Page 29 - Chartreuse de Vallon
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26 LA CHARTREUSE DE VALLON
et la basse justice, c'est-à-dire toutes les questions liti-
gieuses, depuis le crime comportant la peine capitale, jus-
qu'à la moindre contestation civile ... »
Le monastère de Vallon était dans ce cas. Il forme
donc une seigneurie ; et les religieux sont véritables sei-
gneurs de la vallée, avec toutes les attributions propres
à ce titre, à l'exception de la peine capitale.
Les princes, aussi bien de Faucigny et de Genevois,
que de Savoie, reconnurent en maintes circonstances ces
droits des PP. Chartreux. Aymon Il, en 1221, écrivait au
sujet de Vesinaz : << Si quelque opposant présumait de
léser, ou de molester les moines (de Vallon), je considé-
rerai toujours ces agissements comme dirigés contre ma
propre personne ; et leur auteur encourra ma haine et
mon indignation. » Le comte Thomas, en 1222, con-
firme ces attributions ; de plus il fait don au monastère
de toutes les terres qu'il possède sur la paroisse de
Fessy. Philippe de Savoie insiste auprès du châtelain des
Allinges, pour qu'il fasse respecter les droits des char-
treux (1278). Amédée V (1310) prescrit aux juges de Cha-
blais et de Genevois, de prêter secours aux religieux dans
leurs revendications. Amédée VIII revient à la charge dans
le même but, etc., etc.
Les Papes agissent de même. Sans répéter ce que
nous avons dit de Lucius III et de Sixte IV, qu'il suf-
fise de rappeler les suivants. Innocent III, en 1200, prend
sous sa protection spéciale, les propriétés des Chartreux
à Fessy. A sa suite, Nicolas III (1280), renouvelle ·en fa-
veur de Vallon les immunités et privilèges accordés par
ses prédécesseurs, et exempte ces religieux de tous impôts,
royaux et autres, quels qu'ils soient. Etc., etc.
Les Evêques tiennent la même ligne de conduite.
L'évêque de Genève, Ardutius, et Aymon Il, archevêque
de Briançon, furent, nous l'avons déjà dit, des amis et
protecteurs de la première heure. Un autre évêque de
Genève, Aymon de Menthonnay, ordonne, en 1267, à tous
les recteurs de son diocèse, de contraindre à la restitu-
tion, même par les censures, tous les détenteurs injustes