Page 22 - Coeurs Vaillants Num 03
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REPORTER DE 13 ANS REVIENT DE BRAZZAVILLE

                                                  » Mais c’est vite oublié. J'ai vu des   — Un soir, dans un village de la
                                                choses merveilleuses, comme les très jolis   brousse, on a préparé le méchoui en
                                                oiseaux, sur les bords du fleuve Congo,   notre honneur. J’ai vu longtemps tourner
                                                un jour que nous nous promenions en   au-dessus des braises les moutons qu’on
                                                bateau. J’ai essayé de faire du ski nau­  arrosait de pili-pili, une sorte de sauce
                                                tique. Le fleuve a 4 km de large, on   rouge faite de piment.
                                                peut se le permettre... Et je me suis   » Après, il y a eu des chants, des
                                                baigné aussi, bien sûr. Il y a des caïmans,   danses... A la lueur des phares de la
                                                c’est ça l’ennui. Mais, enfin, tout s’est bien   voiture, Christian Richard, le caméraman,
                                                passé. »                             et moi, nous filmions... »
                                                                                       Et puis, comme toutes les aventures,
                                                                                     même les plus merveilleuses, celle-la aussi
                                                « AU MARCHE DE POINTE-NOIRE,
                                                J’AI FAILLI ME FAIRE ROSSER          a pris fin. Le 31 décembre, un autre
                                                A COUPS DE PARAPLUIE »               D. C. 8 s’est posé au Bourget. Les bras
                                                                                     chargés de fruits exotiques, la tête pleine
                                                 — On vous a réservé des réceptions   d’inoubliables souvenirs, Bernard a re­
                                                officielles, évidemment ?            gagné Vincennes.
           SUITE
                                                 — Nous avons été invités à l’arbre de  A l’occasion du nouvel an, il a pu faire
           vous expliquer. Nous avons fait tant de   Noël du président Fulbert Youlou. Nous   des cadeaux peu ordinaires : à ses meil­
           choses ! D’abord il fallait distribuer les   en avons profité pour distribuer une   leurs amis, par exemple, il a offert une
           bonbons un peu partout où nous passions,   partie de nos fameux bonbons. En ré­  défense d’éléphant...
           dans la ville et dans les villages de la   compense, le président nous a offert un   Demain, la classe recommence.
           brousse, à la mission catholique de Lin-   voyage d’une journée à Pointe-Noire...  Mais il y aura quelque chose de changé
           zolo, aux petits polios de Brazza, etc. Moi,   Le visage de Bernard prend soudain   dans la vie de Bernard. Onze jours de re­
           tous les deux jours, j’allais dans les stu­  une expression tragique :    portages ont suffi à cela. 11 a découvert ce
           dios de la radio pour enregistrer le « cha­  — Ah ! j’oubliais, parmi les mésaven­  qu’il y a de merveilleux dans la profession
           peau » d’un reportage. Les bandes par­  tures... Ça s’est passé justement au mar­  de journaliste. Pas seulement à cause des
           taient à Paris par avion ou, des fois,   ché de Pointe-Noire.             beaux voyages. Pas seulement parce que
           étaient transmises par radio...        » J’aperçois un groupe de femmes, qui   « ça fait bien ». Non. A cause de la foule
            — Il a dû vous arriver quelques mésa­  se tiennent presque immobiles en plein   d’autres hommes que ce métier donne
           ventures ?                           soleil. Elles tenaient toutes des espèces   l’occasion de rencontrer. Parce qu’il per­
            — A Linzolo, nous avons essuyé une   de parapluies noirs — ou des ombrelles,   met, surtout, de les comprendre, de les
           averse tropicale. D’après les gens du   je ne sais pas. J’ai voulu les filmer avec   aimer ; les faire se mieux connaître, les
           pays, c’était une petite averse de rien du   ma petite caméra... et j’ai failli me faire   rendre un peu tous frères...
           tout. Eh bien !... (soupir). Imaginez qu’on   rosser à coups de ces fameux parapluies !   Et, quand on a découvert cela — nous
           vous verse coup sur coup une série de   Elles avaient l’air très en colère. Je me   le savons tous, ici, par expérience, — il
           seaux d’eau sur la tête, que vous cher­  suis éclipsé. »                  est impossible de l’oublier !
           chiez désespérément l'air pour respirer,   — Vous avez été reçus par les habi­
           ça vous donnera une toute petite idée...  tants des villages ?                         Bertrand PEYREGNE.


                                                                                     l’eau provenant d’infiltrations souterraines.
                                                                                       Le 30 décembre, ils sont remontés à
                                                                                     la surface en pleine forme, simplement
                                                                                     étonnés par le froid qui balayait la cam­
                                                                                     pagne autour de Montrond-le-Château :
                                                                                     à — 70 m, la température restait cons­
                                                                                     tamment autour de 6" !
                                                                                       Les deux lycéens spéléologues de Mou­
                                                                                     chard ont maintenant repris la classe,
                                                                                     après avoir rédigé un rapport envoyé au
                                                                                     Centre de Recherches de la Nutrition dans
                                                                                     les climats spéciaux. Un rapport qu’ils ont
                                                                                     intitulé — on peut être spéléologue et
                                                                                     avoir le sens de l’humour — « Les petits
                                                                                     bourgeois des cavernes »...














           Ces deux lycéens-spéléologues


           ont passé 7 jours à — 70 mètres

           Il NE bise glaciale balayait le plateau ju-   A — 70 m, dans la grotte des Ca-
           -- rassien, par une température de — 12".   vottes, ils passèrent sept jours, vivant de
           C’était le 23 décembre, jour « J » pour   rations alimentaires dosées avec parci­
           deux lycéens de Mouchard, Alain Drapier,   monie. Le but de leur tentative était de
           vingt ans, et Jean-Jacques Vautey, quinze   prouver que des rations procurant 1 600
           ans. Lourdement chargés de matériel et   calories par jour étaient suffisantes pour
           de vivres, devant quelques journalistes,   une exploration souterraine d’une semaine.
           une équipe du spéléo-club de Salins-les-
           Bains et les amis, ils s'enfoncèrent dans   Voici quel fut le menu du réveillon de
           les ténèbres du gouffre de Montrond-   Noël : saucisson, margarine et biscuits
           ■ /'i.|p Doubs.                      arrosés d’un chocolat préparé avec de
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