Page 5 - Coeurs Vaillants Num 35
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CŒURS VAILLANTS (277) 5
HAMP1ON l LES CŒURS VAILLANTS
NOUS ECRIVENT...
Les « Cœurs Vaillants » de vieille date savent tous en quoi
consiste la Grande Coupe qui se dispute entre les différents
groupes de Cœurs Vaillants. Pour les nouveaux abonnés rappe
lons què :
1° Tout groupe de Cœurs Vaillants (patronage, meute, colo
nie, etc.) est invité chaleureusement à nous envoyer un « re
portage », c'est-à-dire le récit de ce qui se fait, se dit, dans ce
groupe.
2° Les meilleurs de ces reportages sont publiés dans Cœurs-
Vaillants, en tout ou en partie.
3° Chaque reportage doit être signé par le directeur du groupe
et porter l’adresse de celui-ci. Le reporter y joint, sur feuille
séparée, son nom et son adresse.
4° Tous les Cœurs Vaillants seront appelés, dans quelques
mois, à voter pour désigner les meilleurs reporters.
(8) DE PARIS (Patronage de Charonne).
Une visite au Parc Zoologique
Nous avions rendez-vous, à la lisière du bois de Vineennes,
avec les Cœurs Vaillants du patronage d’Asnières. Dès qu’ils
nous virent, ils nous acclamèrent et nous leur rendîmes géné
reusement ce bon accueil.
Et c’est au milieu des cris : « Vive Charonne, vive Saint-Jo
seph » que les deux patronages réunis en un seul s’acheminè
rent allègrement vers la grande porte du parc zoologique.
Quelle bousculade à l’entrée ! Un petit monsieur, hors d’ha
leine, répétait sans cesse : « Demandez le guide ! Un franc !
Qui n’a pas son guide ? »
Monsieur l’abbé, qui en avait acheté un, se fit un plaisir de
nous donner des explications.
Nous visitâmes tour à tour la fauverie, la fosse des ours,
les singes.
Un peu plus loin, des phoques s’ébattaient. Sur une vaste
pelouse, des éléphants exécutaient des tours d’adresse. Et les
amusantes répliques de la part des tout-petits se faisaient en
tendre : « Martin, Martin, ne fais pas cette mine déconfite, on
va t’en lancer d’autres va, des cacahuètes. » Et l’ours Martin
ne semblait pas les écouter.
Devant les girafes, ces animaux à qui on a monté le cou,
un des séminaristes, qui aide notre abbé et. qui accuse pour
tant 1 m. 98 d’altitude, fut bien obligé d’avouer qu’il était quel
que peu dépassé.
Ce qu’on s’est amusé ce mardi-là. Et si vous demandez à
un benjamin de notre groupe s’il est content de cette journée,
vous pouvez être sûr qu’il vous répondra affirmativement.
(9) DE BRUAY-SUR-ESCAUT (Nord). (Pa
tronage Saint-Joseph).
14 juillet 1934. Sept heures moins
une. Le soleil boude, le ciel est gris.
La place de Bruay à cette heure ma
tinale est déserte, certaines maisons
ont encore leurs volets clos, les habi
tants profitant sans doute de cette
journée de fête pour faire un peu
grasse matinée.
Les sept coups s’égrènent à l’hor
loge de la maison communale, quand
paraît sur la place un petit bonhomme
d’une dizaine d’années; il porte en
bandoulière une musette qui doit être
bien garnie, il regarde à droite, à
gauche, comme s’il cherchait quel
qu’un, lève les yeux vers le cadran de
la mairie ; mais voici que son regard
est attiré par un nouvel arrivant du même âge à peu près et
dont l’équipement ressemble comme un frère à celui du pre
mier. On s’accoste. « Tu y vas ? — Oui. — On va être
au moins cent. — Tais-toi, ou que tu veux qu’on se mette à
tant que ça... Tiens ! V’ià René. — Celui qui arrive porte une
valise de voyage ; il s’informe : —■ Jean n’est pas encore là !
— Non. — T’as pris à manger ? Oui. — Qu'est-ce que tu as ?
— Des bananes, des petits pains au jambon, des biscuits, des
pêches, des cerises et puis à boire de l'eau avec du vin. une
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rnrtxrirà une pièce voûtée; ddW tarte aux abricots. — Ben, tu ne mourras pas de faim. —
coffres de bois d’ébène, des diamants Enfin ! V’ià Jean. Puis c'est Etienne, .Robert. Paul. André,
émeraudes scintillent de mille feux... Guy ; petit à petit de nouveaux arrivants se mêlent aux autres
Les deux hommes veulent obliger et ils sont bientôt là une bonne cinquantaine, porteurs de valises,
fant à faire mourir un pauvre bébé n<
après cela, il serait libre et riche. de sacs, de musettes, l’un a même une paire de jumelles. Il se
Mais Atchi est chrétien et bien qu’à forme des groupes, on cause. on discute. — Je te dis qif.v a des
mort sous les coups d’étrivières dont loups. — C’est pas vrai, l’écoute pas André, y en a pas par ici,
frappe, il refuse de commettre ce crime y a qu'en Amérique qu’y en a ! Plus loin. Y a des poissons comme
Âurelius meurt subitement au cours < des requins. -— C’est pas possible, c’est pas la mer, il n’y au
discussion avec ses complices. Pen rait pas assez d’eau. Dans un autre groupe autre discussion. —
qu’on emmène son corps, l’un des t Et puis il y a des sangliers, c’est méchant, tu sais des san
rcaux, le jeune Caïus, profondément fr\ gliers, et ça court vite, ça court comme... »
du courage d’Atchi, lui propose de le sai
ainsi qu’une vieille esclave nègre. 5 On ne saura pas ce à quoi peut être comparée la vitesse des
trois s'enfuient à travers la forêt. sangliers. V’ià M. le vicaire ! Remous général. Tout le monde
Ils rencontrent Augustin, le fameux se précipite vers le nouvel arrivant qui est entouré de quelques
que d'Hippone, qui les emmène chez ut jeunes gens. « — Bonjour. Monsieur le vicaire. — Bonjour les
ses amis. Atchi est bien soigné, en at amis. Bon, mettez vous tous en rang, que je fasse le compte
dant l'arrivée de son père, averti par des partants. » — On fait l’appel. Il en manque un : Maurice,
gustin.
éternel retardataire, il arrivera peut-être à temps, il y a encore
Lucilius a ouvert largement les •> un quart d’heure pour le départ.
M. l’abbé distribue une dizaine de Cœurs Vaillants, puis fait
dans un geste d’accueil et de tend ses recommandations, il faudra être bien sages, être bien obéis
Atchi se jette sur la poitrine pater sants, ne pas se pencher au dehors de l’autobus, etc... « Celui qui
— Oh ! père, pardônne-moi ! n’est pas sage dans l’autobus, je le dépose en route. » « Et ce
— C'est fait, mon fils, mon cher, Vous lirez à la page suivante la lui qui ne sera pas sage là-bas, Monsieur le vicaire, demande
Atchi laisse couler ses larmes tandi promenade du 14 Juillet de la un bambin aux yeux bleus. » « Eh bien ! celui-là, je le laisserai
à Trélon. »
Lucilius le tient embrassé sur son meute 1" La Flèche, dont vous A Trélon ! Tout ce monde part donc pour Trélon, petite ville
La première émotion un peu c: avez ici la souriante photo. de l’Avesnois, à 87 kilomètres de Bruay, quelle randonnée !
■tous s’asseyent sur le banc circulai On s’est rapproché du point de départ, car l’heure approche et
« coin du philosophe » et on évoque Maurice n’est toujours pas là, il arrivera peut-être avant que
sir les terribles heures passées dans l’on parte, espérons, mais qu'il se presse, car voici l’autobus en
verne du Trésor. vue. Allégresse, joie dans les cœurs, on va partir, on va monter
dans l’autobus, le voici. Hélas ! trois fois hélas ! il ne s’arrête
— Je me demande, dit Caïus, c< Les Cœurs Vaillants pas. Déconvenue, tristesse. « Ce n’est pas le nôtre », dit l’abbé.
sont devenus les autres membres < On respire ! Mais que fait donc Maurice ? Tant pis, on partira
secte... Libentius... ont toujours le sourire sans lui... Un nouvel autobus s’approche, est-ce celui-là qui va
— Libentius n’est plus, dit Lucili nous prendre, se disent les enfants? Non ! Si ! Non ! Il n’arrê
l’ai appris au moment de partir. E tera pas. Si, il ralentit. Enfin, c’est lui ! Ouf !
(Lire la suite page G.)

