement; il s’y opposa et donna l'ordre d’ouvrir toutes
                 les portes ; et comme on lui représentait qu'il s’exposait à la mort :
                 « Apprenez, répondit-il, qu’il y a loin du poignard d’un assassin à la
                poitrine d’un homme de bien. » Il parut, calme et grave, et la foule
                apaisée se retira.


                          47e Lecture. — Saint Vincent de Paul.

                  Les souffrances du peuple pendant la Fronde ravivèrent la compassion
                et l’humanité chez les âmes généreuses, et tout particulièrement chez
                                                    saint Vincent de Paul
                                                    (Jig. 94). Malheureux lui-
                                                    même, il s’attacha à sou­
                                                    lager toutes les infortu­
                                                    nes. Il visita, par toute la
                                                    France, les malades, les
                                                    prisonniers, les galériens.
                                                    Louis XIII le nomma au­
                                                    mônier général des ga­
                                                    lères. O11 raconte qu’un
                                                    jour, dans une visite au
                                                    bagne de Marseille, il prit
                                                    la place d’un forçat père
                                                   de famille, dont le dé­
                                                    sespoir l’avait vivement
                                                   ému. Il établit la con­
                                                   grégation des Pères de la
                                                    mission pour instruire
                                                   les paysans, et l’ordre des
                       Fig. 94. — Saint Vincent de Paul.
                                                    Sœurs de charité pour le
                service des malades pauvres. On lui doit également l’institution des En-
                fants-Trouvés : il sut intéresser les plus nobles dames au sort de ces
                abandonnés recueillis par ses soins. Il secourut la Lorraine affamée,
                soigna les pestiférés, fonda l’hôpital général des pauvres, la Salpêtrière.
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