Page 6 - Coeurs Vaillants Num 35
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6 (278) <26-8 34) CŒURS VAILLANTS
1ES CŒURS VAIUANTS NOUS ÉCRIVENT...
(Suite de la page 4.) | UN TERRIBLE COMPLOT
La portière ouverte, on grimpe à celui qui ira le plus vite.
« Ne vous presses: pas, on aura tous de la place. Tout le monde
est casé, il y a encore quelques places. » Et Maurice n’est pas ===:•: =§= ====== =:<== A
là ! L’abbé siffle le départ, tant pis. Un grincement et voilà
l’autobus qui démarre, mais pas pour longtemps : Maurice, ce
retardataire, arrive enfin, il était temps, il est hors d’haleine,
il a couru voyant le danger, il monte: < Tu ne sais pas être à andis que tout dormait encore dans Et quelque chose de plus encore ?... Y.
l’heure. » « Vous partez en avance. » « C’est toi qui es en re T la calme rue des Villas, Mme Dugui- comprenez-vous goutte ?
tard. » « J’ai seulement 7 h. 10, oui 7 h. 10. » « Regarde, il chet, — née Cunégonde, Emérance
est 7 h. 30. » « Oui, c’est ma montre qui retarde, » « Pas Jolicteur, — sortit comme à l’accoutumée — Voyons. « Ech P. » Cela peut être
étonnant, lance un plus âgé, elle fonctionne au carbure ! » « Echalas perclus », ou « Echafaud pro
Rire général. « Enfin tu es là, mais avoue que tu as de la en compagnie de son petit chien Adolf. chain » ou « Echarper proprement ».
chance. » Rien n’est attendu avec plus ■ d’impa
Coup de sifflet, cette fois démarrage pour de bon. Et nous — Je vous en prie, voisin, vous qui êtes
voici lancés sur la route. On dit la prière. On passe Valenciennes. tience, par tous les petits Adolf de chiens bien avec ces MM. de la police, il faut
« On sera bientôt arrivés? demande un gosse qui n’est jamais de la Création, que cette promenade ma sans tarder prévenir les gendarmes, les gar
allé plus loin qu’à trois kilomètres. » « Si, on va arriver tout tinale, hygiénique et... libératrice ! des mobiles, le préfet, la Sûreté ! Nous
de suite, nous sommes à six kilomètre du départ, malin ! et y
en a quatre-vingt-un. » < C'est bien loin. » « Mince, s’il fallait Or donc, tandis que cet amour d’Adolf sommes certainement désignés en victimes
faire ce parcours à pied, ee qu’on userait ses souliers. Et ses contait son dernier rêve au grand Berger prochaines d’un cambriolage ou d’un mas
jambes aussi ! » Malinois du voisin Lehideux, Mme Dugui- sacre en règle !
Le Quesnoy est passé. Ce ne sont que des cris d’admiration. chet, ses volets ouverts, remarqua tout à
Des oh ! Des ah ! Des regards, là-bas. Eh ! un cochon. Que c’est coup, juste au-dessous de sa sonnette bre Mme Duguichet avait tant et si bien
beau la campagne. alerté le quartier que bientôt parurent en
Berlaumont. Un cy veté S. G. D. G., deux lettres énormes dont costumes légers tous les paisibles habitants
cliste qui s’entraîne la blancheur attestait l’usage d’une craie de la rue des Villas. Chacun — oh ! ter
en vue du prochain tendre et généreuse :
Tour sans doute est reur ! — se trouvait nanti d’une inscrip
doublé, il essaye de « C. V. » tion plus ou moins brève où revenaient
rester dans le sillage
de l’autobus, mais ses C’était fulgurant comme les lettres fati
efforts sont vains, il diques du « Mané, Thecel, Pharés » qui
ne peut soutenir long annoncèrent à Nabuchodonosor l’arrivée
temps le train, il
perd du terrain, il victorieuse de ses ennemis et en même
faudra qu’il mange temps sa fin prochaine !
encore de la soupe L’écart s’accentue... Il faiblit, ce n’est
pourtant pas les encouragements qui lui manquent, ils fusent — « C. V. ». Qu'est-ce que cela signi
de toutes parts de l’autobus : < Hardi Lapébie ! Tu vas ga fie ?..., soliloquait l’ancienne Cunégonde
gner ! T’es le premier ! T’as cinq minutes d’avance ! » Lapébie Jolicæur.
décidément n’est pas en forme, il a une défaillance et il n’est
bientôt plus qu’un petit point sur la route et que nous per On a beau avoir un moral que n’attei
dons de vue au premier tournant. gnent ni les histoires de femmes coupées
Des montées raides, des descentes en rapport avec les montées, en morceaux, ni les parasites de la T. S. F.,
nous touchons Avesnes. Arrêt d’une trentaine de minutes. ni les situations les plus tragiques des
Pourquoi? Pour nous permettre la visite de la belle église
d’Avesnes que nous effectuons en groupe, et nous repartons après Etats Européens, cela vous fait tout de
avoir assisté sur la place au défilé de la garnison. même un petit quelque chose de trouver
L’étang de la Folie ! vrai site enchanteur. Dans ce joli coin ainsi, au saut du lit, ces deux lettres mys
de l’Avesnois, en pleine forêt de Trélon, illusion complète. On térieuses tracées la nuit par une main,
se croirait transporté au bord de la mer. L’étang, d’une super peut-être criminelle.
ficie de quarante-quatre hectares, agité par le vent, forme de
véritables petites vagues, qui viennent mourir sur la plage de — Voyons, voyons, poursuivit tout haut
sable fin, garnie comme au bord de la mer, de cabines de bains, cette fois Cunégonde Duguichet, je ne suis Ils n'ont rien trouvé de mieux
de tables et de haies qu’abritent de larges parasols, des bai qu’une humble retraitée des postes et té que d’inscrire...
gneurs font des plongeons, se jetant d’une sorte d’estrade instal légraphes, je n’ai même jamais gagné les
lée en plein étang, d’autres se baignent, nagent.
Nos jeunes voyageurs sont émerveillés et ils s’en donnent bien cinq millions de la Loterie nationale; cela toujours les deux lettres fatidiques :
tôt à cœur joie : il en est qui se mettent à l’eau, qui nagent, ne veut donc pas dire, C. V. « capitaliste < C. V. » « C. V. »
d’autres font une promenade sur L’Etoile, un bijou de canot au vendue » ?...
tomobile, certains jouent au croquet, au ballon, au tennis, il C’était à en perdre la tête !
s'organise des parties dans le bois avant et après le dîner que < Je pratique ma religion, pas assez pour
l’on prend sur l'herbe à l’orée du bois. me faire remarquer et juste ce qu’il faut Et chacun la perdait en effet peu à peu.
Et l’heure tourne, tourne rapidement, trop rapidement même, pour m’assurer contre les dégâts de l’incen
et c’est l’heure du retour qui sonne. die éternel; C. V. cela ne signifie donc pas, La boulangère se souvenait avoir en
Cinq heures. Tout le monde embarque et au revoir, nous par je pense, « Catholique vénale » ?... Et tendu la nuit des pas feutrés, glissant sur
tons pour arriver à Bruay à 7 h. 30, fatigués peut-être un peu, le trottoir.
mais le cœur plein de joie de cette bonne journée. comme je n’ai jamais d’ennuis avec mes
Le coiffeur, sur le coup de minuit, avait
(10) DE LA FLECHE (Sarthe). vu, lui, des lueurs inquiétantes.
(Meute 1° La Flèche). Un camp de Louveteaux Celui-ci avait aperçu une auto tous feux
éteints et celle-là avait relevé dans son
An matin du 14 juillet, la meute première La Flèche part cam-
per à Aubigné. gentil pays sur les bords du Loir. A 6 h. 30, tout jardin des traces de pas suspectes.
le monde est à la gare. Un coup de sifflet et le rapide démarre. Et, comme neuf heures sonnaient, on
Un vrai rapide, pensez vingt-huit kilomètres en une heure ! s’apprêta à se rendre chez M. le maire...
D’abord la prière qu'ma vrai « Cœur Vaillant » ne doit pas
oublier. Les cheftaines ont vite fait d’organiser quelques jeux Mais à cet instant précis parut à l’autre
tranquilles qui finissent de réveiller tout le monde pendant que bout deja^n# rien et >ge borhcGtistave.
se passent les stations, il y en a même une qui se nomme « La
Chapeile-aux-Choux », mais, bien entendu, on n’a pas vu de [| faf temps en temps pour se donner un
choux. était u?xercice. .
« Aubigné, tout le monde descend. » On va à l’église: « Jésus, inscrit ™enl> Annie la trouvera maigrie au
protégez vos Petits Loups, leurs corps et surtout leurs âmes. » nnnr ar cai rien ne fait diminuer l’appétit
Vous savez, à Aubigné, on ne devait jamais avoir vu de louve vite le oe s ennuyer Margot, qui s ennuie,
teaux, tout le monde est aux portes. En route pour le camp. La placer lîfe,8uère. > . , . r .
popote ponr midi et c’est bon la popote du champ, meilleur qu'à
la maison. On fuit la sieste dans un endroit très élevé, au bas on durant ts,"ce qu on Pouria,t bien ta!re
voit le camp de munitions d’Aubigné (on dit qu’il y a plus do Uc VdCc 'amuser ? soupire Fanfan.
deux milliers d’obus, mais personne n'a eu le courage d’aller les Mais (Voir lo suite page 8.)
compter). Grands jeux avec les cheftaines, la soirée se passe,
la plupart vont à confesse pour la communion du lendemain. l’air
Au retour, c’est le dîner, on a eu du mal, la pluie est venue, Y comprenez-vous goutte ?... si vite
il y avait de l’eau dans les nouilles à la sauce tomate.
Puis c'est le feu de camp, il y a beaucoup de monde. Nous attend enez bien votre prochain numéro
faisons de notre mieux et les gens nous applaudissent bien fort. voisins, il ne peut être question de lire mauve sar c’est dans huit jours que nous
Le feu baisse doucement ; nous faisons la prière pour nos « C. V. » Chipie vexatoire ?... A|0I nencerons la publication d’un
mamans qui ne sont lias là. pour ceux qui nous reçoivent chez Mme Duguichet en était là de ses ré Jeux eaa roman passionnant :
eux, pour nous tous, demandant à Jésus de rester toujours ses
amis. Et eu route se coucher sur la paille. flexions en forme de rébus, quand la voix fa^véiîk Aventures de Gringalet
Dimanche matin lever à six heures. On va à l’église pour la formidable de M. Lehideux, — ancien
messe de M. l'aumônier. On a bien prié dans la communion sur huissier retiré des affaires, — fit sursauter crire su
tout. M. l'abbé nous a dit que l'église était romane, elle est belle, à la fois Adolf, le Berger Malinois et les initi
mais moins belle que la nôtre, ca ne fait rien, Jésus est dans Mme Duguichet elle-même ! le m
toutes. Le dimanche, on n’a pas été courageux, toute la journée
on a mangé chez les parents de notre abbé, on a été gâté, on a — Qu'est-ce que c’est que cela !... Or,
eu beaucoup de desserts et surtout de la bonne crème. Que de cours d
parties dans les allées du jardin ! Puis la collation, un grand jeu Cela ?... c’étaient aussi des lettres tra l’écho
pour finir la journée., et le camp. On dîne, pas beaucoup, on est cées de la même craie blanche mysté
triste. On va à la gare, un dernier adieu aux parents de rieuse ! et, com
M. l’abbé et... en route. C’est le calme dans le train, on fait « C. V.
la prière... on rêve... et c’est La Flèche, nos mamans qui sont < Ech. P. » C. V. » chaque
là. Le camp est fini, je croîs qu’il a été bon et que nos chef Cœurs
taines sont contentes, puisqu’on a fait « de notre mieux ». Main Déjà Cunégonde, pâle et tremblante,
tenant, nous aurons pat.ro de vacances tous les jours. Nous som
mes une cinquantaine, on s’amuse bien. On aura une grande avait bondi aux côtés de l’huissier dont le
promenade en autocar. On vous racontera cela. Amitiés à tous bouc à la Napoléon III avait des hérisse
les « Cœurs Vaillants », aux « Petits Loups » de toute la ments inquiétants. Avoue;
France et surtout à notre grand ami Jacques Cœur. n’était p;
— Comment, mon bon Monsieur, vous
voilà aussi « C. V. », tout comme moi j

