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                      25e Leçon. — L’HOMME ET LA NATURE. — LA CIVILISATION

                                                                     Cette adaptation de la nature aux besoins humains
                                                                   porte le nom de culture ou de progrès matériel, mais on
                                                                   lui donne communément, quoique à tort, le nom de
                                                                   civilisation.
                                                                     La civilisation, en effet, n’est pas seulement matérielle,
                                                                   elle est aussi morale : elle se manifeste par l’observation
                                                                   du Décalogue ou de la loi naturelle gravée par Dieu au
                                                                   fond de toutes les consciences. La civilisation, a-t-on
                                                                   dit, c’est la lutte contre la sauvagerie des instincts. La
                                                                   culture n’est que le vernis de la civilisation. Une civili­
                                                                   sation qui ne serait que matérielle serait une civilisation
                                                                   barbare.

                                                                     3.  Primitifs ou sauvages. — La civilisation matérielle
                                                                   n’a progressé que très lentement.
                                                                     L’homme, comme l’animal, d’abord à peu près com­
                                                                   plètement assujetti aux conditions du milieu, vivait en
                                                                   familles isolées, utilisant les produits bruts de la nature,
                  Pasteurs nomades des Plateaux algériens vivant, sous des tentes   tels qu’il les trouvait sous la main : il se nourrissait de
                 portatives, du produit de leurs troupeaux.
                                                                   fruits ou d’herbages, de pêche ou de chasse ; se couvrait,
                                                                   lorsque le froid l’y obligeait, de la peau des bêtes qu’il
                  1.  Influence de la nature sur l’homme. — Comme la
                 plante et l’animal, l’homme est plus ou moins assujetti   avait tuées ; logeait dans des cavernes ou dans des huttes
                 au milieu dans lequel il vit, et c’est le climat et la végéta­  grossières ; avait pour armes ou pour outils des pierres
                 tion qui exercent sur lui le plus d’influence.    taillées ou polies qu’il remplaça plus tard par du fer.
                                                                     Cette existence misérable, où la recherche de la sub­
                  1° Bien que l’homme puisse, plus aisément que les végé­  sistance forme à peu près toute l’occupation de la vie,
                 taux et les animaux, s’adapter aux divers climats, certains   constitue l’état sauvage ou primitif.
                 cependant lui sont plus favorables que d’autres.
                                                                     Les instruments, en pierre taillée ou polie, découverts
                  a) Les climats chauds et humides sont déprimants pour   dans les grottes qui longent la Vézère, notamment,
                les forces, et malsains par les fièvres qu’ils engendrent.  montrent qu’aux âges préhistoriques, les habitants de
                   b) Les climats chauds et secs sont sains, mais le manque   notre pays n’avaient pas dépassé ce premier degré de
                 d’eau supprime toute vie.                         civilisation et qu’ils en étaient toujours à la vie primi­
                  c)  Les climats très froids se prêtent à l’action, mais ils   tive.
                 stérilisent les efforts.                            Cette vie sauvage est celle que mènent encore les
                                                                   Négrilles de la forêt équatoriale, où la nature, trop exubé­
                  d)  Seuls les climats tempérés, par leurs températures
                 moyennes et leurs pluies modérées en toute saison,   rante, domine l’homme ; celle des Nègres des déserts
                 permettent à l’homme de développer toute son intelli­  d'Australie et des Hyperboréens des déserts glacés des
                gence et toute son activité, pour tirer parti des ressources   régions arctiques, où de trop maigres ressources ne
                 dont la Providence a doté la nature. Aussi, les grandes   permettent pas à l’activité humaine de se développer.
                 civilisations ont toujours été cantonnées dans les régions   4.  Début de civilisation. — A la cueillette des fruits, à
                 tempérées.
                                                                   la pêche et à la chasse de la vie sauvage, succéda ou se
                  2° La vie économique varie avec les zones de végétation.
                                                                   mêla, peu à peu, la culture sommaire du sol. Par le feu,
                  a)  Dans les épaisses forêts équatoriales, les hommes vi­  les herbages étaient détruits, et la terre, grossièrement
                 vent, en nomades, de la chasse et de la cueillette des fruits.  retournée à l’aide de la houe, était ensemencée de tuber­
                   b) Dans les zones herbeuses des savanes et des steppes,   cules ou de céréales.
                 vivent des nomades pasteurs, ou des semi-nomades    Chez les peuples vivant de la cueillette des fruits ou
                 ajoutant aux produits de leurs troupeaux, quelques cul­  d’une culture sommaire, et parmi lesquels les animaux de
                 tures rudimentaires, sur des terres débarrassées des herbes   chasse sont rares ou inconnus, les besoins impérieux dé
                 par le feu, et abandonnées poqj1 d’autres après la récolte.  viande produisit le cannibalisme, que l’élevage pourrait
                  c)  Les zones désertiques sont parcourues par quelques   faire disparaître.
                 nomades, pasteurs, caravaniers et pillards, dominant les   Ce début de vie civilisée existe encore chez la plupart
                 agriculteurs sédentaires des oasis. (Voir l'image.)  des Nègres de l’Afrique intertropicale et de la Mélanésie.
                                                                   Us vivent groupés en familles, et en tribus peu nom­
                   d)  Les zones tempérées sont le séjour des sédentaires :
                 agriculteurs, éleveurs, industriels et commerçants.  breuses.
                  e) Dans les zones glaciales végètent quelques nomades,   5.  Demi-civilisation. — A ce début de civilisation
                 pasteurs, pêcheurs et chasseurs. 2                succéda lentement un état plus parfait où l’homme
                                                                   parvint à dominer davantage la nature.
                   2.  Action de l’homme sur la nature. — Tandis que
                 l’animal et la plante sont les esclaves du milieu où ils   Cet état de demi-civilisation comprenait deux genres
                 vivent, l’homme, par son intelligence, est capable de   de vie déterminées par le climat et la végétation : la vie
                 modifier plus ou moins ce milieu.                 agricole et sédentaire et la vie pastorale et nomade.
                   « Assujettissez-vous la terre », dit Dieu à l’homme en   1° La culture à la houe s’était perfectionnée ; le nomade,
                 le créant, et l’homme, depuis les origines, n’a cessé de   devenu sédentaire, ne cherchait plus un nouveau champ
                 travailler à cet assujettissement.                dès que l’ancien était moins fécond, mais il le fertilisait
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