Page 33 - Chartreuse de Vallon
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30 LA CHARTREUSE DE VALLON
de oe que l'usage des noms de famille ne remonte guère
au-delà des Croisades.
Quel était leur état-civil, ou plutôt social : hommes-
liges ou serfs ? Il serait bien difficile de nous prononcer.
P. Eugène incline pour la première hypothèse.
« Les priemiers hommes établis sur les terres de Vallon
devaient être « censits » (1), soit « hommes-liges » du
prieuré. Ils sont ainsi qualifiés dans nos documents. Mais
n'y eut-il pas aussi des serfs parmi eux ? En 1309, le 3•
jour des calendes d'octobre, survint un différend entre
Michel d'Arenthon et Dom Guillaume, prieur de Vallon,
au sujet d'un homme que le premier réclamait comme lui
appartenant. Il prétendait que le Prieur l'avait enlevé dans
la paroisse du Biot. Dom Guillaume niait le fait, soute-
nant qu'il avait reçu cet homme du Dauphin de Faucigny.
« La question fut portée devant des arbitres, lesquels
donnèrent raison au Prieur de Vallon (2). S'agit-il dans
ce cas d'un homme non libre, ou serf, que Dom Guillaume
a pu affranchir dans la suite, ou d'un homme-lige chan-
geant de seigneur ? Les deux hypothèses sont admissibles.
Il faut dire cependant que le servage était rare à la fin
du xm• siècle.
cc Les hommes de Vallon n'étaient point tellement atta-
chés à la juridiction des Chartreux. qu'ils ne pouvaient obte-
nir de passer sous la domination d'autres seigneurs. Ces
sortes de transaction se faisaient de commun accooo entre
les habitants et les religieux. Et les autres seigneurs en
agissaient de même en faveur de la Maison de Vallon. C'est
ainsi que, en 1337, Guillaume, abbé du monastère d' Aulps,
avec le consentement des religieux de son couvent, affran-
(1) {( Censit >> : l'homme qui doit une redevance annuelle, en naturff,
(2) Un autre cas semblable est rapporté en l'année 1313. Dom Ponce,
prieur des Bénédictins de Bellevaux, réclame à Dom Girard, prieur de
Vallon, 16 hommes dont celui-ci est en possession. Le litige également est
tranché par nu arbitrage. (Inventaire... E, 4.).