Page 38 - Coeurs Vaillants Num 16
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..s. AS une étoile n’était visible
dans le ciel bouché par de t nuages aussi noirs que la nuit.
Sur la mer houleuse, la fir ;rave de l’avion « Bisou » soule-
vait de grandes moustac' d’écume. Un assez fort roulis
secouait le bâtiment. j
Sur Ja passerelle, l’enseigne de vaisseau Cassot entendit des
talons claquer dans la baignoire tribord. Il se précipita, la main
droite à la casquette. /
— Mes respects, immandant !
— Bonsoir, Cassot. Je suis monté fumer ma pipe en plein
ites-nu ~ à propos de plein air, il me semble que la
brise a fraîchi.
L’officier de qr art jeta un coup d’œil sur l’aileron de la
passerelle, où un timonier continuait sa veille malgré les
embruns.
— C’est exact, commandant. Le bateau est de plus en plus
secoué. Tai cru bien faire en faisant réduire la vitesse.
A c< >mbien tournons-nous ?
A 1 16, commandant.
capi ;aine de corvette Gouget consulta le tableau qui
iquî it la vitesse théorique, puis son regard fouilla la nuit
ir aijfercevoir la plage avant qui plongeait dans les lames. .
e crois qu’il va falloir encore baisser, dit-il à l’enseigne,
tous lettons le nez dans la « plume » sérieusement.
N effet, le vent commençait à
ircer. Le navire, avançant vent debout, heurtait presque
Perpendiculairement les lames. A chaque mouvement de
r tangage, le « Bison » embarquait sur la plage avant une
énorme quantité d’eau qui, après avoir bouillonné autour de
la tourelle de chasse, s’évacuait en mugissant de chaque bord.
Depuis le départ d’Australie, le temps s’était maintenu au
beau, mais peu à peu, depuis une dizaine d’heures, le baro
mètre s’était mis à baisser. Sur la passerelle du « Bison » on
s’était mis à regarder avec méfiance le ciel et la mer. L’océan
indien est, à l’époque de la mousson, parcouru par de fortes
vagues qui rendent la navigation très difficile. Que le vent
vienne à forcer tandis que s’amoncellent sur l’horizon des
nuages noirs ourlés de cuivre, alors les commandants, sou
cieux, murmurent le mot redoutable de cyclone.