Page 5 - Coeurs Vaillants Num 31
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(29-7-34) CŒURS VAILLANTS (&I5)
ASÜ LES DEUX TERRIBLES
par Th. QOUVRELEUR
RESUME
La famille Daumont vient habiter à Clermont
DERNIERE une maison très bien tenue par la concierge,
Mme Chelmi.
C’est une brave femme qui passe sa vie en com
pagnie de son chat « Lolo ».
Les deux enfants des Daumont, Yves, surnommé
Y van le Terrible, et François, qu’on appelle Fan-
fan la Tulipe, sont des garnements impolis et
désobéissants.
Avec leur chien Frido, ils jouent de vilains
tours à Mme Chelmi.
Aussi, M. Daumont a-t-il décidé que Frido s’en
ira chez tante Madeleine.
Yves supplie son papa de ne pas leur infliger
cette punition. Mais il tient bon.
Mme Chelmi a une idée: elle va demander à
Mme Esbelin, une autre locataire, d’inviter les
Deux Terribles. Sa petite fille, Annie, arrivera
bien à les transformer.
— Papa, autre chose, supplie Fantan, on aime trop Frido, on
sera trop malheureux sans lui.
— C’est bien ce qu’il faut ; une punition qui ne vous impose pas
de sacrifice n’est plus
une punition ; vous vous
souviendrez de celle-là
et, au moins, madame
C h el m i — ajoute
JOUER M. Daumont en s’adres
l AVEC sant à la bonne con
< ?»... cierge — au moins, votre
)----------- Lolo pourra désormais
manger et respirer en
paix.
Mme Chelmi e s t
confuse et, au fond, dé
solée.
— Monsieur, si vous
vouliez m’écouter, je
vous demanderais grâce
pour ces deux petits, ils Papa, autre chose, supplie Fanfan.
n e s’imaginaient pas
qu’ils me faisaient tant de peine et à mon chat aussi ; maintenant
qu’ils savent, je suis sûre qu’ils ne recommenceront pas... n’est-ce pas,
mes enfants ?
— Non, non, articulent péniblement les coupables en avalant
leurs larmes.
Mais le père reste inexorable.
— Je ne reviens jamais sur ce que j’ai dit : Frido partira
demain.
Pauvres chéris, c’est diable, mais c’est bon, dit Mme Chelmi
en recevant les excuses d’Yves et de François... des excuses bre-
douillées, inintelligibles et accompagnées de regards furibonds.
;— Cette mere Chelmi ! dire que c’est à cause d’elle qu’on nous
prive de Frido.
...S’ils étaient bien sincères, ils se diraient : c est à cause de nos
idées ridicules, mais les enfants sont comm : les hommes, ils ai-
ment à faire retomber sur les autres la res
ponsabilité de leurs fautes.
Au fond du cœur des deux gamins, une
rancune sourde, féroce, impitoyable, vient de
prendre racine.
Mme Chelmi redescend chez elle, con
tente.
— Mon Lolo, c’est fini, ce chien terrible
s’en ira, on retrouvera les beaux jours d’au
trefois.
Le surlendemain, en effet, Frido partait
pour la Haute-Auvergne. Inutile de dire que
bien des larmes furent versées quand on vit
arriver le domestique de tante Madeleine,
chargé d’emmener le caniche.
Mme Daumont profita de l’heure de la
classe pour consommer le sacrifice de la sé
paration et, quand les deux garçons revin
rent, les poches bourrées de sucreries, ache
tées pour leur favori, ils ne trouvèrent plus
leur ami chien au logis. Cris, pleurs, lamen
tations, toute la gamme du désespoir y passa.
Puis on se calma. Tout parut rentrer dans Le surlendemain, en
l’ordre. Mme Chelmi triompha et Lolo reprit effet, Frido partait
au jardin ses habitudes de bon chat pour la Haute-
flâneur. Au /ergne.
CHAPITRE IV
Rien ne va plus au premier étage ; on est au mois de juillet,
époque grave pour les écoliers... les « grands » passent des examens,
les . « moyens » travaillent dur les compositions de fin d’année, les
petits les imitent et tout le monde soupire après les vacances.
Yves et François Daumont se sont donné le mot pour avoir
de mauvaises notes, et de mauvaises places ; ils sont souvent punis,
leurs parents se montrent très mécontents d’eux et leur tirelire se
vide de plus en plus.
— 1 out_ ça, dit Yves d’un air sombre, c’est la faute de la
mere Chelmi ; depuis qu’elle nous a séparés de Frido tout va de
mal en pis chez nous... oh ï qu’est-ce que je pourrais trouver pour
me venger d’elle ?
— Tu ne vas pas inventer quelque folie qui nous fera gronder
Quelques-uns des quarante joyeux Cœurs Vaillants de l’CEuvre encore plus, dit François d’un ton plaintif.
vacances à nos amis du Pensionnat Saint-Pierre, Saint-Louis de Gonzague, à Saint - Eugène, faubourg d’Oran — Tant pis si on nous gronde, si on nous punit, si on nous prive
à Yssingeaux (Haute-Loire) (Algérie). de vacances, pourvu que j’ennuie à mon tour cette ennuyeuse
bonne femme et son horrible chat !
Décidément, Yvan le Terrible mérite bien son surnom en ce
moment ; il roule des yeux furieux, il rit méchamment; Mme Chelmi
mer, a la montagne, un Cœur Vaillant est lier aurait bien raison de l’appeler « petit monstre » mais elle n’y songe
pas.
Elle est persuadée, au contraire, que ses polissons de jeunes voi
ris (7e). PriXxi: 2 fr. 50 franco. J® porter SOIR EHSigiie sins se sont convertis et il faut une série de méfaits pour lui prou
ver que leur repentir n’était qü'éphémère.
(Lire la suite page 7.)

