Page 10 - Coeurs Vaillants Num 03

r
S ■ E jour-là, lorsque la chamelle s écarta discrètement du
w troupeau au pâturage pour aller lentement vers un
■ repli de terrain caillouteux, le berger comprit qu’un
. ' événement se préparait.
F C’est ainsi que dans la grande plaine brûlée par le soleil
d’Afrique « Chaouch » vit le jour. Le petit chamelon se dressa
sur ses grandes pattes toutes tremblantes et suivit docilement
sa mère vers le troupeau. Pendant quelque temps, Chaouch
ne s’alimenta que du lait maternel, puis il s’enhardit bientôt
à cueillir des plantes dures et épineuses. Au hasard des dépla­
cements continuels de ses maîtres, il apprit à se régaler des
plantes à dard, des acacias, des touffes de graminées et quel­
quefois de brins d’herbe tendre.

Le petit dromadaire grandit lentement et, quand il fut assez
fort, son maître pensa à le dresser. Il lui apprit patiemment à
se coucher, à le suivre au moyen du licol, à se laisser appro­
cher, monter, harnacher sans crier. Mais Chaouch poussait
des cris affreux lorsqu’on le chargeait. Un peu plus tard, on
lui fit subir une opération plus impressionnante que doulou­
reuse : le marquage au fer rouge. Chaouch sortit de
épreuve avec plus de peur que de mal, mais il restait
Pourquoi portait-il au garrot un chiffre si différent de
des autres bêtes du troupeau ? L’avenir allait se charger de
lui apprendre.
Un jour qu’il était baraqué, ruminant en paix, on vint le
harnacher. Puis le jeune fils du chef, Ag Ougadeu, monta
sur son dos. Des hommes vociférant, brandissant des triques,
l’obligèrent à se relever. Chaouch dut obéir, mais le mouve-