Page 30 - Chartreuse de Vallon
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LA  CHARTREUSE  DE  VALLON            27

                 des  biens  des  Chartreux  de  Pomiers  et  de  Vallon.  Enfin,
                 il  conste  par  divers  documents  que  les  Evêques  de  Genève
                 et  de  Lausanne  remplissaient  Je  rôle  de  «  Juges  et  conser-
                 vateurs  des  privilèges  de  J'Ordre  des  PP.  Chartreux  »,  en
                 vertu  d'une  décision  du  Pape  Jean  XXII.
                    Les  religieux,  eux-mêmes,  se  reconnurent  sans  cesse
                 pour  véritables  seigneurs  de  Vallon,  et  se  comportèrent
                 comme  tels.  Dans  les  cas  de  litiges  avec  les  seigneurs  ou
                 monastères  voisins,  ils  n'hésitèrent  point  à  recourir  aux
                 autorités  supérieures,  voire  le  Souverain  Sénat  et  les  Ducs
                 de  Savoie,  comme  il  apparaît  en  de  nombreux  documents.
                    L'exemption  des  impôts,  dont  il  vient  d'être  question,
                 n'affectait  que  les  biens  d'origine  féodale.  Les  autres  biens
                 acquis  dans  la  suite  soit  par  donation,  soit  par  achat,  ne
                 jouirent  point de  ce  privilège.  Cette  immunité,  si  vivement
                 critiquée,  fut  largement  compensée  par  diverses  redevan-
                 ces  exigées  des  clercs  et  des  religieux,  plus  souvent  qu'on
                 ne  le  croit.  «  Nous  ne  craignons  pas  d'affirmer,  dit  ~Ii-
                 chaud, que  dans  J'espace  de  deux cents ans  le  clergé  donna
                 pour  les  guerres  saintes  plus  d'argent  qu'il  n'aurait  fallu
                 pour  acheter  la  plus  grande  partie  de  Jeurs  propriétés.  "
                 Les  princes  avaient  pour  cela  mille  moyens  indirects  jus-
                 que,  y  compris,  le  recours  au  Saint-Siège.
                     Tout  en  étant  seigneurs  de  Vallon,  nos  religieux  ne
                  manquèrent  pas  de  témoigner  leur  dépendance  à  l'égard
                 des  princes  de  Savoie.  Cela  apparaît  par  plusieurs  «  recon-
                 naissances  »,  dont  les  textes  nous  sont  parvenus.  En  1420,
                 c'est  Dom  Antoine  Gaudimier  qui  signe  un  de  ces  actes
                  à  J'adresse  d'Amédée  VIII  ;  en  1469,  Dom  Pierre  Cha-
                  planne,  envers  Amédée  IX  ;  en  1499,  Dom  Jean  Collomh,
                  envers  Philibert  II,  le  Beau  ;  en  1526,  Dom  François  Bur-
                  sat,  envers  Charles  III,  etc.,  etc.  De  la  sorte,  les  PP.  Char-
                  treux  ne  renonçaient  en  rien  à  Jeurs  droits  personnels,  et
                  en  même  temps,  témoignaient  leur  gratitude  envers  les
                  princes,  leurs  suzerains,  qui  ne  cessaient  de  leur  côté,  de
                  les  combler  de  bontés.
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