Page 33 - Coeurs Vaillants Num 04
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                                                                  1. C'est le matin de bonne
                                                                 heure, dans les rues ensoleil­
                                                                 lées de Monte-Carlo. Un jeune
                                                                 garçon avance à vive allure.
                                                                 Parmi les passants et les tou­
                                                                 ristes qui marchent insouciants,
                                                                 aucun ne peut évidemment se
                                                                 douter que Jules Ansionnaz a un
                                                                 rendez-vous important... au Grand
                                                                 Palace de Monte-Carlo. Neuf
                                                                 heures ont déjà sonné depuis plus
                                                                de dix minutes quand il atteint le
                                                                splendide hôtel, où son tuteur,
                                                                 M. Anselme, est concierge. Jules,
                                                                Qui a perdu sa mère quelques jours auparavant, est obligé de tra­
                                                                vailler ; son tuteur, homme influent au Grand Palace, a obtenu qu'on
                                                                l'engage comme « liftier ».
                                                                  Et voilà notre héros dans ses nouvelles fonctions. L’ascenseur
                                                                en verre dans lequel, à longueur de journée, il fait monter et des­
                                                                cendre des messieurs graves et des dames bien habillées, des enfants
                                                                moqueurs et des adultes rieurs, est certes très beau, mais c'est
                                                                une cage... Il ne peut s'en évader que quelques minutes aux heures
                                                                creuses de la journée pour aller dire bonjour à Mireille, la petite
                                                                fleuriste du hall d’entrée, et pour marquer sur le dos d'une statue
                                                                les millimètres qu'il gagne en taille...

                                                                  2. Du Grand Palace et des merveilles qu'il cache, Jules ne connaît
                                                                que les paliers aux tapis épais... Comme il aimerait pénétrer dans
                                                                l’un de ces appartements de rêve, réservés aux clients fabuleux du
                                                                Palace et dont il ne voit que les numéros dorés sur des portes qui ne
                                                                s’ouvrent pas pour lui ! La curiosité de Jules va peut-être être satis­
                                                                faite... car, un jour, notre jeune ami découvre dans son ascenseur
                                                                une grande affiche annonçant un concours de « slogans publicitaires »
                                                                et ô merveille ! le prix réservé au gagnant est un week-end dans la
                                                                « suite princière » de l'hôtel, le plus bel appartement du Palace...
                                                                Or, le célèbre journaliste Max Carreau, qui emprunte souvent l'ascen­
                                                                seur, trouve le concours d'une facilité si dérisoire qu’il improvise
                                                                immédiatement une série de slogans dont Jules recueille quelques
                                                                bribes.


                                                                 3.,' Le soir, de retour dans sa petite chambre, Jules se met à l'ou­
                                                                vrage, et d'une plume habile rédige sa réponse. Les jours passent...
                                                                et voilà arrivé le moment angoissant où l’on délivre les résultats. Le
                                                                jury réuni pour dépouiller les réponses des concurrents n'en retient
                                                                qu'une, et c'est celle de Jules ! Joie du jeune liftier ! mais, hélas !
                                                                en apprenant le nom du gagnant, et sa qualité, la direction de l'hôtel
                                                                est catastrophée, ce vainqueur sans titre et sans renom ne sera pas
                                                                une bonne publicité pour le Grand Palace. Aussi cherche-t-elle à
                                                                convaincre Jules de renoncer à son prix. Menaces et propositions
                                                                d'argent ne peuvent le faire changer d'avis. Une somme, si impor­
                                                                tante soit-elle, ne l'intéresse pas ; ce qu'il veut, c'est passer deux
                                                                jours dans la « suite princière » efforcé reste au règlement.
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