Page 8 - Coeurs Vaillants Num 35
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                                                                                                      n» tu f ie ns sn u je ns
                       Les deux terribles
                                   (Suite)
                        — Je crois que j’ai trouvé, dit Yves ré­
                      solu tout a coup. On va s’amuser à jouer
                      un bon tour à la mère Chelmi.
                        — Oh ! mais fais attention... si papa se
                      doute de quelque chose nous recommence;
                      rons à être punis.
                        — Que tu es capon ! D’abord, ces jours-
                      ci, papa n’est pas souvent à la maison, il a
                      des tournées d’inspection, il est très occupé
                      et, d’ailleurs, nous agirons tout doucement.
                        — Qu’est-ce que tu veux donc faire ?
                        — Un bon tour... je te le dis... je te le
                      répète... un bon tour.
                        Et Yves se met à rire de son idée, si   Le nègre Mokoko vient de dérober un   — Mon voleur reviendra, se dit Jimmy,   Le fermier, après avoir enlevé le cou
                      fort que Margot réveillée pousse un :  magnifique canard à Jimmy, le fermier du   Je vais donc lui préparer un petit tour   au canard de carton-pâte, l’adapte à
                                                         T exas.
                                                                                          â ma façon grâce à ce jouet de mon
                                                                                                                           l’extrémité d’un tuyau de caoutchouc.
                        — Oh ! là ! là ! retentissant.                                    Jeune fils.
                        Fanfan n’est pas très rassuré, mais son
                      frère l a pris par le cou et lui chuchote à
                      l’oreille.
                        — Ce n’est pas dangereux... une ficelle...
                      la mère Chelmi fera une pirouette.
                        -— Elle tombera... elle se fera du mal.
                        — Mais pas du tout, c’est son lait qui
                      tombera, parce qu’elle aura peur et se cram­
                      ponnera à la rampe, sans plus penser au dé­
                      jeuner de Lolo, tu verras ce sera tout à
                      fait drôle, je vais t’expliquer ça bien en dé­
                      tail.
                        11 paraît que l’explication a été satisfai­
                      sante, car les deux monstres sont partis si­
                      tôt après le déjeuner, avec de petits airs
                      affairés, mystérieux, qui ont un peu intri­
                      gué leur maman.                    puis il place la tête du canard bien en vue derrière une fe­  Le voleur, ainsi que l'escomptait le fermier, fait de nou­
                                                         nêtre, adapte l’autre extrémité du tuyau à une fontaine et, la   veau son apparition. Apercevant la tête du volatile, il s’élance
                        — Où allez-vous ?                nuit venue, se cache derrière une palissade.       pour s'en emparer.
                        —- Au jardin, maman, il fait si beau.
                        — Vous n’emmenez pas Margot ? Elle
                      serait contente, certainement, de prendre
                      l’air mieux qu’à la fenêtre de la salle à'
                      manger.
                        — Oui, mais nous voulons courir, elle
                      nous gênerait.
                        Mme Daumont, pensive, se met en em­
                      buscade derrière la persienne de sa cham­
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                                                          A ce moment, Jimmy appuie sur la fontaine. L'eau jaillit   Makoko reçoit une fameuse douche à laquelle il ne s'atten­
                                                         avec force... de cet étrange serpent à tête de canard et  dait guère.










                          Les deux terribles se promènent
                            bras dessus, bras dessous.
                      bre, mais les deux terribles, bras dessus,
                      bras dessous, se promènent si sagement que
                      tout soupçon s’envole.
                        — Ils sont devenus bien gentils depuis
                                                           Sans bien comprendre ce qui s'est passé, il se sauve tout
                      quelque temps.                      ruisselant sous les huées du fermier qui ne s’est jamais tant  amusé. Inutile de dire que Makoko ne revint jamais plus vo­
                                                                                                           ler les volailles de Jimmy !...
                        Et le complot s’élabore. Yves en précise
                      l’exécution.
                        — Demain, vers onze heures... C’est le                                                               — C’est vrai que la dame faisait une toi­
                      moment où elle va vers la laitière, je prépa­  L’après-midi s’écoule sans le moindre   — Tiens, pense Lolo, soudain alarmé,   lette effrénée.
                       rerai le .piège, toi tu feras le guet et tu me   nuage... pas plus au ciel qu’entre les mons­  qu’est-ce qu’il vont donc faire ?  — Les petites demoiselles étaient bien
                       préviendras si quelqu’un descend avant   tres... la sagesse, la paix sont à l’ordre du   Et il se blottit dans un recoin obscur   pimbêches.
                       qu’il soit pesé ; c’est entendu, n’est-ce   jour. C’est trop beau pour durer !  d’où il peut voir sans être vu. Yves est
                      pas ?                               Le lendemain, sur les onze heures, selon   muni d’un marteau. Il enfonce un clou dans   (A suivre.-) Th. Douvreleur.
                        Fanfan dit « oui » du bout des lè­  son habitude... une habitude déjà très vieille,   le mur, presque au bas de l’escalier... Ça
                      vres.                             Mme Chelmi va chercher son lait. Autre­  ne tient pas... qSi... Non... On recommence.   Mots croisés
                        — Allons,‘tu ne vas pas me lâcher, à   fois, Lolo l’accompagnait et en profitait   Enfin, ça y est.
                      présent ?... Si tu ne veux pas, je veux, moi,   pour voir ce qui se passait dans la rue ; de­  A présent, tendons la ficelle, attachons-   Solution du problème précédent
                      je serai puni tout seul s’il le faut, mais je   puis qu’il fait si chaud et que Mignon lui   la à ce barreau... elle se voit ? Beaucoup?
                      fera ce que j’ai décidé.          a été donné comme ami, il n’affronte plus   Pas trop... et pour qui vient du dehors, un
                                                        les escaliers ; il reste sur le palier du sous-   peu ébloui par le soleil elle est certainement
                        — Tu sais bien que je te suis toujours...                        invisible.
                      ce n’est peut-être pas ce que je fais de   sol et fait fête à la bonne concierge quand   Maintenant, vite au jardin... on enten­
                      mieux, d’ailleurs                 elle descend, tenant avec précaution à deux
                                                        mains le pot au lait peinturluré en vert, qui   dra tout sans se montrer.
                        L’air piteux de Fanfan décide Yvan qui   contient le précieux liquide cher aux mi-   Lolo fait deux ou trois pas, rampe vers
                      commençait à froncer 'les sourcils, à serrer   nets.               la ficelle, la flaire, ne lui trouve rien d’ex­
                      les lèvres et les poings, à prendre le visage                      traordinaire et retourne à son poste d’at­
                      de « terrible » qui a valu son surnom.  Maintenant que les petits Daumont se
                                                        sont assagis, Mme Chelmi et Lolo ne se mé­  tente.
                        Et, pour témoigner que tout est bien                               Mme Chelmi ne s’est pas débarrassée
                      conclu, il abandonne le bras de son frère   fient plus et la porte de la concierge reste   de son plus gros défaut... bavarde elle fut,
                                                        ouverte quand Mignon est en sûreté dans
                      et s’en va, courant comme un fou, jusqu’au   la chambre . Pourtant, ce matin, Lolo a un   bavarde elle reste ; une bonne commère l’a
                      fond du jardin en criant :
                                                        mouvement" de recul en voyant apparaître   appelée de la maison voisine pour lui ra­
                        — Tu ne m’attraperas pas.       dans l’escalier les doux monstres qui se con­  conter une histoire sensationnelle, et la lan­
                        — Comme ils sont gais !... chers petits!   tent tout bas une histoire qui doit être bien   gue de Mme Chelmi et celle de son amie
                      dit Mme Daumont qui entend les deux en­  amusante à en juger par leurs rires étouf­  s’en donnent de travailler.
                      fants pousser des clameurs de sauvages en   fés. Us manœuvrent une ficelle, une assez   — Des gens si bien, ma chère,- l’aurait-
                      se poursuivant.                   grosse ficelle...                 on cru ?
                       lmp. Commerciale (H. Poirier, lmp.), 5, rue Lamartine, Paris (9e).                                               Le gérant : NEGUIN,
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