Page 170 - Histoire de France essentielle
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Lectures.                 162 —              LA RÉVOLUTION.

                émiettaient la terre, empêchaient les artilleurs de viser juste. Les
                Prussiens, plus découverts que les Français, tombaient en plus grand
                nombre autour des pièces. Leur feu se ralentissait. Kellermann s’élance
                pour s’emparer des canons ennemis; son cheval est tué par un obus;
                la colonne française hésite, recule en désordre.
                  Le duc de Brunswick ne veut pas donner aux Français le temps de
                se raffermir. 11 forme trois colonnes d’attaque qui s’avancent malgré
                le feu des batteries françaises. Kellermann, qui vient de rétablir sa
                ligne, descend de cheval, fait conduire l’animal derrière les rangs, in­
                diquant aux soldats par cet acte désespéré qu’il ne se réserve que la
                victoire ou la mort. L’armée le comprend. « Camarades, s’écrie Kel­
                lermann, voici le moment de la victoire. Laissons avancer l'ennemi
                sans tirer un seul coup, et chargeons à la baïonnette! » En disant ces
                mots, il élève et agite son chapeau, orné du panache tricolore, sur la
                pointe de son épée (fig. i3g). « Vive la nation! s'écrie-t-il d’une voix
                plus tonnante encore, allons vaincre pour elle! »
                  Ce cri du général, porté de bouche en bouche, forme une clameur
                immense; il rassure l’armée avec sa propre voix et fait réfléchir le duc
                de Brunswick. Les soldats français, imitant spontanément le geste
                sublime de leur général, élèvent leurs chapeaux et leurs casques au
                bout de leurs baïonnettes et de leurs sabres, et les agitent en l’air,
                comme pour saluer la victoire. Kellermann s’élance au pas de course
                au-devant des colonnes prussiennes qui hésitent, s'arrêtent, flottent un
                moment en désordre. Le duc de Brunswick juge à l'instant que son
                attaque s’amortira contre un pareil enthousiasme, il fait sonner la re­
                traite.
                  A quatre heures du soir, le roi de Prusse, indigné de l’hésitation et
                de l’impuissance de son armée, reforme trois colonnes d’attaque et les
                lance contre les Français. Mais écrasées par les pièces de canon en bat­
                terie près du moulin de Valmy, elles se replièrent, à la nuit tombante,
                laissant sur leur route une traînée de sang et 800 cadavres.
                                                {D'après Lamartine.)



                  Questionnaire. — t. Définissez l’Assemblée constituante et l’Assemblée
                législative. — 2. Quels étaient les partis à la Législative? Quel était le plus
                puissant? — 3. Contre qui étaient dirigés les deux décrets repoussés par le
                roi? — 4. Quel danger les émigrés faisaient-ils courir à la France? — 5. Que
                faisaient, à l’intérieur, les nobles et les prêtres réfractaires? — 6. Racontez
                les journées du 20 juin et du 10 août. — 7. Quelle fut la conséquence du
                10 août pour la royauté? — 8. Pourquoi la guerre fut-elle déclarée à l’Au­
                triche? — 9. Racontez la bataille de Valmy. — 10. Parlez des massacres de
                septembre.
                      11.
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