Page 6 - Coeurs Vaillants Num 35
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                  1ES CŒURS VAIUANTS NOUS ÉCRIVENT...

                                         (Suite de la page 4.)                      | UN TERRIBLE COMPLOT
                          La portière ouverte, on grimpe à celui qui ira le plus vite.
                        « Ne vous presses: pas, on aura tous de la place. Tout le monde
                        est casé, il y a encore quelques places. » Et Maurice n’est pas   ===:•: =§=     ======                         =:<== A
                        là ! L’abbé siffle le départ, tant pis. Un grincement et voilà
                        l’autobus qui démarre, mais pas pour longtemps : Maurice, ce
                        retardataire, arrive enfin, il était temps, il est hors d’haleine,
                        il a couru voyant le danger, il monte: < Tu ne sais pas être à   andis que tout dormait encore dans   Et quelque chose de plus encore ?... Y.
                        l’heure. » « Vous partez en avance. » « C’est toi qui es en re­  T  la calme rue des Villas, Mme Dugui-   comprenez-vous goutte ?
                        tard. » « J’ai seulement 7 h. 10, oui 7 h. 10. » « Regarde, il   chet, — née Cunégonde, Emérance
                        est 7 h. 30. » « Oui, c’est ma montre qui retarde, » « Pas   Jolicteur, — sortit comme à l’accoutumée   — Voyons. « Ech P. » Cela peut être
                        étonnant, lance un plus âgé, elle fonctionne au carbure ! »                                   « Echalas perclus », ou « Echafaud pro­
                        Rire général. « Enfin tu es là, mais avoue que tu as de la   en compagnie de son petit chien Adolf.  chain » ou « Echarper proprement ».
                        chance. »                                                    Rien n’est attendu avec plus ■ d’impa­
                          Coup de sifflet, cette fois démarrage pour de bon. Et nous                                   — Je vous en prie, voisin, vous qui êtes
                        voici lancés sur la route. On dit la prière. On passe Valenciennes.   tience, par tous les petits Adolf de chiens   bien avec ces MM. de la police, il faut
                        « On sera bientôt arrivés? demande un gosse qui n’est jamais   de la Création, que cette promenade ma­  sans tarder prévenir les gendarmes, les gar­
                        allé plus loin qu’à trois kilomètres. » « Si, on va arriver tout   tinale, hygiénique et... libératrice !  des mobiles, le préfet, la Sûreté ! Nous
                        de suite, nous sommes à six kilomètre du départ, malin ! et y
                        en a quatre-vingt-un. » < C'est bien loin. » « Mince, s’il fallait   Or donc, tandis que cet amour d’Adolf   sommes certainement désignés en victimes
                        faire ce parcours à pied, ee qu’on userait ses souliers. Et ses   contait son dernier rêve au grand Berger   prochaines d’un cambriolage ou d’un mas­
                        jambes aussi ! »                                           Malinois du voisin Lehideux, Mme Dugui-   sacre en règle !
                          Le Quesnoy est passé. Ce ne sont que des cris d’admiration.   chet, ses volets ouverts, remarqua tout à
                        Des oh ! Des ah ! Des regards, là-bas. Eh ! un cochon. Que c’est   coup, juste au-dessous de sa sonnette bre­  Mme Duguichet avait tant et si bien
                                                          beau la campagne.                                           alerté le quartier que bientôt parurent en
                                                           Berlaumont. Un cy­      veté S. G. D. G., deux lettres énormes dont   costumes légers tous les paisibles habitants
                                                          cliste qui s’entraîne    la blancheur attestait l’usage d’une craie   de la rue des Villas. Chacun — oh ! ter­
                                                          en vue du prochain       tendre et généreuse :
                                                         Tour sans doute est                                          reur ! — se trouvait nanti d’une inscrip­
                                                          doublé, il essaye de                 « C. V. »              tion plus ou moins brève où revenaient
                                                          rester dans le sillage
                                                         de l’autobus, mais ses      C’était fulgurant comme les lettres fati­
                                                          efforts sont vains, il   diques du « Mané, Thecel, Pharés » qui
                                                         ne peut soutenir long­    annoncèrent à Nabuchodonosor l’arrivée
                                                         temps le train, il
                                                          perd du terrain, il      victorieuse de ses ennemis et en même
                                                          faudra qu’il mange       temps sa fin prochaine !
                        encore de la soupe L’écart s’accentue... Il faiblit, ce n’est
                        pourtant pas les encouragements qui lui manquent, ils fusent   — « C. V. ». Qu'est-ce que cela signi­
                        de toutes parts de l’autobus : < Hardi Lapébie ! Tu vas ga­  fie ?..., soliloquait l’ancienne Cunégonde
                        gner ! T’es le premier ! T’as cinq minutes d’avance ! » Lapébie   Jolicæur.
                        décidément n’est pas en forme, il a une défaillance et il n’est
                        bientôt plus qu’un petit point sur la route et que nous per­  On a beau avoir un moral que n’attei­
                        dons de vue au premier tournant.                           gnent ni les histoires de femmes coupées
                          Des montées raides, des descentes en rapport avec les montées,   en morceaux, ni les parasites de la T. S. F.,
                        nous touchons Avesnes. Arrêt d’une trentaine de minutes.   ni les situations les plus tragiques des
                        Pourquoi? Pour nous permettre la visite de la belle église
                        d’Avesnes que nous effectuons en groupe, et nous repartons après   Etats Européens, cela vous fait tout de
                        avoir assisté sur la place au défilé de la garnison.       même un petit quelque chose de trouver
                          L’étang de la Folie ! vrai site enchanteur. Dans ce joli coin   ainsi, au saut du lit, ces deux lettres mys­
                        de l’Avesnois, en pleine forêt de Trélon, illusion complète. On   térieuses tracées la nuit par une main,
                        se croirait transporté au bord de la mer. L’étang, d’une super­  peut-être criminelle.
                        ficie de quarante-quatre hectares, agité par le vent, forme de
                        véritables petites vagues, qui viennent mourir sur la plage de   — Voyons, voyons, poursuivit tout haut
                        sable fin, garnie comme au bord de la mer, de cabines de bains,   cette fois Cunégonde Duguichet, je ne suis   Ils n'ont rien trouvé de mieux
                        de tables et de haies qu’abritent de larges parasols, des bai­  qu’une humble retraitée des postes et té­  que d’inscrire...
                        gneurs font des plongeons, se jetant d’une sorte d’estrade instal­  légraphes, je n’ai même jamais gagné les
                        lée en plein étang, d’autres se baignent, nagent.
                          Nos jeunes voyageurs sont émerveillés et ils s’en donnent bien­  cinq millions de la Loterie nationale; cela   toujours les deux lettres fatidiques :
                        tôt à cœur joie : il en est qui se mettent à l’eau, qui nagent,   ne veut donc pas dire, C. V. « capitaliste   < C. V. » « C. V. »
                        d’autres font une promenade sur L’Etoile, un bijou de canot au­  vendue » ?...
                        tomobile, certains jouent au croquet, au ballon, au tennis, il                                 C’était à en perdre la tête !
                        s'organise des parties dans le bois avant et après le dîner que   < Je pratique ma religion, pas assez pour
                        l’on prend sur l'herbe à l’orée du bois.                   me faire remarquer et juste ce qu’il faut   Et chacun la perdait en effet peu à peu.
                          Et l’heure tourne, tourne rapidement, trop rapidement même,   pour m’assurer contre les dégâts de l’incen­
                        et c’est l’heure du retour qui sonne.                      die éternel; C. V. cela ne signifie donc pas,   La boulangère se souvenait avoir en­
                          Cinq heures. Tout le monde embarque et au revoir, nous par­  je pense, « Catholique vénale » ?... Et   tendu la nuit des pas feutrés, glissant sur
                        tons pour arriver à Bruay à 7 h. 30, fatigués peut-être un peu,                               le trottoir.
                        mais le cœur plein de joie de cette bonne journée.         comme je n’ai jamais d’ennuis avec mes
                                                                                                                       Le coiffeur, sur le coup de minuit, avait
                        (10) DE LA FLECHE (Sarthe).                                                                   vu, lui, des lueurs inquiétantes.
                        (Meute 1° La Flèche). Un camp de Louveteaux                                                    Celui-ci avait aperçu une auto tous feux
                                                                                                                      éteints et celle-là avait relevé dans son
                          An matin du 14 juillet, la meute première La Flèche part cam-
                        per à Aubigné. gentil pays sur les bords du Loir. A 6 h. 30, tout                             jardin des traces de pas suspectes.
                        le monde est à la gare. Un coup de sifflet et le rapide démarre.                               Et, comme neuf heures sonnaient, on
                        Un vrai rapide, pensez vingt-huit kilomètres en une heure !                                   s’apprêta à se rendre chez M. le maire...
                        D’abord la prière qu'ma vrai « Cœur Vaillant » ne doit pas
                        oublier. Les cheftaines ont vite fait d’organiser quelques jeux                                Mais à cet instant précis parut à l’autre
                        tranquilles qui finissent de réveiller tout le monde pendant que                              bout deja^n# rien et >ge borhcGtistave.
                        se passent les stations, il y en a même une qui se nomme « La
                        Chapeile-aux-Choux », mais, bien entendu, on n’a pas vu de                                     [| faf temps en temps pour se donner un
                        choux.                                                                                        était u?xercice.            .
                          « Aubigné, tout le monde descend. » On va à l’église: « Jésus,                              inscrit ™enl> Annie la trouvera maigrie au
                        protégez vos Petits Loups, leurs corps et surtout leurs âmes. »                              nnnr ar cai rien ne fait diminuer l’appétit
                        Vous savez, à Aubigné, on ne devait jamais avoir vu de louve­                                 vite le oe s ennuyer Margot, qui s ennuie,
                        teaux, tout le monde est aux portes. En route pour le camp. La                                placer lîfe,8uère.  >   . , . r .
                        popote ponr midi et c’est bon la popote du champ, meilleur qu'à
                        la maison. On fuit la sieste dans un endroit très élevé, au bas on                            durant ts,"ce qu on Pouria,t bien ta!re
                        voit le camp de munitions d’Aubigné (on dit qu’il y a plus do                                Uc VdCc  'amuser ? soupire Fanfan.
                        deux milliers d’obus, mais personne n'a eu le courage d’aller les                              Mais (Voir lo suite page 8.)
                        compter). Grands jeux avec les cheftaines, la soirée se passe,
                        la plupart vont à confesse pour la communion du lendemain.                                   l’air
                        Au retour, c’est le dîner, on a eu du mal, la pluie est venue,   Y comprenez-vous goutte ?...  si vite
                        il y avait de l’eau dans les nouilles à la sauce tomate.
                         Puis c'est le feu de camp, il y a beaucoup de monde. Nous                                   attend enez bien votre prochain numéro
                        faisons de notre mieux et les gens nous applaudissent bien fort.   voisins, il ne peut être question de lire   mauve sar c’est dans huit jours que nous
                        Le feu baisse doucement ; nous faisons la prière pour nos   « C. V. » Chipie vexatoire ?...    A|0I nencerons la publication d’un
                        mamans qui ne sont lias là. pour ceux qui nous reçoivent chez   Mme Duguichet en était là de ses ré­  Jeux eaa roman passionnant :
                        eux, pour nous tous, demandant à Jésus de rester toujours ses
                        amis. Et eu route se coucher sur la paille.                flexions en forme de rébus, quand la voix   fa^véiîk Aventures de Gringalet
                         Dimanche matin lever à six heures. On va à l’église pour la   formidable de M. Lehideux, — ancien
                        messe de M. l'aumônier. On a bien prié dans la communion sur­  huissier retiré des affaires, — fit sursauter   crire su
                        tout. M. l'abbé nous a dit que l'église était romane, elle est belle,   à la fois Adolf, le Berger Malinois et   les initi
                        mais moins belle que la nôtre, ca ne fait rien, Jésus est dans   Mme Duguichet elle-même !   le m
                        toutes. Le dimanche, on n’a pas été courageux, toute la journée
                        on a mangé chez les parents de notre abbé, on a été gâté, on a   — Qu'est-ce que c’est que cela !...  Or,
                       eu beaucoup de desserts et surtout de la bonne crème. Que de                                  cours d
                       parties dans les allées du jardin ! Puis la collation, un grand jeu   Cela ?... c’étaient aussi des lettres tra­  l’écho
                        pour finir la journée., et le camp. On dîne, pas beaucoup, on est   cées de la même craie blanche mysté­
                       triste. On va à la gare, un dernier adieu aux parents de    rieuse !                          et, com
                       M. l’abbé et... en route. C’est le calme dans le train, on fait                               « C. V.
                       la prière... on rêve... et c’est La Flèche, nos mamans qui sont     < Ech. P. » C. V. »       chaque
                       là. Le camp est fini, je croîs qu’il a été bon et que nos chef­                               Cœurs
                        taines sont contentes, puisqu’on a fait « de notre mieux ». Main­  Déjà Cunégonde, pâle et tremblante,
                       tenant, nous aurons pat.ro de vacances tous les jours. Nous som­
                       mes une cinquantaine, on s’amuse bien. On aura une grande   avait bondi aux côtés de l’huissier dont le
                       promenade en autocar. On vous racontera cela. Amitiés à tous   bouc à la Napoléon III avait des hérisse­
                       les « Cœurs Vaillants », aux « Petits Loups » de toute la   ments inquiétants.                  Avoue;
                       France et surtout à notre grand ami Jacques Cœur.                                             n’était p;
                                                                                    — Comment, mon bon Monsieur, vous
                                                                                   voilà aussi « C. V. », tout comme moi j
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